Le premier car converti à l'hydrogène au monde n'attend plus que son homologation pour pouvoir rouler. Une innovation permise par une start-up picarde et initiée par Transdev Normandie. Le Nomad Car Hydrogène, autonome jusqu'à 600 km, devrait être utilisé pour le transport scolaire entre Rouen et Evreux.
Un car à hydrogène d'une autonomie de 5 à 600 km va bientôt être homologué. Et l'on doit cette première mondiale à une start-up picarde. À Hangest-en-Santerre, dans la Somme, l'entreprise IBF H2 a mis au point ce véhicule à zéro émission.
Commandé par la région Normandie et initié par Transdev Normandie, le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale hydrogène et du Plan de relance. Il a réuni une douzaine d'acteurs institutionnels, industriels et universitaires pour mettre au point le prototype présenté lundi 3 octobre à Rivery, près d'Amiens. Ce car révolutionnaire, nommé Nomad Car Hydrogène, est destiné au transport scolaire entre Rouen et Evreux.
La start-up IBF H2 a consacré deux années à l'étude du projet et un an à la transformation du car. Le principe : "rétrofiter" un autocar thermique diesel en autocar électrique hydrogène. L'action de "rétrofiter" consiste à adapter des pièces d'un véhicule de plus de cinq ans (selon un arrêté de mars 2020) pour un besoin nouveau.
Cette technique a ainsi été réalisée sur un car Iveco appartenant à la flotte de Transdev Normandie.
Comment "rétrofiter" un autocar ?
"On enlève toute la partie du véhicule qui pollue, c'est-à-dire le moteur diesel qui émet des gaz à effets de serre, du CO2... Et on intègre un kit [produit en Asie, ndlr] qui évacue zéro émission", explique Alexis Rambaud, chef de projet. Le nouveau moteur, électrique, est ainsi alimenté par une pile à combustible qui transforme l'hydrogène en électricité.
La structure du car a été consolidée pour supporter les bonbonnes d'hydrogène, et le tableau de bord a été transformé et simplifié. La première chose que peut remarquer Vitor Magalhaes, mécanicien-chauffeur chez IBF H2 est le silence du véhicule lorsqu'il roule. "Il n'y a pas de bruit, il est souple et c'est vraiment très agréable à conduire", affirme-t-il.
Les concepteurs d'IBF H2 ont financé en fonds propres ce projet prometteur, à hauteur d'un million d'euros déjà. Ils détiennent désormais tous les brevets. "C'est l'avenir ! L'hydrogène va remplacer le pétrole", estime Fernand De Sousa, dirigeant de la startup IBF H2. "Ce véhicule roule à zéro émission. Il est propre à 100%. Il ne rejette que de la vapeur d'eau", se réjouit-il.
La production d'hydrogène en question
En France, la production d’hydrogène industriel représente "plus de 900 000 tonnes par an", selon les chiffres du ministère de la Transition écologique. Il est produit "à 94% à partir d’énergies fossiles en France (gaz, charbon, hydrocarbures)", précise le ministère qui ajoute que la production d’hydrogène est "responsable de l’émission de 11,5 Mt de CO2 en France, soit environ 3 % des émissions nationales".
Mais l'hydrogène peut être produit de manière décarbonée et économique grâce à la technologie de l'électrolyse de l'eau qui consiste à "séparer une molécule d’eau en hydrogène et en oxygène par un apport d’électricité, à condition que l’électricité ayant servi à le produire soit elle-même produite sans utiliser des énergies fossiles", observe le ministère. "Le but est de mettre [le car] en exploitation là où il y a de l'hydrogène vert", souligne le chef de projet Alexis Rambaud.
La start-up IBF H2 est désormais approchée par de nombreuses villes françaises, régions ou pays étrangers, pour développer sur leur territoire cette alternative aux énergies fossiles. "On est sollicités par pas mal de pays comme l'Arabie Saoudite, Israël, le Maroc, Dubaï…", énumère Fernand De Sousa qui "regrette" cependant que "la région Hauts-de-France ne [les] aide pas beaucoup".
La phase de tests est désormais terminée. Il ne reste plus qu'à obtenir l'homologation avant l'inauguration officielle de ce car à hydrogène.