Il était testé depuis le 15 septembre dans la Somme, "Mon espace santé", dossier médical numérique est généralisé ce jeudi 3 février.
C’est un peu le carnet de santé numérique des adultes. Il vise à remplacer et améliorer le dossier médical personnel (DMP) lancé en 2004 et rebaptisé "dossier médical partagé" en 2016, qui n’a pas réussi à séduire.
Le nouveau service public numérique de la Sécurité sociale intègre le dossier médical informatisé, que les gouvernements successifs tentent de mettre en place depuis 15 ans. Le ministre de la Santé, Olivier Veran parle d’une "révolution du système de santé" au même titre que l’instauration de la carte vitale il y a près de 25 ans.
Ce nouveau site internet rassemblera toutes les données de chaque patient au même endroit "ordonnance, compte rendus de vaccination, résultats d’analyses..." seront accessibles sur le site internet, et prochainement l’application.
Tous les documents médicaux ont vocation à s'y retrouver, à l'initiative des soignants ou de l'assuré, qui pourra également renseigner ses vaccins, allergies et traitements en cours. Chaque patient disposera également d’une messagerie sécurisée, pour échanger des informations avec les professionnels de santé, et d’un agenda pour gérer les rendez-vous médicaux.
Ces services de base seront ensuite complétés par un "catalogue" d'applications référencées par les pouvoirs publics, par exemple pour le suivi de maladies chroniques, la téléconsultation ou la prévention.
Un espace sécurisé
Pour accéder à l’espace d’un patient, les soignants doivent s’identifier avec une carte magnétique nominative et doivent préalablement lui demander une autorisation orale ou écrite. En situation d’urgence, si l’assuré est confus ou inconscient, tout professionnel de santé est autorisé à accéder à son espace, sauf s’il s’est opposé à ce principe dans la rubrique "Accès en cas d'urgence".
D’ici l’été, chaque personne, enfant ou adulte disposera de son propre "espace santé". L’utilisateur pourra l’activer grâce à sa carte vitale ainsi qu’à un code reçu par courriel ou par courrier, valable six semaines.
Les personnes qui ne sont pas équipées d’un ordinateur pourront réclamer de l’aide à un guichet de proximité France Service. 4 000 médiateurs sont en cours de formation à Mon espace santé.
Un service non obligatoire
À noter que le service n’est pas obligatoire. L’utilisateur peut s’y opposer pendant un mois. Passé ce délai, il sera toujours possible de clôturer son "espace santé", mais les données resteront archivées dix ans par l'Assurance maladie.
La Somme ainsi que deux autres départements : la Haute-Garonne et la Loire Atlantique testent le dispositif depuis le 15 septembre. Dans ces départements, on comptabilise moins de 0,7% de refus, sur 3,3 millions d'assurés.
La Somme, département pilote
Henri Foulques est le président de l’Ordre des médecins généralistes de la Somme, il parle "d’un outil remarquable. Si le dossier est régulièrement mis à jour, cela changera la vie des médecins, mais surtout celle des patients". Mais il émet toutefois des réserves, "Le fait d’avoir été département pilote n’a pas changé grand chose, il reste un gros problème d’intercommunicabilité des différents systèmes informatiques. Si le médecin perd 10 minutes pour chaque document ajouté, cela risque de poser problème".
Pour lui, l’outil n’est pas encore abouti "on attend de voir la suite avec espoir, et un peu de scepticisme, on attend cet outil depuis 15 ans".
L'Assurance Maladie de la Somme quant à elle ne souhaite pas communiquer sur le bilan de l'expérimentation dans le département.
Selon l'association InterHop, qui promeut, développe et met à disposition des logiciels libres et open-sources pour la santé, sur 163 804 personnes sollicitées au 21 novembre 2021, seulement 4,83% avaient activé leur espace.