La 101e édition du Tour des Flandres, l'un des monuments du cyclisme, promet ce dimanche un match entre le champion du monde, le Slovaque Peter Sagan, et le champion olympique, le Belge Greg Van Avermaet, arbitré par l'équipe belge de Philippe Gilbert et Tom Boonen.
D'Anvers, le port émblématique qui succède à la très touristique Bruges pour accueillir le départ, à Audenarde, au coeur des Ardennes flamandes, le parcours (260 km) ménage une succession de difficultés, entre passages pavés et répétitions de montées, qui font la grandeur de la course et un motif de fierté pour tout un peuple. Surtout quand un Flandrien, archétype du coureur opiniâtre et dur au mal, s'impose au bout de six, voire sept heures d'effort.
Vainqueur l'an passé pour la première fois, Peter Sagan (27 ans) est toutefois en passe d'être adoubé par le public flamand. Sous réserve que le champion du monde concrétise sa supériorité physique. Tant à Milan-Sanremo (victoire de Kwiatkowski) qu'au Het Nieuwsblad ou à Gand-Wevelgem, où il s'est incliné face à Greg Van Avermaet, le Slovaque de l'équipe Bora a pesé sur la course mais il a trouvé à chaque fois son maître. Sagan, au caractère de "showman", attire inévitablement la lumière. Mais, au départ d'Anvers, les regards se portent tout autant sur Van Avermaet, lancé sur une trajectoire irrésistible depuis l'été dernier. "Je suis dans la forme de ma vie", annonce le Belge de BMC qui, à 31 ans (et dix participations), n'a jamais conquis la classique-phare de son pays, son objectif prioritaire. "J'ai gagné l'E3 et Gand-Wevelgem. Le Tour des Flandres me convient encore mieux que ces deux courses. Cette saison, tout réussit parfaitement. Autrefois, il y avait toujours quelque chose qui me privait de la victoire".
Le retour du "Muur"
"Sagan et Van Avermaet sont les deux grands favoris. Je place même Greg légèrement devant, il est impressionnant", estime l'Allemand John Degenkolb, l'un des trouble-fête possibles (avec Kristoff, Benoot, Naesen, Stuyven, Rowe, Démare) sur les légendaires monts flandriens, aux pentes courtes mais sévères. A l'exemple de la 8e des 18 ascensions, le mur de Grammont, l'un des hauts lieux de la course délaissé depuis 2012 et réintégré sur le parcours. Distant de 95 kilomètres de l'arrivée, le "Muur", son nom flamand, jouera cependant un rôle mineur par rapport à l'enchaînement Vieux Quaremont/Paterberg qui sont escaladés à plusieurs reprises et favorisent la sélection des hommes forts, avant les 13 derniers kilomètres ramenant à Audenarde.
"Nous avons décidé que le parcours restera identique sur les 75 derniers kilomètres, ce qui doit devenir une tradition", annonce d'ailleurs le directeur de course Wim Van Herreweghe. A chacun de trouver la clé cherchée en vain lors des quatre dernières éditions par la puissante armada Quick Step, qui aligne cette fois encore plusieurs prétendants. A 36 ans, Tom Boonen (l'un des codétenteurs du record des trois victoires) dispute l'une de ses trois dernières courses avant de raccrocher le vélo. "Je me sens bien. Je pense que je suis assez fort pour suivre Van Avermaet et Sagan. Sur le Vieux Quaremont et le Paterberg, ce sont les jambes qui parlent", s'avance le Campinois, bien qu'il reconnaisse s'accommoder mieux de Paris-Roubaix que du tracé moderne du "Ronde", à l'avantage des coureurs plus explosifs.
Son équipe dispose d'autres atouts (Terpstra, Stybar, Lampaert) et mise sur sa probable supériorité numérique dans le final. Avec, pour autre fer de lance, le champion de Belgique Philippe Gilbert, rassuré si besoin par sa fraîche victoire aux Trois Jours de la Panne. "Gagner les cinq monuments (Milan-Sanremo, Tour des Flandres, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Lombardie) reste mon rêve", avoue Gilbert, qui n'a plus couru le "Ronde" depuis 2012 mais compte 8 participations à son actif. "Dimanche, j'ai une belle possibilité".