La mère de Fiona et son ex-compagnon avaient fait croire à l'enlèvement de cette enfant de cinq ans, avant d'avouer sa mort, lors de leur garde à vue à Perpignan. Ils comparaissent devant les assises du Puy-de-Dôme, sans que le corps de Fiona ait été retrouvé.
Le procès de la mère de Fiona et son ex-compagnon a commencé ce lundi devant les assises du Puy-de-Dôme.
Le père biologique de Fiona veut savoir
"Je veux savoir où est ma fille", a lancé à son arrivée au palais de justice de Riom le père de Fiona, Nicolas Chafoulais, la voix tremblante. Qu'est-il arrivé à cette fillette dont le portrait avait été placardé dans tout Clermont-Ferrand ? Où repose son corps, toujours introuvable plus de trois ans après les faits en dépit de plusieurs campagnes de fouilles ? Autant de questions auxquelles les dix jours du procès de Riom devront tenter de répondre pour faire la lumière sur le calvaire subi par Fiona et déterminer les responsabilités respectives dans sa mort.
30 ans de réclusion criminelle encourus
Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, âgés respectivement de 29 et 35 ans, sont accusés de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineure de moins de 15 ans, par ascendant ou par personne ayant autorité et en réunion, de non-assistance à personne en danger et de recel ou dissimulation de cadavre. Ils encourent 30 ans de réclusion criminelle.
Les 2 accusés ne se sont pas regardés
Vêtue de noir, Cécile Bourgeon a pris place dans le box, les cheveux d'un blond délavé et coupés au carré lui cachant le visage. Hagard, visage émacié et glabre, Berkane Makhlouf, porte une chemise sous un pull gris. Les deux accusés, séparés par un policier, ne se sont pas regardés.
Ils avouent avoir porté des coups
Reconnaissent-ils les faits ?, leur demande le président Dominique Brault en début d'audience. "Je les reconnais, mais pas les coups mortels", a répondu Cécile Bourgeon tandis que son ex-compagnon admettait avoir porté des coups mais pas ceux ayant entraîné la mort de la fillette.
Un mensonge inventé de toutes pièces
Le 12 mai 2013, la mère de Fiona avait déclaré sa disparition dans un parc de Clermont-Ferrand, où elle se trouvait avec sa soeur Eva, deux ans. Enceinte d'un troisième enfant, Cécile Bourgeon avait expliqué s'être assoupie et qu'à son réveil, Fiona avait disparu. Un mensonge inventé de toutes pièces qui mobilisera, outre les enquêteurs, de nombreux habitants de Clermont-Ferrand partis à la recherche de l'enfant, émus par la détresse affichée de la jeune femme. Mais par la suite son attitude calme et détachée intriguent.
Le couple avoue la mort de Fiona à Perpignan
Interrogés quatre mois plus tard dans un commissariat de Perpignan, leur histoire s'effondre. Le couple, connu pour toxicomanie, avoue le décès de l'enfant, la mère et son compagnon s'accusant mutuellement d'avoir porté les coups mortels. Les associations de protection de l'enfance, qui se sont portées parties civiles, soulignent que dans l'histoire criminelle récente, c'est la première fois qu'un procès d'assises se déroule sans le corps de l'enfant.
F3 Languedoc-Roussillon et F3 Auvergne
"Il est temps que Fiona ait une sépulture"
"C'est un peu la particularité et la grande attente de ce procès. Il est temps que Fiona ait une sépulture", déclare Me Marie Grimaud, avocate de l'association Innocence en danger. "Il va falloir arrêter le mensonge, la manipulation", renchérit Me Yves Crespin, avocat de l'association L'enfant bleu et Enfance maltraitée. Comment personne n'a alerté "sur la situation à risque, de grand danger, dans laquelle vivaient ces deux enfants" (Fiona et sa petite soeur Eva)?", s'interroge-t-il.
Après le père de Cécile Bourgeon, sa mère s'est aussi constituée partie civile.
Les accusés disent avoir enterré Fiona
Les ex-concubins ont indiqué aux enquêteurs avoir enterré Fiona, nue, à la lisière d'une forêt près du lac d'Aydat, à une vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Mais ont-ils dit encore une fois toute la vérité ?
Le verdict est attendu le vendredi 25 novembre.