Un mois après les attentats de Bruxelles, la Belgique rendait hommage vendredi à ses 32 morts et à ses centaines de blessés tout en voulant tirer les leçons de ces attaques sans précédent dont plusieurs auteurs sont désormais sous les verrous.
La station de métro Maelbeek, où l'un des kamikazes s'est fait exploser le 22 mars, rouvrira lundi. C'est par une visite à cet endroit, dans le quartier européen de la capitale, qu'ont débuté vendredi les travaux des membres de la commission d'enquête parlementaire mise sur pied en pleine polémique sur les défaillances des services de renseignement belges après les attentats.
Ils y ont déposé une gerbe de fleurs, avant de s'entretenir avec des employés du métro et des membres des services de secours. "La confrontation directe avec les lieux a fortement marqué les membres de la commission. La puissance de l'explosion dans cet espace confiné a dû être gigantesque et les séquelles sont malheureusement considérables", a déclaré à sa sortie le président de la commission, Patrick Dewael.
Le roi Philippe et la reine Mathilde accueilleront dans un mois, le 22 mai, une cérémonie du souvenir associant notamment des familles de victimes et les services de secours.
Comprendre
La commission d'enquête, qui doit achever ses travaux d'ici à la fin de l'année, a pour objectif de "permettre qu'éclate la vérité, pour qu'on comprenne ce qui s'est passé le 22 mars, la manière dont la Belgique s'est préparée depuis les attentats de Paris pour essayer d'éviter le drame, ainsi que les ressorts de la radicalisation pour mieux la combattre", a résumé une autre de ses membres, Laurette Onkelinx.Ce travail devra "mettre en évidence éventuellement des responsabilités, mais surtout faire des recommandations et améliorer notre architecture de sécurité", a-t-elle ajouté, des failles étant apparues dans le partage des informations entre le très grand nombre d'acteurs impliqués dans la lutte contre le radicalisme et le terrorisme en Belgique.
Les parlementaires se sont ensuite rendus à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, dévasté par un double attentat-suicide une heure avant la station de métro. Sa desserte en train a repris vendredi, mais l'enregistrement des passagers au départ se fait toujours dans un hall provisoire. Le métro, qui reste pour le moment fermé entre 22H00 et 06H00 du matin, ne tourne toujours pas non plus à plein régime. Et des milliers de policiers et de soldats armés continuent de protéger les sites sensibles en Belgique.
Un statut de victimes de guerre
Au total, les attentats de Bruxelles ont fait 32 morts et plus de 300 blessés. Le gouvernement a annoncé vendredi qu'il créait pour les victimes et leurs proches un statut comparable à celui des victimes de guerre, prévoyant une aide financière pour le dommage moral subi et des mesures sociales (garantie de retraite, remboursement à vie des frais médicaux).Et le Premier ministre Charles Michel a rendu publique une série d'allégements de charges pour répondre à la grogne des professionnels du tourisme et de la restauration, dont l'activité reste en berne.
L'enquête a démontré que les attentats de Bruxelles et de Paris (130 morts le 13 novembre), revendiqués par l'organisation Etat islamique (EI), avaient été commis par la même cellule, qui a pu s'appuyer sur de multiples cachettes et soutiens en Belgique. Salah Abdeslam, suspect-clé des attentats de Paris et lié aux auteurs de ceux Bruxelles, avait été arrêté à Molenbeek le 18 mars. Il devrait rapidement être remis à la justice française.
Mohamed Abrini, qui avait participé aux repérages avant le 13 novembre avec Salah Abdeslam, a été arrêté et inculpé en Belgique. Il a reconnu être l'"homme au chapeau", le troisième jihadiste de l'aéroport, qui ne s'est pas fait exploser. Inculpé comme lui pour les deux séries d'attentats,
Osama Krayem, un Suédois, ancien combattant en Syrie comme Mohamed Abrini, est également incarcéré.
Najim Laachraoui, l'un des deux jihadistes qui se sont fait exploser à l'aéroport, a par ailleurs été identifié par plusieurs ex-otages français retenus en Syrie en 2013 et 2014, comme ayant été l'un de leurs geôliers.
Les autorités belges ont averti cette semaine que le risque de nouveaux attentats par des jihadistes européens revenus de Syrie restait élevé.