Le même sourire énigmatique et le regard qui suit le visiteur. En fond, le pont et le bleu du lac. Sur un mur du musée des Beaux-Arts de Quimper, le tableau peint au début du XVIème siècle stupéfait le visiteur. En réalité, cette oeuvre de la Joconde est une copie réalisée sans doute par un disciple ou un élève de Léonard de Vinci. Une copie qui a failli remplacer l'original au musée du Louvre.
Au premier regard, la présence du tableau étonne le visiteur. Au musée des Beaux-Arts de Quimper, le tableau de La Joconde trône au beau milieu d'oeuvres de l'art italien. Même sourire énigmatique, avec le regard qui, sans cesse, poursuit le passant.
Seulement voilà, cette oeuvre est une copie. Après analyse des pigments, une certitude apparaît. Cette vraie-fausse Joconde a été réalisée au début du XVIème siècle, c'est à dire quasiment au même moment que la Mona Lisa de Léonard de Vinci. "On ne sait pas exactement qui en est l'auteur. Sans doute un proche, un disciple ou un élève de Léonard de Vinci" précise Guillaume Ambroise, conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de Quimper.
Des différences imperceptibles
Mais cette Joconde de Quimper se distingue à quelques détails. Car l'oeuvre est peinte sur toile et non sur un panneau de bois en peuplier comme pour l'original.
Autre différence : le tableau du musée de Quimper mesure 78 centimètres de haut pour 58 centimètres de large. C'est à dire 4 centimètres de moins en hauteur et 5 cm de plus en largeur. "Ce que l'on voit aussi, c'est la présence de deux colonnes sur chaque côté de l'oeuvre. L'artiste a fait une proposition plus large que De Vinci. D'ailleurs, pendant longtemps, on a cru que l'original avait été rogné sur les côtés et que la version de Quimper était plus proche de l'oeuvre de Léonard de Vinci" indique Guillaume Ambroise. Une oeuvre qui se rappoche aussi d'un dessin de Raphaël, élève de De Vinci qui lui aussi montrait cette Joconde entourée des deux colonnes.
Mais, d'après plusieurs analyses qui ont été menées sur l'original de La Joconde, le tableau présenté au Louvre est bien une oeuvre intacte, qui n'a pas subi de modifications.
Quand la copie a failli remplacer l'original
Mais en 1911, la copie de Quimper a failli prendre la place de l'original au Louvre. Le 22 août de cette année-là, le plus célèbre tableau du monde est volé. Sur le mur du musée parisien ne restent que quatre clous et un grand vide entre l'Allégorie du Titien et Le mariage mystique de Sainte-Catherine du Corrège. La Joconde s'est envolée !
Alors que la police est lancée aux trousses du ou des voleurs, et avant que l'affaire ne s'ébuite, la direction du Louvre envisage de récupérer en urgence la copie de Quimper pour remplacer l'original. "C'est la preuve que cette copie est une oeuvre de très grande qualité, affirme le conservateur du musée des Beaux-Arts. Parmi toutes les copies qui existent, Il s'agit d'une des oeuvres les plus proches de l'original" ajoute-t-il.
Finalement, par peur du scandale, la direction renonce à l'opération visant à remplacer l'original par la copie bretonne. Pendant deux ans, la vraie Joconde reste introuvable. Mais le voleur finit par être démasqué. Il s'agit de Vincenzo Perrugia, un vitrier italien qui avait travaillé au Louvre lors de l'encadrement du tableau.
L'homme connaissait parfaitement les lieux. Pendant la fermeture du musée, il s'approche de La Joconde. Il est 7 h du matin et en quelques minutes il s'empare du tableau, le dissimule sous sa blouse d'employé et rentre chez lui. Le chef d'oeuvre de Léonard de Vinci restera caché sous son lit durant plus de 24 mois.
Désormais, l'oeuvre de De Vinci est mise à l'abri derrière une vitre pare-balles. Sa copie de Quimper, elle, ne connaît pas une telle protection. Depuis 2015, elle est fixée simplement en hauteur sur un mur, au milieu de 1.200 autres oeuvres.