A partir de lundi prochain, seules 68 personnes maximum - confinées dans une seule voiture - pourront prendre l'Eurostar de 17h56 à Bruxelles et descendre à Lille. Une mesure imposée par les autorités britanniques et dénoncée par l'association d'usagers Train Life.
"Les Anglais ne veulent plus des Lillois !", s'agace Arnaud Vanhelle, porte-parole de l'association Train Life de défense des voyageurs entre Lille et Bruxelles (Belgique). "Peut-on tolérer qu'un État membre de l'Europe, extérieur à l'espace Schengen puisse dicter les conditions de circulation à l'intérieur de cet espace ? Peut-on tolérer une ségrégation des citoyens européens dans les transports en commun ?".
A partir du lundi 30 janvier, les abonnés qui empruntent à l'heure de pointe l'Eurostar Bruxelles-Londres de 17h56 pour s'arrêter à Lille devront composer avec des nouvelles restrictions imposées par les autorités britanniques : une seule voiture de 68 places (dont 48 places assises) leur sera désormais accessible. Le souci selon Train Life, c'est qu'on recense en moyenne 103 abonnés chaque jour qui prennent ce train pour rejoindre Lille depuis la capitale belge. Il n'y aura donc pas assez de place pour tout le monde.
"Ça va en empirant"
Selon une porte-parole d'Eurostar, ces mesures sont "rigoureusement identiques à celles qui sont déjà en vigueur sur l’ensemble des autres services Eurostar entre Bruxelles, Lille et Londres". Ce confinement des passagers lillois dans une seule rame existait déjà pour d'autres horaires, mais le 17h56 faisait encore figure d'exception. "Depuis 2014, on n'avait déjà plus accès aux Eurostar si on était pas abonné", rappelle Arnaud Vanhelle. "Les conditions d’échange de billets avec les autres compagnies (Thalys et SNCF) ont été revues et sont désormais plus compliquées. Ça devient de plus en plus difficile de voyager en Europe. Ça va en empirant.""Les voyageurs intra-Schengen seraient prêts à accepter un contrôle d'identité en contrepartie d'un accès complet au service Eurostar", ajoute le porte-parole de l'association Train Life. "Ce mode de fonctionnement était en place avant 2014. Son seul tort était d'imposer un contrôle d’identité systématique, ce qui n'était pas compatible avec Schengen. Eurostar pourrait se voir accorder la possibilité d'adapter le nombre de voitures réservées aux voyageurs intra-Schengen en fonction de la demande mais se voit imposer d'appliquer les mêmes procédures sur l'ensemble de ses trains, sans possibilités d'ajuster la situation à la demande. Cela ne remettrait pourtant pas en question la politique de sécurité imposée par les Britanniques. Le contrôle de douane pourrait enfin se faire en dernière gare avant la sortie de l'espace Schengen ou en gare d'arrivée en Angleterre."
"Nous continuons à transporter les voyageurs entre Bruxelles et Lille, et nous sommes en contact avec les associations de navetteurs afin de leur garantir un service efficace et de qualité", indique de son côté Eurostar.