Annulées à cause de la crise du covid-19, les épreuves du bac 2020 devaient normalement commencer ce mercredi 17 juin, pour s’étaler jusqu'au 24 juin. Du soulagement à la frustration, en passant par l’indifférence, des lycéens témoignent.
La hantise du réveil qui ne sonne pas, l’angoisse des piles de calculatrice qui lâchent le jour-J, redouter de tomber sur LE sujet que l’on a le moins révisé… Vous savez, toutes ces appréhensions que chaque bachelier a ressenti la veille de son baccalauréat. Théo, Margaux, Ambre et Géry auraient dû eux aussi vivre cette période de stress et passer l’examen national à partir de ce mercredi. Mais c’était sans compter la crise sanitaire que connaît le monde depuis plusieurs mois.
Le gouvernement annonçait début avril que le baccalauréat pour les élèves de Terminale serait annulé cette année, “pour tenir compte des impératifs sanitaires, logistiques et pédagogiques”. Le mythique examen se retrouve ainsi remplacé en 2020 par l’évaluation des notes obtenues en contrôle continu durant l’année.
À la veille de ce qu’aurait dû être la semaine fatidique de leur scolarité, des lycéens du Nord oscillent entre frustration et soulagement.
Je n’étais même pas au courant que le bac devait commencer demain.
“Quand j’ai appris que j’allais pas passer le bac, ça ne m’a pas fait grand chose. Pour tout vous dire, je n’étais même pas au courant que le bac devait commencer demain”, avoue Ambre, élève en terminale ES à Beaucamps-Ligny (Nord).
Le bac est aux oubliettes depuis longtemps pour la jeune fille de 17 ans : “Depuis que je sais que les épreuves sont annulées, je ralentis le rythme, je fais les exercices demandés, j’assiste aux cours en visioconférence, mais je me dis que ça ne sert plus trop à grand chose vu que j’ai déjà validé mon bac avec 13 de moyenne en contrôle continu”.
Comment seront prises en compte les différences de notation entre professeurs ? Y aura-t-il encore des mentions à l’examen du baccalauréat ?
— Ministère de l'Éducation nationale et Jeunesse (@education_gouv) June 10, 2020
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Et puis, ne pas passer le bac, ça a ses avantages : “C’est un stress en moins ! J’ai bien travaillé au cours de l’année, j’ai gagné en autonomie avec les cours en visioconférence, et là, je suis bien contente de ne pas avoir 20 chapitres d’histoire-géo à réviser”, confesse Ambre, soulagée.
Cette photo elle me fume wsh elle résume tellement la situation ?? #Bac2020 pic.twitter.com/HRKShwMS9C
— ???? (@__MOUNYA__) May 20, 2020
Plus q’un soulagement, pour Margaux, élève à Armentières, l’annulation des épreuves représente un véritable cadeau du ciel : “Je ne sais pas comment j’aurais réussi à gérer mon stress. Mon avenir dépendait du bac, si je ne l’avais pas eu, mon admission en école d'ostéopathie aurait été annulée. Ça m’arrange bien de garder mes notes de l’année”.
On travaille depuis le collège pour cette épreuve.
Mais comment ne pas ressentir une petite frustration, en passant à côté du baccalauréat ? Géry, élève à Marcq-en-Barœul, soupire à cette idée : “Passer le bac, ça marque tout le monde, c’est la finalité de la scolarité, j’aurais aimé vivre cette expérience”. “Depuis qu’on est au collège, on nous prépare au bac. Tout ça pour rien”, confirme Théo, de Lille.
Un stress, une joie, des souvenirs, que n’éprouveront pas les élèves cette promotion 2019-2020. “Mes parents me disent ‘tu te rends compte... tu loupes une épreuve de la vie’, mais on s’en rend pas compte tant qu’on ne l’a pas vécu, donc je ne suis pas trop frustrée”, relativise Margaux.
“Même si on loupe un moment d’émotion, impatients à attendre de voir notre nom sur le tableau d’affichage des résultats, c’est un mal pour un bien, se dit-elle. La majorité des élèves auront le bac cette année.” Une idée qui a aussi traversé l’esprit de Géry : “Pour moi, nos résultats seront dévalorisés”.
Quand les recruteurs vont voir #Bac2020 sur notre CV pic.twitter.com/kYxQs2hqYd
— jeunerenoivagesau (@alvine_k974) May 20, 2020
L'épreuve de philo laisse place à la grasse matinée
Ce matin, le dilemme entre l’explication de texte ou la dissertation et les citations des grands penseurs laissent donc place à la grasse matinée, à la bronzette, au sport, et aux sorties entre amis. “Chaque jour, on se dira avec mes amis ‘ah, on devrait être en épreuve de philo, de maths ou d’éco, s’amuse Géry, mais ça ne va pas bouleverser ma semaine. Je compte bien profiter de mon temps libre, jusqu’aux résultats définitifs le 7 juillet”.