Lourde défaite à Caen, fronde des supporters, flou financier : Gervais Martel, le président du RC Lens annonce du changement à la mi-mars.
Dans une interview à La Voix des Sports ce lundi matin, le président du RC Lens, Gervais Martel affirme que lors de son dernier voyage à Bakou, il a convaincu l'actionnaire principal du club Hafiz Mammadov de "rendre ses parts" : "Hafiz nous a dit qu’il ne voulait pas quitter le club, qu’il voulait l’aider à s’en sortir, mais on voit bien pour l’instant qu’il ne peut pas le faire. (..;) Aujourd’hui, ce qu’il nous a dit, c’est qu’il est quelqu’un d’honnête, et que si vraiment il voyait qu’il ne pouvait toujours pas (payer) à la mi-mars, il rendrait ses parts. Parce que s’il ne verse rien, et qu’il ne rend pas les parts, on est morts. C’est pour ça qu’on est allé lui présenter ça. Notre proposition ne l’a pas fait sauter de joie." Hafiz Mammadov détient 99,9% des parts du RC Lens. C'est donc lui qui est le seul décideur.Mais le président lensois reste flou sur les modalités de ce changement. Les questions sans réponse précise sont nombreuses : Que signifie l'expression "rendre ses parts" ? Mammadov va-t-il céder ses parts pour un euro symbolique alors qu'il a besoin d'argent ? Quelle valeur ont aujourd'hui les parts du RC Lens ? Quelle valeur auront-elles demain si le RC Lens est relégué ? Si Mammadov vend ses parts, qui pourra payer ? Mammadov est-il vraiment enclin à quitter le RC Lens ? Faut-il le croire ? Gervais Martel affirme que l'ambassade de France en Azerbaïdjan l'appuie dans ses démarches pour convaincre l'actionnaire principal de se retirer. Mais de quels moyens dispose-t-elle vraiment pour intervenir dans une affaire privée ?
"Le problème de mon départ, il se posera un jour..."
Gervais Martel, dans son interview à La Voix des Sports, envisage lui déjà la suite et se voit bien en actionnaire de transition : "Il (NDLR : Hafiz Mammadov) rend les parts à moi-même et ensuite, à moi de trouver des solutions avec nos avocats d’affaire pour que d’autres personnes rentrent dans le capital." Et il répond aux critiques des supporters qui ont demandé samedi sa démission en affirmant qu'il ne s'accrocherait pas à son poste de président : "Le problème de mon départ, il se posera un jour, je ne m’accroche pas, je suis revenu pour réussir quelque chose avec mon club, et on a réussi parce qu’on est remontés tout de suite. Même si, depuis, la situation est très difficile…"En décembre dernier, Gervais Martel avait déjà annoncé qu'un changement d'actionnaire pouvait intervenir le 1er janvier. Il n'en a rien été. Le président lensois devra se présenter devant la DNCG fin mai, avec des garanties claires sur le financement de la prochaine saison, le club artésien souffrant depuis des années d'une perte d'exploitation structurelle (elle s'élevait à -20,7 millions d'euros la saison dernière en Ligue 2). Il y a donc urgence. Selon le journal L'Equipe, le RC Lens pourrait même manquer de trésorerie d'ici la fin du championnat.
Où en est Hafiz Mammadov ?
Difficile aujourd'hui de connaître la situation financière exacte d'Hafiz Mammadov. Depuis que le Baghlan Group a échoué à rembourser, en décembre 2013 l'échéance d'un emprunt obligataire, il semble avoir perdu beaucoup de plumes. Ses parts dans Bahar Energy (2/3 du capital), une société chargée de moderniser et d'exploiter des gisements d'hydrocarbures, ont été cédées à ses créanciers (la branche luxembourgeoise de la BNP) en décembre 2014. La banque qu'il possédait avec sa famille - Bank of Azerbaijan - a fait faillite au printemps et a du être recapitalisée par l'Etat. Aux dernières nouvelles, plusieurs agences ont du fermer et ses activités de crédit viennent tout juste de reprendre.Côté sportif, son club du FC Bakou, avant-dernier du championnat d'Azerbaïdjan, est au plus mal. Plusieurs joueurs sont partis au mercato d'hiver car ils n'étaient plus payés, et l'AFFA, la fédération locale de football, a du s'engager à verser les salaires de ceux qui restent jusqu'au mois de mai, par le biais d'un mécanisme de garanties bancaires. Mais il ne s'agit que d'une avance qu'Hafiz Mammadov est censé rembourser.
En revanche, le club "bis" du FC Bakou, le Lokomotiv-Bilajary,qui évoluait en 2e division, a été purement et simplement dissout la semaine dernière, les salaires n'étant plus payés depuis de longs mois. Créé en 2011 autour des moins de 17 ans du FC Bakou, ce club était présidé par Sanan Mammadov, l'un des fils d'Hafiz.