C’est dans la nuit de lundi à mardi dernier que le chalutier Notre-Dame-de Boulogne a capturé l’animal de 2 mètres de long dans des eaux situées entre la Baie d’Authie et la côte d’Opale.
Débarqué au petit matin, le thon rouge mesurait plus de 2 mètres pour un poids record de 317 kilos, une première sur le port de Boulogne.
L’animal a de suite été acheté à la criée par un poissonnier Dunkerquois qui l’a débité et vendu à sa clientèle.
Ce n’est pas le premier thon rouge à tomber dans les filets des pécheurs de la mer du Nord, au même moment, dans la Manche, un autre chalutier a lui aussi capturé un thon rouge de 250 kilos
Le thon rouge, une espèce qui remonte de plus en plus vers le nord
Ce n’est pas la première fois que l’on voit un thon débarquer sur le port de Boulogne et ce ne sera pas la dernière. Dans les années 30, l’espèce écumait la mer du nord mais la pêche intensive et l’absence de quotas ont carrément fait disparaitre le thon rouge de nos côtes durant des décennies.
Le thon rouge, de retour depuis une quinzaine d’année dans les eaux du nord
Depuis quelques années le thon rouge est très présent sur les côtes Bretonnes, autour des iles Anglo-Normandes et entre l’Ecosse et l’Irlande, dans la mer celtique, on en trouve une quantité impressionnante. Cet été, on a même pu en apercevoir de très gros du côté d’Etretat.
À la recherche de nourriture
Jean Baptiste Morel est journaliste halieutique, passionné de pêche, compétiteur dans le Pas-de-Calais. Il écume les mers et les rivières à travers toute la planète et pour lui, la présence de thons rouges aussi gros, s’explique :
Plus on monte vers le nord et plus les thons rouges sont gros.
Jean-Baptiste Morel, spécialiste de la pêche
"Le thon rouge se situe à la fin de la chaine alimentaire, constamment en chasse, il a besoin de quantité phénoménale de nourriture, que l’on appelle poissons fourrages, (sardines, anchois, sprats, harengs, maquereaux…) Le thon rouge va donc, au gré des courants, suivre les bancs de poissons sur toute la côte atlantique et remonter jusqu’en Norvège où l’on peut en trouver en énorme quantité dépassant parfois les 500 kilos", explique le pécheur professionnel.
Le changement climatique
Le fait d’avoir instauré des quotas à partir des années 2000 pour reconstituer la population de thons rouges a été très bénéfique, mais pour Jean-Baptiste il n’y pas que ça. Les chaleurs de cet été ont été un des facteurs de la présence importante de thons rouges sur les côtes du nord.
"Le thon rouge peut apparaitre à un endroit et disparaitre durant plusieurs années, c’est à cause d’un phénomène de variation de température de la surface de mer que l’on appelle aussi oscillation atlantique multi-décennale. Cette variation de température est tout à fait naturelle et détermine la répartition géographique du thon rouge, c’est pour cela que l’on en trouve de plus en plus dans les mers du nord en ce moment."
Peut-on pêcher le thon rouge ?
Oui, explique Jean-Baptiste Morel mais il faut remplir plusieurs conditions. "On ne s’improvise pas pêcheur de thon rouge à la légère, il vous faut une licence et une autorisation administrative délivrée par la direction interrégionale de la mer pour le pêcher. De plus à chaque prise il faut baguer la queue de l’animal cela permet de faire respecter les quotas annuels et garantir la conservation et la gestion durable du thon rouge de l’Atlantique", ajoute Jean-Baptiste.
Malheureusement le braconnage existe aussi en mer et certains pêcheurs peu scrupuleux fixent délibérément mal la bague de marquage pour pouvoir la réutiliser, prétextant une mauvaise manipulation en cas de contrôle. Attention, termine le pêcheur professionnel : "La transgression de ces règles est punie d’une peine de 23500 euros d’amende, de la suspension d’autorisation de pêche et de la confiscation du matériel et du bateau."