En pleine polémique entre partisans et opposants aux médicaments homéopathiques, le président des Hauts-de-France a estimé que les dérembourser serait "une fausse bonne idée" qui "coûterait plus cher".
L'ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand maintient ses positions. Pour lui, il est toujours hors de question de toucher au remboursement de l'homéopathie, comme il l'a réaffirmé dans un tweet publié ce dimanche 14 avril.
Le déremboursement de l’homéopathie est une fausse bonne idée et coûterait plus cher !
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) 14 avril 2019
Je suis comme des millions de Français, je veux le maintien du remboursement de l’#homéopathie. Je signe la pétition #MonHomeoMonChoix !https://t.co/EGuYUj52qU
Une position qu'il avait déjà adoptée lorsqu'il était ministre sous Jacques Chirac : "Tant que je serai ministre, on ne touchera pas à l'homéopathie", confiait-il au Monde en 2005. Le remboursement de l'homéopathie est remis en question depuis plus d'un an, depuis la tribune de 124 professionnels de la santé contre les "médecines alternatives" publiée dans Le Figaro.
Y était notamment évoquée l'homéopathie qui est la seule classe de médicaments à être remboursée sans avoir à faire la preuve de son efficacité. "L’homéopathie, comme les autres « médecines alternatives », n’est en rien scientifique, dénonçaient les signataires de la tribune. Ces pratiques sont basées sur des croyances promettant une guérison miraculeuse et sans risques."
Le déremboursement en question
Alors que la Haute autorité de santé (HAS) a été saisi par le ministère de la Santé pour évaluer le "bien-fondé (...) du remboursement des médicaments homéopathiques", Xavier Bertrand estime que leur déremboursement serait "une fausse bonne idée" qui "coûterait plus cher". Il invoque notamment les "millions de Français" qui ont recours à ce type de médecine douce : 58% de la population a déjà utilisé "plusieurs fois" des produits homéopathiques, selon un sondage Ipsos réalisé en octobre 2018.
Avant la décision sur un éventuel déremboursement, les pro-homéopathie organisent la riposte médiatique : les laboratoires fabriquant ces produits et les organisations professionnelles du secteur lancent une campagne intitulée "Mon homéo, mon choix" https://t.co/5EdYzTH2lb #AFP pic.twitter.com/PFEUCLdOMl
— Agence France-Presse (@afpfr) 3 avril 2019
L'ancien ministre en profite pour faire la promotion d'une pétition qui recueille près de 125 000 signatures : Mon homéo mon choix. Un appel notamment signé par le leader mondial de l'homéopathie, Boiron, qui emploie 3 200 personnes pour produire ses granules homéopathiques. "En cas de déremboursement, il pourrait y avoir un transfert vers des médicaments plus coûteux pour la collectivité", assurent les défenseurs de l'homéopathie dans leur communiqué.
L'université de Lille prend ses précautions
Dernier volet en date dans la saga : une prise de position commune, symboliquement forte, des Académies de médecine et de pharmacie qui ont jugé que l'homéopathie ne devait pas continuer à être remboursée, le 28 mars. L'université de Lille avait été l'une des premières à suspendre son diplôme d'homéopathie dès la rentrée 2018 "dans l’attente de la position de la haute autorité de la santé et d’échanges nationaux sur l’encadrement de cette pratique et de son enseignement", indiquait le doyen.
Les prises de position de médecins contre l'homéopathie se sont encore multipliées ces derniers mois. L'ancien responsable des autorisations de mise sur le marché à l'Agence française du médicament, le Pr Jean-François Bergmann, reconnaît à cette discipline l'efficacité d'un placebo magnifié par la confiance du patient en son médecin homéopathe. Nuancé, ce chef de service à l'hôpital Lariboisière à Paris "n'accorde pas la moindre propriété pharmacologique à l'homéopathie", mais estime qu'il ne serait "pas rationnel de ne pas prendre en compte l'irrationnel chez l'homme".