L’Archange Gabriel a été réalisé sur panneau de bois par Antonio Vivarini (1420-1480), un peintre majeur de la première Renaissance en Vénétie. Son acquisition permettrait au Musée des Beaux-Arts de réunir trois panneaux issus d’une même œuvre, un polyptique sans doute destiné à orner une église franciscaine
Grâce à un legs très important en 1963 d’Octave Linet, peintre et collectionneur tourangeau, le Musée des Beaux-Arts de Tours dispose d’une collection de primitifs italiens parmi les plus riches en France (avec le Louvre et le Petit Palais d’Avignon).
Autour de deux remarquables panneaux d’Andréa Mantegna, cet ensemble est composé d’œuvres de maitres florentins, siennois, bolonais ou encore vénitiens, comme Antonio Vivarini. Celui-ci est également représenté par deux panneaux, Saint-Louis de Toulouse et Saint-Antoine de Padoue.
Ces deux œuvres proviennent d’un polyptique destiné à une église pour l’instant non identifiée de la région de Venise. Et qui comprendrait deux autres figures, l’Archange Gabriel (détenu par un galeriste londonien) et une Vierge de l’Annonciation (dans une collection privée non localisée).
La position de l’archange, tourné vers sa gauche et levant la main droite en signe de bénédiction, permet de déduire qu’il fait partie d’une scène de l’annonciation, où il révèle à la Vierge la nature divine de sa maternité future. Le lys que tient Gabriel est le symbole de cette immaculée conception.
À la charnière du gothique et de la Renaissance
"Les Vivarini constituaient un atelier artistique très important de Venise au 15ème siècle", explique Elsa Gomez, conservatrice en charge des collections médiévale et Renaissance. "L’archange Gabriel a d’abord été attribué à Bartolomeo, le frère cadet. Mais les recherches conduites par le galeriste ont proposé de rendre à Antonio la paternité de l’œuvre."
Une paternité qui ne fait guère de doute, au regard des deux panneaux d’Antonio Vivarini dont dispose déjà le Musée des Beaux-Arts, comme le précise sa directrice, Hélène Jagot :
Le style est très similaire. Le travail de martelage très fin de l’or sur l’auréole, mais également la forme très ronde du visage, les yeux, les courbures des vêtements ou encore la branche de lys sont les mêmes.
Hélène Jagot, directrice du Musée des Beaux-Arts
Antonio Vivarini est un peintre majeur dont l’œuvre se situe à la charnière entre le gothique et les débuts de la Renaissance en Vénitie. "Il fait le lien entre la première Renaissance italienne et une forme artistique plus évoluée, qui sera par la suite incarnée par Andrea Mantegna", poursuit la directrice.
Et puisque le galeriste est disposé à vendre l’Archange Gabriel (pour 345 000 euros, après négociations !), le Musée des Beaux-Arts a l’opportunité de réunir trois de ces quatre panneaux au sein d’une collection publique, ce qui constituerait un bel évènement.
Mais il reste à régler le problème du financement, forcément épineux en période de restrictions budgétaires.
Trouver 60 000 euros avant fin juin
Le legs au musée de Mme Colette Grosbois née Rousseau, une habitante de Tours aujourd’hui décédée, s’élevant à 97 000 euros, a indéniablement constitué une sérieuse avancée dans le dossier. Au vu de l’intérêt majeur de cette œuvre pour les collections du musée, la ville de Tours a ensuite débloqué 60 000 euros sur le budget 2023. Et la DRAC, via le fonds du patrimoine, s’engage pour 124 000 euros.
Pour que l’archange demeure aux côtés des deux saints, il faut donc encore dénicher 60 000 euros. La ville et l’association des Amis de la bibliothèque et du musée ont lancé une souscription qui s’achèvera fin juin. Citoyens et entreprises sont appelés à la rescousse. Pour devenir mécène et souscrire à ce beau projet, rendez-vous sur le site www.abmtours.fr ou à l’accueil du musée des Beaux-Arts. Les dons sont acceptés dès 5 euros.