L'auteur d'origine mulhousienne Pierre-Roland Saint-Dizier vient de publier une bande dessinée, "Plein ciel", qui parle de la tour du quartier des Coteaux, à Mulhouse où il a vécu dans son enfance. Il y raconte, dans une fiction, l'histoire de ce village vertical de 400 habitants de toute origine. Un hommage à la diversité à travers cette tour construite en 1964, promise à la destruction.
C'est avec un brin de nostalgie que cet ancien Mulhousien revient sur les lieux de son enfance. Pierre-Roland Saint-Dizier vient de publier une bande dessinée, "Plein ciel", qui raconte une histoire autour de la tour du même nom et ce matin il rencontre des collégiens du quartier. "Pour écrire ce scénario, j'ai mis à peu près trois ou quatre mois", explique-t-il aux élèves installés à la bibliothèque des Coteaux, quartier bien connu des Mulhousiens, imaginé et bâti dans les années 1960.
Pierre-Roland Saint-Dizier y a grandi. Il habitait dans l'une des deux tours baptisées Plein ciel 1 et Plein ciel 2. Deux tours jumelles de 66 mètres de haut, construites en 1964 en pleine effervescence urbanistique. Devenues emblématiques des Coteaux, considérées comme les joyaux du quartier, elles sont aujourd'hui promises à la destruction. Les habitants ont deux ans pour quitter les lieux. Un véritable crève-cœur.
Réhabiliter le quartier des Coteaux
Pierre-Roland Saint-Dizier, lui, habitait au 19e étage d'abord, puis au 16e. Ses parents s'y sont installés en 1968. "C'était ma maison. J’y ai passé 20 ans, toute mon enfance. Quand je reviens ici c’est presque un pèlerinage". Alors quand, 20 ans plus tard, il rencontre des jeunes du quartier qui se disent fiers et contents d'être mis à l'honneur dans sa BD, Pierre-Roland se dit qu'il a visé juste. "Je voulais raconter l’histoire de ce quartier parce que pendant des années il a été stigmatisé, comme beaucoup de grands ensembles, de ZUP et je voulais le montrer sous un autre jour".
Même si le scénario ne parle pas explicitement du quartier des Coteaux, renommé le quartier du Bois fleuri, la bande dessinée reproduit quasi à l'identique l'environnement des deux tours. C'est d'ailleurs sur photos que l'illustrateur, Michaël Crosa, a travaillé, pendant deux ans, afin de dessiner le plus fidèlement possible les bâtiments, les appartements, les halls d'immeuble ou les allées bordées d'arbres.
Tranches de vie
L'histoire, une fiction mais inspirée des souvenirs de son auteur, se passe au début des années 1990. "À cette époque j’étais un jeune adolescent. Je raconte des anecdotes, des histoires de voisins, de rencontres. On rentre dans l’intimité des appartements et des gens qui y vivent. C’est une tranche de vie qu’on propose aux lecteurs".
Une tranche de vie d'un "village vertical", selon les mots de Pierre-Roland, où vivaient plus de 400 habitants. "Un village vertical, cosmopolite, avec tous les âges, toutes les cultures. Aux heures de pointe on se croisait dans les ascenseurs, dans le hall du rez-de-chaussée autour des boîtes aux lettres, on parlait avec les voisins de palier". Pierre-Roland souligne et insiste : sa bande dessinée s’adresse à tout le monde et pas seulement aux seuls habitants des Coteaux car, dit-il :" face à l’individualisme de notre société cela fait du bien de voir qu’on peut s’enrichir aussi au contact des autres".
Les planches originales de la bande dessinée "Plein ciel", éditées chez Ankama, sont exposées à la bibliothèque centrale, Grand'rue à Mulhouse, jusqu'au 28 octobre.