Manuel Valls a démenti mercredi que la SNCF donne des billets de train gratuits aux migrants, comme l'a déjà fait la compagnie ferroviaire, accusant plus généralement le député Les Républicains Gérald Darmanin (Nord) qui l'interrogeait à ce sujet de "courir après l'extrême droite".
Le ministère de l'Intérieur "a mis en place et renforcé un dispositif dans tous les trains et les gares afin de lutter contre les flux migratoires utilisant lesvecteurs ferroviaires", a déclaré le Premier ministre, avançant le nombre de "200 interpellations par jour" dans les trains et dans les gares, majoritairement "dans le Sud et dans la région Nord-Pas-de-Calais".
"Aucune instruction n'a été donnée à la SNCF de relâcher ce contrôle, bien au contraire: tout voyageur doit être muni d'un titre de transport et tout le monde est soumis à la même procédure de contrôle à bord des trains, migrants inclus bien évidemment", a affirmé le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement. "Donc cette information n'a pas de sens, M. Darmanin, et ne croyez pas tout ce qui s'écrit dans la presse", a poursuivi M. Valls.
Tension à l'Assemblée Nationale
La SNCF s'est défendue mercredi de donner des billets de train aux migrants mais a revendiqué des consignes d'"humanité" données à ses personnels, après un début de polémique. "Il n'y a pas de billets gratuits" pour les migrants, a déclaré à l'AFP Christophe Piednoël, directeur de l'information de l'entreprise publique. En revanche, "ce qu'on a mis en place est une possible gratuité de la réservation, pour attribuer des places numérotées à ces populations afin qu'elles restent groupées et qu'on évite tout risque de conflit entre voyageurs si jamais elles allaient occuper des places réservées par d'autres", a expliqué ce responsable.Manuel Valls a par ailleurs reproché à M. Darmanin, qui accusait le gouvernement d'avoir suivi dans la précipitation la chancelière Angela Merkel sur la crise de réfugiés, d'"enfourcher" les "mêmes thèmes" de l'extrême droite, qui "consistent en permanence à mettre le réfugié et l'immigré au coeur du débat politique". L'atmosphère s'est brusquement tendue dans l'hémicycle lorsque Gérald Darmanin a interrogé le Premier ministre. Sa question a été accueillie sous des huées à gauche et la réponse de Manuel Valls a fait lever les yeux au ciel de Marion Maréchal-Le Pen et suscité de vives réactions des députés de droite. M. Darmanin a fait quant à lui le geste d'un moulinet avec son bras.