Ces structures d'insertion donnent un coup de pouce aux jeunes de 16 à 25 ans, que ce soit sur l'emploi, le logement ou la santé.
A Amiens, l'usine Whirlpool a tput juste fermé qu'"une petite centaine de jeunes" ont réussi à profiter de l'installation d'Amazon pour trouver un emploi. A la mission locale du Grand Amiénois, les conseillers se démènent pour une jeunesse en mal de boulot.
Créées au début des années 80, les missions locales accueillent des jeunes de 16 à 25 ans pour les aider à trouver un emploi, mais ce n'est pas leur seul rôle. Structures d'insertion, elles les aiguillent également sur le logement ou la santé pour leur donner un coup de pouce.
Dans des locaux loués d'une école d'ingénieur d'Amiens, une dizaine de jeunes écoutent un intervenant de la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) leur parler santé et prévention. Tous viennent d'intégrer un dispositif "garantie jeune", à destination des plus éloignés de l'emploi.
484 euros par mois
Cette mesure, lancée sous le quinquennat Hollande et pilotée de A à Z par les missions locales, va être renforcée dans le cadre du plan d'investissement dans les compétences (PIC) décidé par le gouvernement.
Chaque jeune touche 484 euros par mois, doit assister à des sessions - comme celle sur la santé mais aussi savoir gérer un budget - et fera durant un an plus d'une dizaine de stages pour essayer d'accrocher le wagon de l'emploi.
Parfois leur premier stage, c'est au Carrefour Market où ils ont l'habitude faire leur courses
Comme Mickael, 21 ans, qui vient de pointer pendant un an chez Pôle Emploi, sans que son CAP vente ne lui permette de trouver un travail. Alors, il trouve que "c'est bien pour faire des stages".
Responsable de ce programme, Sandrine, a vu défiler environ 350 jeunes par an. "Parfois leur premier stage, c'est au Carrefour Market où ils ont l'habitude faire leur courses", raconte-t-elle.
Elle fait l'aller-retour entre l'empathie envers des jeunes parfois "déjà fracassés par la vie" et la discipline nécessaire pour qu'ils puissent accéder à un travail, aidée par sa formation initiale de psychologue.
Le permis, principal obstacle
Autre décor, à 30 km de là, Poix-de-Picardie, la campagne. Une plaque "Assedic" est restée clouée sur la grille d'entrée de la maison en briques qui abrite l'antenne de la mission locale, mais aussi à l'étage, une école de la deuxième chance.
"La grosse difficulté de nos jeunes, c'est le permis", explique Valérie, car il n'est pas facile de débourser un millier d'euros. Une antenne mobile va d'ailleurs également à leur rencontre. Les jeunes ont parfois du "mal à bouger et à se projeter", y compris à quelques kilomètres, explique-t-elle.
Paradoxalement, au milieu des tours d'Amiens Nord, Laurence, conseillère également, dresse le même constat.
Avant, il y avait des emplois pour des faiblement qualifiés
Dans une société où l'injonction est de pouvoir "bouger" facilement et souvent, la jeunesse qui galère a du mal à se déplacer loin de ses quelques repères pour trouver du travail. Une sorte de "barrière mentale", dit-t-elle.
Au-delà, comme beaucoup de responsables de ces structures - financées par l'Etat et les collectivités -, le directeur Christophe Ramis regrette des subventions qui "ont tendance à baisser" au fil des années et des politiques publiques de "stop and go", déplorant par exemple l'arrêt des emplois d'avenir.
Nous avons une vraie mission de service public. Sinon qui s'occupe des jeunes
En 2017, via la mission locale du Grand Amiénois - environ 300.000 habitants et 30 points d'accueil - plus de 2.134 jeunes ont bénéficié d'un contrat, 11 % en CDI.
"Avant, il y avait des emplois pour des faiblement qualifiés", explique-t-il, maintenant c'est beaucoup moins le cas.
Le taux de chômage des jeunes reste enkysté au-delà des 20% en France, mais mais la mission locale semble parfois le dernier rempart. "Nous avons une vraie mission de service public. Sinon qui s'occupe des jeunes ?"