Alors que le parc nucléaire français, avec des programmes de maintenance importants, n'a jamais aussi peu produit depuis les années 2000, une ligne d'interconnexion a été inauguré hier entre la France et la Belgique. Cet hiver, l'électricité de nos voisins sera la bienvenue.
Voici une ligne d’un genre nouveau entre la Belgique et la France. Entre Avelghem et Avelin, plus précisément. Une interconnexion inaugurée vendredi 2 décembre à Tournai (Belgique) qui permet le flux, au maximum, de 6 gigawatts, soit les besoins en électricité de 6 millions de personnes. Une inauguration très médiatisée qui n’aurait pas eu la même résonnance, il y a un an… Si, il n'y a pas de nouvelle ligne électrique, c'est le renforcement de l’interconnexion Avelgem-Avelin, avec des conducteurs électriques de haute performance, qui permet de faire circuler davantage d’électricité sans nouvelle construction de ligne. Les capacités d'échange entre les deux pays sont donc accrues pour cet hiver.
Xavier Piechaczyk, directeur du directoire de Réseau de Transport d'Electricité, RTE : "on agrandit les tuyaux entre nos deux pays pour faire davantage d'importation et pour sécuriser l'approvisionnement de l'ensemble du pays français".
En marge de l'inauguration de cette interconnexion électrique franco-belge, le directeur du directoire RTE a également spécifié que globalement, la consommation d'électricité a diminué de 6,7% la semaine dernière par rapport à la moyenne des années précédentes (2014-2019) et que la baisse de la consommation est surtout tirée par l'industrie, "de l'ordre de -15%", a précisé Xavier Piechaczyk. A cause de la flambée des prix de l'énergie, "certaines entreprises baissent leur production et de grosses industries tournent moins", constate-t-il.
1978, une coupure massive de quelques minutes avait eu lieu
Pour rappel, en 1978, deux ans avant la mise en service de la centrale de Gravelines, une coupure massive mais de quelques minutes avait eu lieu dans la région Nord. On voyait déjà à l'époque que les réseaux étaient déjà interconnectés avec la Belgique et l'Angleterre mais aussi avec les régions voisines. A l'époque, on consommait "nettement moins d'électricité" et le parc de production nucléaire et éolien était "nettement moindre", rappelle RTE.
Aujourd'hui, concernant nos voisins belges, a contrario, les besoins sont plutôt durant l’été. Le gestionnaire réseau belge prévoit des besoins en électricité qui vont doubler d’ici à dix ans. Chris Peteers, directeur du gestionnaire réseau belge Elia explique que "les opérateurs doivent se préparer à pas mal de scénarios. On doit être prêt à une transition énergétique accélérée et cette interconnexion entre la France et la Belgique, répond aux enjeux européens en matière de transition énergétique et de lutte contre le changement climatique en facilitant le développement des énergies renouvelables et l’évolution vers un mix électrique à bas carbone".
"Les coupures tournantes ne seront pas une fatalité"
Pour revenir au réseau français, RTE, le gestionnaire, se veut rassurant et explique que les coupures ne seront pas une fatalité, néanmoins notre pays se chauffe beaucoup à l’électrique. Si décembre et les vacances de Noël connaissent une faible activité, janvier risque d’être tendu.
En cas de situation très tendue du système électrique cet hiver, la "météo de l'électricité" EcoWatt gérée par RTE émettra trois jours en avance un signal rouge pour alerter sur le risque de coupures ciblées et temporaires, pour que chacun mette en oeuvre des mesures permettant de les éviter.
La France actuellement, est fragilisée par une production électro-nucléaire au plus bas, qui fait planer des incertitudes sur la sécurité énergétique. A l'émission de ce signal, les pouvoirs publics demanderont des efforts de sobriété pour écraser les pics de consommation électrique de la journée, situés entre 8h et 13h et entre 18h et 20h.
Si la consommation ne baisse pas après l'émission d'un signal rouge, des coupures tournantes de 2h organisées sur des portions de départements seraient "inévitables", rappelle RTE, qui estime que janvier est le mois le plus à risque.
Enfin, sur le prix du megawatt/heure, n'hésitez pas à consulter ce site.
Avec AFP