Migrants : la SNCF se défend de donner des billets, revendique de l'"humanité"

Des documents internes, diffusés sur les réseaux sociaux, montrent que la SNCF autorise les agents à ne pas faire payer des groupes de migrants qui seraient contrôlés sans titre de transport.

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Au départ de la polémique, une note interne de l'UO TER ventes / Escale Flandres Littoral, SNCF Boulogne-sur-mer qui est diffusée sur les réseaux sociaux, notamment par des identitaires et des proches de l'extrême doite. C'est un vrai document, authentifié par la SNCF, à portée locale mais répondant à un mot d'ordre national. Il y est expliqué que "dans le cadre de la crise migratoire, a été mise en place une procédure EXCEPTIONNELLE permettant de faire réaliser une réservation de places, pour un groupe, dans le premier train utile, sans pénaliser les clients réguliers, de préférence en seconde classe." En clair, selon certaines conditions et dans le cadre d'une procédure détaillée dans le document, des migrants peuvent donc éventuellement voyager sans payer. 

Le document ci-dessous a été diffusé localement aux salariés de la compagnie.



Un autre bulletin émanant de la « communication officielle de la direction des trains » précise également : « A compter du lundi 5 octobre 2015 […] certaines escales peuvent émettre, si les conditions le permettent, des réservations à 0€ pour Mesures Exceptionnelles afin de faciliter le placement d’un groupe […] et préserver le confort des autres voyageurs ». 


Contactée par francetv info, la SNCF s'est montrée embarrassée : "Le sujet est extrêmement compliqué, explique le directeur de l'information de la compagnie. La grande majorité des migrants circulent avec des billets. Mais on est parfois confrontés à des personnes sans billet ou qui n'ont pas le bon billet." Ce sont des contrôleurs, qui selon la SNCF, auraient fait remonter l'information et leur difficulté à trouver la bonne attitude face à certains passagers identifiés comme migrants.  "On leur a donné de la latitude de la même manière qu'ils ont la latitude de reconnaître la bonne foi d'un voyageur qui n'a pas composté son billet". A l'AFP, Christophe Piednoël, directeur de l'information de l'entreprise publique a précisé : "Il n'y a pas de billets gratuits" pour les migrants. Ce qu'on a mis en place est une possible gratuité de la réservation, pour attribuer des places numérotées à ces populations afin qu'elles restent groupées et qu'on évite tout risque de conflit entre voyageurs si jamais elles allaient occuper des places réservées par d'autres. (...) Ces personnes sont contrôlées comme les autres, doivent être munies d'un billet comme les autres, peuvent faire l'objet d'un PV comme les autres". Il a toutefois reconnu que "nos équipes, soit en gare, soit à bordd es trains, ont été appelées au discernement".

"Agir avec le coeur"

"Pour nous, ce ne sont pas des fraudeurs qui cherchent à profiter du système. Ce sont des gens qui sont dans une situation exceptionnelle très souvent de détresse et de fatigue, il est normal de les gérer avec humanité", a-t-il également ajouté. 

Concrètement, face à des groupes de migrants en gare, la SNCF demande à ses contrôleurs d'informer des associations qui pourraient prendre en charge financièrement les billets de train. Mais les contrôleurs ont aussi la possibilité de faire des "réservations à 0 euro".

La SNCF rappelle que contrairement, à la Hongrie ou l'Autriche, les migrants sont très peu nombreux dans les gares en France. Selon le directeur de l'information de la SNCF, la procédure de gratuité des réservations a été utilisée "pour l'instant quatre fois, alors qu'elle est en place depuis le 26 septembre. C'est totalement marginal".

Le Front National s'empare de "l'affaire"

Rapidement, sur Twitter, le Front National a réagi vivement contre ces notes de la SNCF. Marion Maréchal Le Pen, député FN ou Robert Ménard, maire Rassemblement Bleu marine de Béziers, ont dit leur désaccord avec la politique de la compagnie. 






Dans une "lettre ouverte", la présidente du Front national, Marine Le Pen, a demandé "solennellement" au président de la SNCF Guillaume Pepy de s'"expliquer devant les Français et les usagers du train sur les motifs d'une telle décision".

Xavier Bertrand, tête de liste Les Républicains pour les élections régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie, s'est aussi élevé mercredi matin contre l'idée de billets gratuits pour les migrants. "Il n'est pas possible qu'aujourd'hui le train soit gratuit pour les migrants. C'est impossible, c'est intolérable, la SNCF doit apporter des solutions et l'Etat doit également s'expliquer sur cette situation", a affirmé M. Bertrand aux micros de Radio Classique et LCI.

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