Manuel Valls a mis en garde implicitement Martine Aubry et ses amis contre "la tentation mortelle de tirer contre son propre camp", dimanche à la fête de la Rose à Wattrelos (Nord).
"Je mets en garde contre cette tentation mortelle de tirer contre son propre camp. La situation est bien trop grave", a affirmé le Premier ministre sans citer le nom de la maire de Lille lors de cet événement auquel participaient 400 à 450 militants et où était présent notamment le ministre de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, mais pas Martine Aubry.
Celle-ci est montée plusieurs fois au créneau ces dernières semaines, avec d'autres socialistes, pour exprimer ses désaccords avec les prises de position de Manuel Valls sur la vague migratoire en Europe, et avec les projets de réforme du code du travail et de la déchéance de nationalité. "Nous diviser, fracturer la gauche, c'est ouvrir un boulevard à l'extrême droite. Et c'est préparer le retour de la droite", a estimé M. Valls, alors que le PS vient
de subir une nouvelle hémorragie de son électorat lors de la législative partielle de Tourcoing-Nord, où le second tour opposait dimanche un candidat LR et un candidat FN.
Etre de gauche, c'est quoi ?
Lors de ce discours, le Premier ministre s'est attardé sur ce qu'est "être de gauche" : "avoir la passion de l'égalité", "agir pour la solidarité", "tout faire pour l'emploi", "tout faire pour la sécurité", a estimé M. Valls. Il a dit "n'avoir jamais compris ceux qui disent qu'en s'occupant de sécurité, la gauche s'écarte de ce qu'elle est", un discours devenu pourtant marginal chez les responsables politiques de gauche. Selon lui, "pour réussir", la gauche doit "évoluer" et "se réinventer". "Il faut bâtir (...) cette maison commune de tous les progressistes qui donne toute sa force à la gauche réformatrice", a-t-il affirmé, reprenant une thématique régulièrement entonnée.Par ailleurs, il a une nouvelle fois défendu le projet de loi El Khomri: "la gauche doit protéger, mais aussi faciliter la mobilité, la prise de risque (...) c'est
cela qui se joue avec la loi Travail", a-t-il dit. Quelque 30 personnes de la CGT s'étaient rassemblées devant la salle où Manuel Valls s'exprimait, pour demander au Premier ministre "le retrait" de la loi El Khomri.
"J'entends des interrogations: +pourquoi une réforme aussi difficile à un an de la prochaine échéance ?+ Je réponds: simplement parce que nous sommes là pour faire avec audace et justice ce que l'opposition (...) n'a jamais fait", a ajouté M. Valls. "Nous connaissons les critiques: il y a ceux qui disent +la gauche n'a pas été élue pour baisser les charges des entreprises+, ceux qui disent que la gauche au pouvoir ne fait pas tout ce que notre coeur nous dicte. Nous n'opposons pas la raison au coeur (...) Nous faisons simplement face à la réalité", a-t-il poursuivi. "N'écoutez pas ceux qui disent que la gauche au pouvoir a perdu son âme, refusez la tentation (...) de (vous) réfugier dans le confort de l'opposition", a-t-il lancé aux militants socialistes nordistes.