Pour la propreté et contre les petits larcins, la commune d'Estréboeuf est la première à avoir saisi les aides proposées par le conseil départemental de la Somme pour installer la vidéoprotection sur tout son territoire. Les équipements viennent d'être inaugurés.
Elles fonctionnent depuis quelques semaines et ont été formellement inaugurées ce vendredi 7 janvier : 13 caméras de vidéoprotection, permettant en réalité 19 axes de prise de vue, surveillent désormais les lieux "stratégiques" d'Estréboeuf, village de 250 âmes au sud de Saint-Valery.
Une densité d'installations relativement impressionnante pour une commune si peu peuplée.
"Nous ne sommes pas nombreux, mais c'est un village très long, avec deux hameaux à distance et 7 km de voirie, explique le maire SE Jean-Marie Machat. L'été, le hameau de Drancourt passe de 20 à plus de 1000 habitants avec son camping."
Les caméras ont été installées aux entrées de la commune, aux abords de la salle polyvalente, de la mairie, de l'église - sans filmer le cimetière, c'est interdit par la CNIL - et "là où des rassemblements et des petits larcins risqueraient de se produire", détaille l'édile.
On se sait surveillé, donc on fait attention, c'est indéniable. Je pense que s'il y en a qui ont un mauvais coup à faire, ils iront le faire ailleurs.
Jean-Marie Machat, maire d'Estréboeuf
La commune ne souffre pas particulièrement des cambriolages, encore moins du banditisme.
"On a eu quelques trucs pas méchants, mais c'est surtout de la dissuasion contre les incivilités de tous les jours et une recherche permanente de propreté, justifie Jean-Marie Machat. Par exemple, depuis qu'une caméra est pointée sur les containeurs à verre et carton, les abords sont biens, alors qu'il était fréquent que des bouteilles soient abandonnées vulgairement autour."
Maire et gendarmes ont accès aux enregistrements
Ces caméras dernier cri, capables pour certaines de filmer à 360° sans déformation d'image, fournissent uniquement des enregistrements. Elles ne sont pas utilisées en temps réel et les images sont détruites au bout de trois semaines.
Dans cet intervalle de temps, les forces de l'ordre, ainsi que le maire et un adjoint, peuvent les consulter librement. Un ordinateur sécurisé a été spécialement installé en mairie.
Le dispositif est accompagné d'un logiciel, "le meilleur à ce jour" selon Jean-Marie Machat, "que les gendarmes savent très bien utiliser." L'intelligence artificielle peut scanner toutes les images pour n'en faire ressortir que celles que l'on recherche.
"Si vous cherchez par exemple une voiture noire, avec les lettres B et Z sur la plaque, il vous extraie les images correspondant, explique le maire. Et si vous rajoutez la marque du véhicule, c'est encore plus fort."
Pour le besoin d'une enquête, des images pourront être extraites et conservées uniquement sur l'ordre du procureur de la République.
L'opportunité d'une aide départementale
A l'origine, même si elle envisageait un déploiement progressif de caméras, la municipalité voulait surtout remplacer son éclairage public. 98 lampadaires à sodium énergivores, donc coûteux. Elle a bénéficié d'une aide départementale pour passer aux LED, bien plus économes et moins perturbantes pour les oiseaux.
Mais elle en a profité pour saisir l'opportunité d'une autre aide proposée depuis l'an dernier par le conseil départemental : le financement de 40% du prix hors taxes des travaux de vidéoprotection, qui s'ajoute aux 20% de la Fédération départementale d'énergie, dans la limite de 50 000 euros de subventions au total.
"Ami" du président du département Stéphane Haussoulier, le maire d'Estréboeuf confie "une certaine fierté d'avoir été la première commune à répondre à sa proposition". En même temps que l'éclairage, toutes les caméras dont l'édile rêvait ont ainsi été installées, par la même entreprise.
Coût pour la commune : 27 938 euros, sur un total de 87 947 euros de travaux de vidéoprotection. Une bonne affaire, "dans l'air du temps", selon la municipalité.