Au tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse, les victimes peuvent compter sur la présence d'un partenaire rassurant. Toundra, jeune Golden Retriever de deux ans, est là pour les apaiser et leur donner confiance.
Première publication en juin 2024
Elle vient d'arriver au palais de justice de Bourg-en-Bresse. Toundra y sera bientôt comme chez elle. "Elle est déjà presque chez elle. Ça fait déjà plusieurs fois qu'elle vient nous visiter. Dans ces murs, elle est déjà parfaitement sereine", assure Karine Malara, Procureure de la République.
D'ordinaire les chiens sont interdits dans cette enceinte, mais pour Toundra (jeune golden Retriever), est une exception. Et pour cause. Avec son dossard bleu, cette jeune chienne de couleur sable va devenir un incontournable auxiliaire de justice en tant que de chien d'assistance judiciaire, habituée des audiences.
Rassurer et apaiser
Âgé de deux ans, l'animal est paisible et patient avec les inconnus. Toundra, tenue en laisse, se laisse approcher et caresser. Pas d'aboiements ou de mouvements intempestifs. Pas de risque que la placide Toundra perturbe une audience.
Se dresser, aboyer sur commande, apporter sa laisse, mettre sa tête sur les genoux d'une personne ou tout simplement rester calme. Toundra est capable de répondre à une quarantaine de commandes. Sa mission est d'être une aide psychologique, un soutien permettant aux victimes de s'apaiser et de se sentir en sécurité. C’est l’Association d’Aide aux Victimes, AVEMA, qui va gérer ce chien, émotionnellement “surdoué”.
Une présence rassurante et apaisante lors des procès. Pas seulement. Ce Golden Retriever a été éduqué pour rester aux côtés des personnes durant tous les actes d'une procédure pénale.
"Tout sauf un gadget"
"C'est impressionnant de voir qu'elle peut faire partie de la communauté judiciaire, c'est tout sauf un gadget, c’est tout sauf un caprice. C'est un assistant spécialisé qui va venir accroître le soutien aux victimes et particulièrement aux plus vulnérables", explique Karine Malara, Procureure de la République. Pas uniquement les enfants. Cette aide canine s'adresse aux victimes vulnérables "devant une cour d'assises, devant un juge d'instruction, lors d'une confrontation très perturbatrice". Et la magistrate ajoute à titre d'exemple : "Ça peut être une personne âgée qui a du mal à faire face à l'angoisse d'une situation judiciaire". Le recours à un chien d'assistance judiciaire est cadré et s'inscrit d'un protocole national.
Depuis 2019, ce nouveau dispositif est proposé aux victimes lors des audiences. Il y a deux ans, un juge d’instruction de Lyon avait déjà testé la présence d’un chien pour aider une victime de viols à témoigner. Lol, premier chien d'assistance judiciaire en France, avait été prêté par le tribunal de Cahors qui avait initié ce dispositif.
Formation
Les chiots, mais aussi les chiens plus âgés issus de la SPA, sont sélectionnés pour leur proximité avec les humains et leur grande stabilité émotionnelle. Pendant 16 mois, ils vivent dans une famille d’accueil où ils renforcent leurs capacités d’interactions avec les humains. Ils suivent ensuite une formation spécifique à l’assistance judiciaire dans l’un des quatre centres de formation Handi’Chiens. L'un se trouve à Marcy l'Étoile, près de Lyon. Au total, le chien d'assistance judiciaire suit une formation de 22 mois. Il est ensuite confié à un ou plusieurs référents. Le chien peut intervenir dans un palais de justice, mais aussi dans les commissariats ou gendarmeries sur demande auprès du parquet.
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En février 2023, le ministère de la Justice a signé avec HANDI’CHIENS, la fédération France Victimes et la S.P.A, une convention afin d’étendre le dispositif. L’objectif fixé étant de généraliser la présence des chiens d’assistance judiciaire dans chaque département d'ici à 2025.