Le mardi 2 février 2016, le trafic SNCF a été fortement perturbé sur la ligne POLT suite à une rupture de caténaire. Des Intercités ont accusé jusqu'à 5 heures de retard. Récit de l'intérieur...
Le train intercité #3660 assurant la liaison entre Brive et Paris venait d'arriver en gare de Vierzon, comme prévu vers 19h ce mardi 2 février 2016. J'étais monté en gare de Limoges dans ce 17h06, plutôt heureuse qu'aucun retard ne soit affiché sur le tableau.
Tout s'annonçait bien. Je voyageais léger, valise pas trop lourde et sacoche sans ordinateur portable, pas la peine de se charger juste pour une journée de réunion à Paris. Un bon bouquin et la tablette devaient faire l'affaire pour le trajet.
Mais...
Mais à Vierzon, l'arrêt de 2mn s'est légèrement prolongé ! La rupture d'une caténaire (câble d'alimentation électrique) survenue à 18h55 entre Salbris et Lamotte-Beuvron a interrompu la circulation ferroviaire et c'est toute la ligne POLT (Paris, Orléans, Limoges, Toulouse) qui a été impactée. Les passagers immobilisés ont du prendre leur mal en patience."Madame, plus d'entretien, plus de personnel, à chaque fois les réparations sont provisoires" a confié l'agent de bord, sincère, qui avait du mal à cacher son dépit, trop habitué à gérer des voyageurs agacés.Ce n'est pas la première fois que ça arrive !", a alors commenté une voyageuse.
Des agents de la SNCF qui sur place ont fait de leur mieux pour nous informer au fil des longues minutes qui s'égrainaient. Je cherchais de mon côté de plus amples renseignements à grand renfort de twitter et de coups de fil, jusqu'à ce que ces minutes se transforment en heures. 2 heures. Ce n'est pas énorme me direz-vous, d'autant que le convoi était tout de même arrêté en gare et pas en rase campagne, et qu'il y avait du chauffage dans les rames... A chaque jingle retentissant sur le quai, les fumeurs qui étaient descendus du train, s'apprêtaient à remonter dans leur wagon... Espérant le message du départ, mais en vain. J'ai écrasé quelques mégots (je sais, ce n'est pas bien).
Garder la cadence
Il fallait attendre les voyageurs en recherche de correspondances pour Paris afin qu'ils nous rejoignent dans ce #3660. Laisser aussi le temps logistique nécessaire pour trouver une solution : comment gagner la capitale ?
Des paniers repas ont été servis : du thon en boîte, des bretzels, une compote et une bouteille d'eau. Le petit sachet de bonbons était le bienvenu. Organisation bien huilée. Sauf...sauf que le #3660 n'en était pas au bout de son périple. Pour contourner la panne, le train a été contraint de faire un léger détour, par Tours... 22h15, arrêt : un peu plus de 40 mn sans courant pour changer la motrice.
Des esprits se sont un peu échauffés sur le quai : difficile peut-être parfois de prendre du recul sur ces événements quand un enfant, un mari ou un parent vous attend, mais nous sommes finalement repartis, dans une autre direction, celle de Fleury-les-Aubrais au nord d'Orléans. A croire que les plateaux "petit déjeuner", distribués dans un premier temps auraient peut-être bientôt leur utilité.
Je n'étais plus dans le sens de la marche, mais c'est un détail.
Les bouteilles d'eau de 50 cl se vidaient peu à peu, en raison sans doute de l'effet "dragibus". Certains de mes compagnons d'infortune tentaient de fermer les yeux quelques secondes avant d'être sortis de leur torpeur par le SMS d'un proche avide de nouvelles.
Je n'avais pas oublié mon chargeur et partageais volontiers la prise de courant avec ma voisine.
De toute façon, pas moyens d'envoyer un mail : réseau indisponible. Les zones blanches de téléphonie sur les lignes ferroviaires, c'est un autre sujet.
Les Aubrais, nouvel arrêt
Nous savions qu'un arrêt "exceptionnel" était annoncé en gare de Fleury-les-Aubrais, mais nous en ignorions la raison et toute le monde s'était bien gardé de demander "combien de temps ?", de crainte sans doute d'accuser le choc !Sur l'application mobile de la SCNF, le #3660 était annoncé à 0h19 à Paris au lieu de 20h19... Déjà 4 heures de retard. Nous avions cependant déjà du retard sur le retard et c'était sans compter sur Les Aubrais-Orléans. Arrivée : 23h55, des voyageurs sont alors descendus de voiture. Départ 0h02... on était déjà demain.
Et dire que j'avais décidé de partir la veille pour ne pas être obligée de prendre le 5h05...
Le reste du voyage s'est passé dans le calme. Nous étions alors (plus ou moins) certains d'arriver à Paris. Ce n'est donc qu'à 1h, soit près de 5h de retard sur l'heure prévue, que l'intercité a pu entrer en gare d'Austerlitz. Plus métro. Plus de RER.
Une fois (enfin) à destination, une prise en charge était organisée pour des transports en taxis (chèque SCNF de 20€) ou des nuits d'hôtel. J'avais déjà une chambre réservée à Issy-les-Moulineaux, j'ai donc opté pour le taxi. Parfois, la SNCF propose parait-il, des nuits dans des wagons couchettes en gare. Je ne sais pas si ce fut le cas ce soir là (ce matin ?). Mon seul regret de ne pas avoir vécu cette ultime expérience est qu'avec un peu de chance (mais en avais-je) j'aurais pu dormir en 1ère classe !
1h38 : Je laissais derrière moi un Paris by night qui ne m'avait pas attendu. Je fouillais alors dans mon sac, il me restait de bonbons."