Le modèle belge est un peu différent du nôtre...
Difficile de se souvenir, quand on se promène à Bruxelles, Gand, ou Bruges que le pays est sans gouvernement depuis 422 jours.
Car la vie suit son cours et l'économie reste stable. Quant aux Belges, ils ne voient que peu de changements dans leur vie quotidienne depuis l'implosion du gouvernement de Charles Michel en décembre 2018.
Depuis, impossible pour les partis politiques belges de tomber d'accord sur une coalition : les nationalistes flamands étaient majoritaires aux élections fédérales de 2014, mais leur départ du gouvernement, lié à des questions migratoires, l'a fait chavirer. Et les nouvelles élections convoquées en mai 2019 n'ont rien arrangé : avec 16,03%, le N-VA reste majoritaire et les autres partis doivent toujours composer avec lui... jusque-là en vain.
Un gouvernement en affaires courantes
Cela ne signifie pas que la Belgique n'est pas gouvernée : il existe bien un gouvernement en affaires courantes mais ce dernier a un pouvoir assez limité. Il est dirigé depuis octobre par Sophie Wilmès, première femme à occuper le poste de Première ministre.
"Je suis une vraie Première ministre en affaires courantes" a-t-elle souligné à France 2. "À la fois nous ne pouvons pas prendre de nouvelles initiatives, mais nous devons, et c'est normal, nous occuper de la gestion du pays, des affaires courantes, donc c'est 'business as usual'".
L'absence de gouvernement n'avait pas empêché la Belgique de s'engager dans la guerre en Libye en 2011. Mais le gouvernement en affaires courantes est aujourd'hui plus critiqué : n'étant pas issu du parti majoritaire (la N-VA), il n'a pas la même légitimité.
Autre spécificité : la Belgique n'est pas aussi centralisée que la France, puisque ses quatre parlements régionaux – wallon, flamand, bruxellois et germanophone – ont un pouvoir assez étendu. Le développement économique, l'emploi, l'environnement, l'enseignement, la culture ou l'aide sociale sont gérés par ces parlements et des gouvernements régionaux de plein exercice.
La Belgique pourrait bientôt convoquer de nouvelles élections fédérales, même s'il n'est pas certain qu'elles changent la donne entre les différents partis. Dans tous les cas, il reste encore de la marge pour battre le précédent record belge, établi à 541 jours sans gouvernement entre 2010 et 2011.