Un premier foyer de grippe aviaire a été détecté à Feuillères, dans la Somme, fin juillet. L'élevage entier, 8 000 dindes, a été abattu par les autorités sanitaires. Depuis, l'inquiétude grandit dans le monde agricole.
Le bonheur est loin d'être dans le pré en ce moment. Fin juillet, un élevage de dindes a été touché par la grippe aviaire. Un séisme pour cet agriculteur qui a vu ses 8 000 animaux être abattus mais aussi pour toute la filière. "À partir du moment où il y a un cas, et qu'une dizaine d'élevages autour sont placés sont surveillance, il y a forcément une inquiétude", réagit Marie-Françoise Lepers, secrétaire générale de la fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) 80. "C'est une inquiétude parce que c'est le chiffre d'affaires des entreprises qui va être mis à mal. Ce qu'on veut, c'est limiter la casse et faire en sorte que les autres ne soient pas touchés", ajoute son collègue Laurent Degenne de la fédération régionale des Hauts-de-France.
Pour éviter tout risque de diffusion du virus, des zones de protection et de surveillance ont été mises en place dans un rayon de 3 et 10 kilomètres.
Confinement, interdiction de vente...
Dans ces périmètres, tous les lieux de détention de volailles et d'oiseaux captifs sont soumis à des prescriptions spécifiques. "Les entrées et les sorties dans les élevages sont très réglementées. Par exemple, les camions qui viennent livrer la nourriture sont désinfectés. Des bilans sanitaires sont réalisés régulièrement par les vétérinaires, des bilans biologiques sont aussi faits si besoin. Les animaux sont confinés et les éleveurs ont interdiction de tout commerce pendant 21 jours", détaille Marie-Françoise Lepers.
Autant de restrictions qui ont des conséquences. "Les poulets qui étaient prêts à être vendus vont continuer à grossir et ne seront plus dans le bon calibre. Rien n’est mis en place. Celui qui est déclaré positif est indemnisé, les autres non. Ça déstabilise la filière", pointe du doigt Marie-Françoise Lepers. Ce que confirme un éleveur que nous avons contacté : "Tous les animaux commandés n'ont pas pu être livrés." Le professionnel, qui préfère rester anonyme, a aussi des bâtiments vides : "Je ne peux pas faire rentrer de volailles." Un manque à gagner même s'il se veut plutôt "confiant" : "Il faut laisser le temps aux autorités. On espère que les mesures financières viendront dans un second temps."
Néanmoins, il ne cache pas son inquiétude concernant les particuliers : "Les restrictions valent pour nous, éleveurs, mais aussi pour ceux qui ont des poules chez eux. En tant que professionnels, on suit le protocole. J'espère que les particuliers font de même. Ça, c'est une source d'inquiétude." Sur le confinement des animaux, Laurent Degenne de la FRSEA des Hauts-de-France insiste : "L'opinion publique pense qu'il faut laisser les animaux dehors mais on voit qu'on arrive mieux à maîtriser ce type de crise dans des bâtiments fermés. C'est tout le paradoxe."
Quel futur ?
Plus que cette crise, la FDSEA s'interroge, elle, sur le long terme : "On voudrait un suivi. Ce sont des animaux sauvages, en particulier les mouettes et les goélands, qui nous amènent la grippe aviaire. Pour le foyer de Feuillères, c'est un cygne, porteur de l'infection, qui a été retrouvé mort à proximité de l'élevage. Comme ils sont protégés, il n'est pas question de les réguler. C'est bien de protéger les animaux sauvages mais quid de l'élevage ?" Marie-Françoise Lepers craint aussi de voir arriver sur le marché français de plus en plus de produits importés : "Les approvisionnements en poulets et en œufs vont venir d'où ? On fait rentrer des matières qui vont venir d’ailleurs et sans les mêmes normes."
La chasse au gibier d'eau ne pourra pas ouvrir ce samedi 6 août, comme prévu initialement, sur le secteur autour de Feuillères. Les autres territoires de la région ne sont pas concernés.