Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie : instagrameuse, influenceur, Jade.cve et Paul Darbos s’engagent.

A l'occasion du 17 mai, journée internationale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, Jade Cavoué et Paul Darbos prennent la parole. Forts de centaines de milliers de followers sur les réseaux sociaux, leur engagement est une source d'inspiration pour les LGBT+. Entretien.

A l'état civil elle s'appelle Jade Cavoué, sur les réseaux sociaux c'est Jade.cve ; ses comptes Instagram ou TikTok sont suivis par plusieurs centaines de milliers de followers. A 23 ans, la jeune modèle parisienne a signé en agence et sa voix est celle d'une influenceuse reconnue. Lui a pour nom Paul Darbos, ce landais trentenaire issu d'une famille de rugbymen affiche son patronyme sur Twitter sans complexe et compte plus de 300.000 abonnés. Leurs prises de positions sur les droits des personnes LGBT+ sont nombreuses. 

Jade et Paul choisissent ce 17 mai 2021, pour répondre sans détours à nos questions :

Le 17 mai 2021 a lieu la journée internationale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, en quoi cette journée est particulière pour vous ?

Jade.cve :

Étant moi-même une fille transgenre, je suis évidemment concernée par cette journée, qui me touche directement. Néanmoins c’est dommage qu’elle existe, c’est dommage de devoir lutter contre des haines infondées envers des personnes, qui comme nous, n'ont rien demandées. Être homo, trans, ce n’est pas un choix, nous n'y sommes pour rien et les gens ne le comprennent malheureusement pas. Croyez-vous que je sois heureuse d’avoir dû faire des chirurgies ? J'ai souffert de douleur des mois entiers ! Ce n’est pas un choix d’être transgenre, pour ma part, c’est une épreuve de la vie à passer car je ne suis pas née telle que j’étais réellement. Soit je faisais ce parcours de transition, soit je vivais ma vie sans être, à aucun instant, vraiment moi-même, soit j’en finissais. 

Paul Darbos : 

Cette journée est très importante car, d'une part, elle est une mobilisation mondiale et d'autre part, elle met en lumière toutes les discriminations liées aux genres et aux orientations sexuelles. Cette date est symbolique car le 17 mai 1990, l'homosexualité n'était plus considérée comme maladie mentale par l'OMS.

Vous avez choisi d’être visible en tant que personne gay ou trans, à quel moment et pourquoi ?

Jade.cve : 

Mon choix de base était d’être créatrice de contenus sur les réseaux sociaux. Seulement voilà, étant transgenre les gens m’ont assimilée à ça exclusivement. Je suis devenue une militante de la cause malgré moi. Les réseaux, les médias m’ont donnés ce titre, et j’ai choisi de l’assumer et de m’investir par la suite. 

Paul Darbos :

J'ai figuré dans le clip "De l'amour" pour l'association Urgence Homophobie fin 2018 mais je n'ai encore jamais fait de coming-out, ni sur les réseaux sociaux, ni publiquement, alors je le fais ici. Pour moi, le coming-out "public" n'est pas vraiment important, mais je sais que ça peut aider des personnes. A la fin cela reste quelque chose de personnel et tant que l'on sait qui l'on est, c'est l'essentiel.

Des centaines de milliers de personnes vous suivent sur les réseaux sociaux, en quoi pouvez-vous être un rôle modèle pour elles ?

Jade.cve : 

Je suis une femme transgenre. J'ai terminé ma transition et je m’assume. Alors je peux être un modèle de réussite pour d'autres. J’inspire à d’autres le fait d’être forte, parce que je le suis. Je reçois très souvent des messages de jeunes filles transgenres. Elles me disent que grâce à moi elles se sont assumées, que je leur ai prouvées que c’était possible d’y arriver, qu’elles pouvaient être elles-même, comme moi je le suis. 

Paul Darbos : 

Je ne cherche pas à être un "rôle modèle", mais en participant à diverses campagnes LGBT+ et en luttant contre les discriminations en général, cela peut vraiment aider des personnes à s'accepter davantage. L'important est d'être heureux et heureuses, peu importe son genre. 

Instagram, TikTok ou Twitter, avez-vous déjà été victime de la haine sur les réseaux sociaux à cause de votre orientation sexuelle ou identité de genre ?

Jade.cve : 

Chaque jour sur tiktok surtout, je n’ai pas une seule de mes vidéos sous laquelle il n’y a pas une insulte ou une remarque transphobe. Heureusement j’ai plus de gens qui me soutiennent que de gens qui essayent de m’attaquer. Au début les insultes me faisaient très mal. Mais vous savez, à force d’en recevoir chaque jour, l’impact est devenu insignifiant. 

@jade.cve

? ? ##pourtoi ##foryou ##fyp

♬ son original - Lydia

Paul Darbos : J'ai parfois reçu quelques messages haineux sur mon orientation sexuelle mais rien de bien important, je n'y prête pas attention. 

La violence homophobe et transphobe, peut entraîner le pire, avez-vous déjà pensé au suicide comme beaucoup de jeunes LGBT+ ?

Jade.cve : 

C’est l’envie de mourir et d’en finir qui m’a donné la force de débuter ma transition. Après l'avoir commencée, les violences ne m’ont jamais plus donnée envie d’en finir. J’étais si heureuse d’enfin vivre, que rien n’y personne n’aurait pu entacher mon bonheur.

Paul Darbos : 

Ça ne m'est jamais arrivé d'y penser car mon entourage est très tolérant et se moque de mon orientation sexuelle. Tout ce qui lui importe c'est que je sois heureux. Ça me brise le cœur de savoir qu'il y en a qui y pensent et parfois passent vraiment à l'acte. C'est horrible d'en arriver là. Heureusement, il existe des structures comme Le Refuge pour sécuriser les jeunes rejeté.e.s par leurs familles à cause de leur genre ou orientations sexuelles. 

Peut-on être LGBT+ et heureux ?

Jade.cve : 

Bien sûr, même si la vie et les gens ne nous font pas  de cadeaux, s’assumer et être soi-même vous rendra forcément heureux. 

Paul Darbos : 

Être pleinement heureux, c’est difficile en tant que LGBT+… C’est possible seulement si l'on s'assume. Mais c'est compliqué de vraiment s'assumer avec la société dans laquelle nous vivons.

Quelle est la chose ou l’action qui vous rend le plus fier aujourd’hui ?

Jade.cve : 

Un représentant de Marlène Schiappa, la ministre de la citoyenneté française est venu me solliciter pour participer au projet des 109 Mariannes. Dans ce cadre j’ai fait un shooting photos au ministère de l’Intérieur et j’ai été exposée quelques semaines en face du Panthéon à Paris.

Paul Darbos : 

Être autant engagé contre les discriminations envers la communauté LGBT+ me rend fier car c'est un combat de toute une vie.

Lutter contre les discriminations, cela passe par quoi pour vous ?

Jade.cve : 

En parler, donner de la visibilité aux personnes comme nous, leur montrer que nous ne sommes pas différentes, que nous sommes des femmes comme les autres, avec notre propre histoire, notre propre passé, comme tout le monde au final. Chaque personne a une histoire de vie différente, pourquoi la nôtre devrait être rejetée ? 

Paul Darbos : 

Les associations et surtout les réseaux sociaux sont très importants pour lutter contre les discriminations. Cela fait réagir les gens et met en lumière les différents problèmes de la société. Dans le milieu de la musique, des artistes engagé.e.s tels que Hoshi, Bilal Hassani ou encore Angèle font passer des messages à travers leurs chansons, ce qui aide énormément à faire évoluer les mentalités. Alors ce 17 mai 2021 je participe à la campagne Instagram #LoveHasNoDefinition de YOÔ x Urgence Homophobie. Mais pour lutter encore plus contre les discriminations, je ne sais pas ce qu'il faudrait faire… La société doit être plus tolérante. Il n'y a pas de recette miracle et je pense que ce n'est pas prêt d'arriver. Tout viendra avec le temps et le temps est long.

Une idée pour faire en sorte que tous les jours de l’année soient des 17 mai ?

Jade.cve : 

Ne plus avoir besoin du 17 mai ou alors que cette date devienne une journée de reconnaissance des droits au même titre que le 8 mars l’est devenue pour les droits des femmes ; pour rendre hommage à toutes celles et ceux qui se sont battus et se battent encore au quotidien pour les droits de la communauté LGBT+.

Paul Darbos :

Que la société soit plus tolérante et ouverte aux "différences". On voit bien que la haine est toujours présente en France : lorsque j'ai participé à la campagne #EnsembleSurInternet avec JÀAM Paris pendant le premier confinement, il y a eu plus de 500 commentaires négatifs, insultants et menaçants. Et pourtant, cette campagne dénonçait la discrimination en général, pas seulement envers les LGBTQI+. La discrimination est partout, que ce soit dans notre environnement professionel ou dans la vie privée. Je pense qu'il faudrait encore plus de visibilité et dans tous les domaines.

La question bonus, celle que vous aimeriez poser et à qui?

Jade.cve : Je voudrai poser ma question aux homophobes et transphobes : est-ce que vous pensez vraiment comme ça ou c’est votre éducation qui vous a dit de penser de cette façon ? Et si vous pensiez par vous-même? Je veux dire, sans penser à ce qu’on vous dit, juste, vous, votre vrai ressenti ? 

Paul Darbos : J'aimerais pouvoir demander aux dirigeants des pays qui condamnent l'homosexualité ce qui justifie celà leurs yeux. Comment est-ce possible qu'en 2021 il existe toujours des lois contre les personnes LGBTQI+ ? C'est triste de se dire que ces pays n'évoluent pas de ce côté-là. Et il faut vraiment évoluer car "Love is love", tout simplement !

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