Des députés mais aussi les groupes socialistes du conseil municipal de Toulouse et de Toulouse Métropole, demandent au gouvernement de revoir sa copie. Pierre Cohen, l'ancien maire PS de Toulouse, se prononce même carrément contre la privatisation.
Le feuilleton de la privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac n'en finit pas de faire réagir : ce qui coince désormais c'est l'absence de garanties que le futur gestionnaire de l'aéroport ne freine pas le développement de l'industrie aéronautique autour du complexe aéroportuaire.
Cest Jean-Louis Chauzy, le président du Conseil économique, social et environnemental régional, qui a levé le lièvre le premier : il estime que l'appel d'offres ne garantie par la pérennité d'Airbus notamment sur le site est demande "la suspension de la procédure d’appel d’offres, la modification du cahier des charges pour introduire des dispositions sécurisant réellement les industriels, les personnels ainsi que les collectivités". Estimant que 80.000 emplois directs ou indirects sont en jeu, Jean-Louis Chauzy dénonce dans un communiqué intitulé "le marché de dupes".
Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse et président du groupe PS au conseil municipal, se prononce lui carrément "contre la privatisation de l'aéroport". "La privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac est un risque pour notre ville et notre région, indique-t-il dans un communiqué. J'ai, à plusieurs reprises, ces quatre dernières années, fait part à l'Etat de mon inquiétude quant à la possibilité que cet équipement majeur, pilier de la dimension internationale de notre ville, soit sacrifié à l'autel de la rentabilité au bénéfice d'un groupe financier. Avec Martin Malvy, Pierre Izard et le Président de la CCI Alain Di Crescenzo , nous avons alerté le Préfet sur les risques que cette cession fait courir au développement d'Airbus, fleuron de notre industrie. L'aéroport Toulouse-Blagnac ne peut être écarté du contrôle de la puissance publique qui, seule, peut être garante de la politique des transports aériens nationaux et internationaux et de la préservation de notre potentiel industriel. La municipalité toulousaine et l'ensemble des élus locaux doivent aujourd'hui se mobiliser pour permettre le maintien d’actionnaires publics et d’acteurs de notre territoire".
Ce mercredi c'est le député PS de la 9ème circonscription Christophe Borgel qui indique dans les colonnes de La Dépêche du Midi que "l'on traite Airbus avec désinvolture". "Je suis interpellé par Airbus, explique-t-il, qui s'étonne de ne pas être mentionné dans le cahier des charges du projet de privatisation de l'aéroport. Là, je le dis, les bras m'en tombent".Les bras m'en tombent"
Christophe Borgel, député PS de Haute-Garonne
En clair, les élus craignent que le futur gestionnaire privé de l'aéroport augmente, par souci de rentabilité, la facture pour qu'Airbus utilise les installations de la plateforme aéroportuaire. "Je rappelle le discours de vérité tenu récemment par les dirigeants d'Airbus, dit Christophe Borgel, et qui mettaient la France et l'Europe en garde sur l'erreur qui consisterait à croire que la situation industrielle d'aujourd'hui est acquise pour toujours !". Comprenez : si rien n'est fait pour garder Airbus à Toulouse, l'avionneur n'aura aucun scrupule à aller assembler ses avions en Chine ou ailleurs.
Claude Raynal, le président du groupe socialiste à Toulouse-Métropole (et désormais sénateur de Haute-Garonne) reste lui plus prudent : il demande des garanties. "La procédure de privatisation de l'aéroport Toulouse-Blagnac soulève des interrogations, écrit-il, notamment quant à la pérennité des conditions dans lesquelles des terrains inclus dans le périmètre de la concession sont mis à disposition d'Airbus. Toutes les garanties doivent être apportées à Airbus afin que le principal employeur de notre métropole puisse poursuivre son développement à Toulouse. Il convient de veiller à ce que la nouvelle concession ne remette pas en cause les modalités de mise à disposition des fonciers nécessaires aujourd'hui et demain au développement du principal avionneur européen. Je demande au Gouvernement de faire le nécessaire en ce sens."