Mardi 15 juin, dans le cadre du 2nd tour des élections municipales 2020, France 3 Picardie vous proposait un débat entre les prétendants à la mairie d’Abbeville, diffusé à 18h. Voici ce qu'il faut en retenir.
Aux portes de la Baie de Somme, Abbeville compte 23.358 habitants et encore quatre têtes de listes désireuses de porter l'écharpe tricolore.
Lors du premier tour, Pascal Demarthe (UDI) est arrivé en tête avec 31,2% des voix. Ce résultat a pu lui donner confiance, notamment parce qu'il le place devant Aurélien Dovergne (Divers) successeur désigné par le maire sortant et soutenu par LREM, qui arrive donc deuxième avec 28,5% des suffrages. En troisième place, Angelo Tonolli (Union de la gauche) : 20%. Il est suivi de Patricia Chagnon (RN) : 14,3%.
Les quatre candidats sont donc venus sur le plateau de France 3 Picardie pour débattre avant le second tour. Et avec près de 60% d'abstention lors du premier tour, impossible de faire des pronostics à deux semaines du scrutin. Mais l’on sent qu’ils sont tous prêts à se jeter dans l’arène pour combattre sur le front des idées. Tout au long du débat, les critiques fusent et les prises de parole se chevauchent. Angelo Tonolli n’a pas peur de fustiger Aurélien Dovergne et Pascal Demarthe, respectivement adjoint au maire et ancien député, les accusant d’être "en partie responsables" des difficultés de l’hôpital public et des pénuries de matériels de protection.
Patricia Chagnon et Pascal Demarthe attaquent quant à eux Aurélien Dovergne sur le bilan de la précédente majorité, dont il fait partie, et ce dernier reproche à ses adversaires de ne pas "chiffrer les choses" en matière de budget. La tension est palpable et la cordialité se dissipe au fil des échanges.
Les enseignements de la crise sanitaire
La crise sanitaire a complètement rebattu les cartes de cette élection. Adjoint à la culture et adoubé par le maire sortant Nicolas Dumont, Aurélien Dovergne présente la gestion de la crise sanitaire par l’équipe municipale actuelle comme un bilan positif qui devrait convaincre les Abbevillois de voter pour lui. Mais il a tout de même choisi de revoir sa copie entre les deux tours.
Il abandonne notamment son projet phare -et controversé- de construire une Arena de 2 500 places. "Tout est à repenser aujourd’hui, tout est à réinventer", déclare-t-il. Et d’assurer : "Aujourd’hui la priorité c’est l’emploi, la relance économique et le pouvoir d’achat". Si côté RN Patricia Chagnon assure que "le covid-19 a profondément changé notre vue sur le modèle social", elle rétorque à son adversaire que "c’est un peu tard de se rendre compte aujourd’hui qu’il y a un problème d’emploi sur Abbeville". Et lui reproche, en tant que membre de la précédente équipe municipale, les sommes allouées aux lieux culturels comme Garopôle ou le conservatoire de musique, l’accusant de n’avoir en parallèle "rien fait pour l’emploi".
Pascal Demarthe, ex-socialiste désormais candidat UDI et ancien député de la circonscription, a décidé quant à lui de maintenir son programme, mais y ajoute une "cellule de veille sanitaire" pour notamment "constituer un stock de masques permanent" et "préparer la population a une campagne de vaccination massive". À noter que cette cellule existe déjà mais qu’il souhaiterait la faire fonctionner différemment.
À gauche, Angelo Tonolli, ancien assistant parlementaire de François Ruffin, a une stratégie toute différente : il assure que la crise sanitaire l’a conforté dans son programme initial. Il y parlait déjà de "relancer l’industrie de transformation du lin", et affirme aujourd’hui que les pénuries de matériels de protection ne sont qu’un argument de plus en faveur de ce projet. Idem pour l’alimentation en circuit-court.
Attirer les entreprises
Côté économique, le taux de chômage a baissé sur les cinq dernières années, mais il explose chez les jeunes. Patricia Chagnon regrette la "perte d’attractivité de la ville" et parle de fuite des habitants, des entreprises et des commerçants en centre-ville. Là aussi, elle blâme les précédentes majorités municipales. Elle entend promouvoir la commune et ses atouts auprès des entreprises, par le biais d’une "commission dédiée", et promet de rendre les appels d’offres plus accessibles aux petits artisans et aux entreprises locales.
Pour la relance économique, Angelo Tonolli reproche à ses adversaires de prendre des "mesurettes" et de faire du "rafistolage". Il promet lui des loyers modérés pour attirer les nouveaux commerces, la relance de la filière lin, un plan de soutien à l’artisanat et le développement du tourisme. Et entend "mettre le paquet sur la rénovation thermique des bâtiments publics", une mesure qui permettrait selon lui à la fois de créer des emplois et de faire des économies de fonctionnement à hauteur de 200 000 euros.
Aurélien Dovergne parle de baisser la taxe foncière des commerçants, de leur apporter une aide de 3 000 euros et d’encourager les Abbevillois à consommer grâce à des "chèques solidarité" pour les plus précaires.
Pascal Demarthe de son côté parle entre autres d’exonération de certaines charges pour les entreprises et d’accélération de l’attribution des permis de construire pour relancer les chantiers. Pour lui, le travail doit se faire avec la communauté d’agglomération et la chambre de commerce et d’industrie.
L’écologie
Angelo Tonolli assure qu’il est le seul à "avoir une position claire sur la question écologique". Il évoque le développement de la mobilité douce avec un nouveau réseau de transports en commun et la promotion du vélo par la création de pistes cyclables. Il estime également qu’Abbeville est en capacité aujourd’hui de produire de l’énergie propre, notamment de l’énergie solaire.
Pascal Demarthe évoque la revalorisation des circuits courts -également promu par le candidat de l’Union de la gauche, la création d’un parking végétalisé pour l’hôpital, l’étude d’un réseau de bus à hydrogène, et la
"promotion pour l’ouverture d’une antenne universitaire autour de l’environnement, la chasse et la pêche".
Patricia Chagnon décide quant à elle de ne pas s’attarder sur le sujet, estimant que "les Abbevillois connaissent parfaitement les positions des uns des autres sur l’environnement" et préfère fustiger la majorité actuelle sur la délivrance d’un permis de construire à une association musulmane.
Convaincre les électeurs de revenir aux urnes
Enfin, la question de la participation se pose. Avec un taux d’abstention de 58,6 %, les tendances qui se sont dessinées au premier tour pourraient être renversées le 28 juin.
Angelo Tonolli estime d’ailleurs que leur "réserve de voix est chez les abstentionnistes qui ne se sont pas déplacés au premier tour dans les quartiers populaires", promettant que les initiatives de ces quartiers seront encouragés par sa majorité.
Pascal Demarthe se décrit quant à lui comme "l’homme qui dérange", à la tête d’une équipe "issue à 80 % de la société civile", et assure qu’il cessera toute activité professionnelle s’il est élu pour se consacrer pleinement à son mandat. Aurélien Dovergne met lui en avant son "expérience de terrain", sa "campagne originale, différente" et son projet "chiffré et réaliste". Ce n’est pas tout à fait l’avis de Patricia Chagnon qui estime qu’il faut "dégager les incompétents qui gèrent Abbeville".
Revoir le débat
Chaque soir à 18h, du lundi au vendredi, retrouvez les débats d'entre-deux-tours sur l'antenne de France 3 Picardie, jusqu'au 26 juin.