Vaccination : le Nord et le Pas-de-Calais, bons élèves mais attention à la rentrée selon le Professeur Froguel

Parmi les populations les plus vaccinées du pays, les habitants du Nord et du Pas-de-Calais tirent leur épingle du jeu. Mais à deux semaines de la rentrée scolaire, des incertitudes persistent sur l’évolution de la pandémie. Questions à Philippe Froguel, professeur à l'Université Lille 2.

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Comment peut-on expliquer que le Nord et le Pas-de-Calais comptent parmi les départements à la couverture vaccinale la plus élevée ?

Philippe Froguel : "Dans le Nord et l’Ouest de la France, les taux de vaccination sont plus importants que dans le Sud. Selon les enquêtes des instituts de sondage, cette situation s’expliquerait par l’altruisme de la population nordiste, plus intéressée à travailler pour la collectivité que le Sud, plus individualiste quelque soit les opinions politiques. L’adhésion à la vaccination a donc été plus grande."

Quelles sont les tranches d’âge éligibles qui ne sont pas encore suffisamment vaccinées ?

Philippe Froguel : "Les moins vaccinés, ce sont les adolescents. Mais je pense que la situation va évoluer probablement à la rentrée. Ceux qui m’inquiètent, c’est les 50/65 ans non vaccinés. Ils représentent 20 % de cette tranche d’âge et sont souvent les plus difficiles à convaincre. Il reste aussi des personnes très âgées qui ne sont pas en EHPAD et sur lesquels on ne s’est été mobilisés : ces gens sont très très vulnérables."

C’est la polémique du moment : doit-on vacciner en priorité les pays pauvres ou lancer la troisième dose ? 

Philippe Froguel : "Le Covid n’a pas fini de nous surprendre. Toujours en mal. Et aujourd’hui, si on veut s’en sortir, il faut faire les deux choses à la fois : vacciner les pays pauvres et commencer la troisième, injection dans les pays occidentaux."

"Vacciner les pays pauvres parce que ce n’est pas un hasard si le variant qui nous pose problème aujourd’hui est originaire d’Inde et qu’un autre vient de Colombie. Ce sont des pays peu vaccinés qui ont facilité la mutation du virus." 

"Une troisième dose est aussi nécessaire parce que ce qu’on craignait se réalise : la vaccination ne donne pas une immunité constante et stable avec le temps, notamment chez les personnes les plus âgées. Au CHU de Lille, une étude réalisée dans les EHPAD dont les résidents ont été, je vous le rappelle, vacciné dès le mois de janvier, montre qu’un tiers des résidents ont actuellement un taux très faible d’anticorps. Il faudra donc une troisième injection comme en Israël ou comme ça va se faire aux États-Unis. Il faudra aussi revacciner les 50/65 ans plus rapidement que prévu."

"Ce qui entraîne une baisse de l’immunité, c’est effectivement les vaccins ARN. Ils ciblent une toute petite partie du virus, la protéine Spike. Cette immunité est forte au début. Mais elle décroît assez rapidement : c’est ce qu’on craignait… On ne peut pas gagner sur tous les tableaux : on a réussi à faire en un temps record des vaccins, on a sauvé des millions de vies. Mais le prix à payer, ça va être de se revacciner, peut-être avec de nouveaux vaccins qui permettront de compléter l’offre."

Y a un risque de reprise épidémique à la rentrée avec le variant delta ?

Philippe Froguel : "En Angleterre, la grande flambée du variant Delta s’est faite à partir de l’école de la fin mai au mois de juin. Alors qu’en France, comme on avait un mois de retard par rapport à nos voisins, le variant Delta a commencé à flamber pendant les vacances. C’est pour ça qu’il est très important de vacciner les adolescents. Mais les moins de 12 ans, eux, ne seront pas vaccinés. L’épidémie peut se propager dans cette tranche d’âge et ensuite de passer aux plus âgés. Le risque existe, ça s’est déjà passé ailleurs. Il faut compléter au maximum la vaccination de toutes les personnes éligibles, c’est-à-dire les personnes de plus de 12 ans."

"Je pense qu’on va aller probablement vers une vaccination des enfants. Il y a des essais en cours chez les enfants à partir de 3 et 6 ans. Si les effets sont positifs, c’est un peu plus difficile de faire un vaccin pour les enfants. Je suis sûr que des pays généraliseront alors la vaccination et la France finira par suivre."

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