L'avocat général Stéphane Cantero a requis jeudi l'acquittement de Daniel Legrand, qui comparaît à Rennes dans le dernier volet non jugé de l'affaire de pédophilie d'Outreau, pour laquelle il avait déjà été acquitté en 2005 ainsi que 12 autres des 17 accusés.
Daniel Legrand, 33 ans, est en théorie passible de 20 ans de réclusion criminelle pour les faits qui lui sont reprochés. Acquitté en 2005 en tant que majeur, le jeune homme est cette fois poursuivi pour des faits qui auraient été commis avant sa majorité."Je vous demande" d'acquitter "non parce qu'il y a des doutes mais parce que Danielb Legrand est innocent, parce qu'il n'a rien fait !", a lancé M. Cantero aux six jurés, quatre femmes et deux hommes, en concluant son réquisitoire. Daniel Legrand, 33 ans, est en théorie passible de 20 ans de réclusion criminelle pour les faits qui lui sont reprochés. Acquitté en 2005 en tant que majeur, le jeune homme est cette fois poursuivi pour des faits qui auraient été commis avant sa majorité. Le verdict est attendu vendredi.
"Souvenirs reconstruits"
Dans son réquisitoire de deux heures, M. Cantero a comparé l'instruction d'Outreau menée par le juge Fabrice Burgaud à un monde kafkaïen rendant folles les personnes mises en cause, et expliqué ainsi les aveux de culpabilité temporaires de Daniel Legrand. Des aveux sur lesquels les avocats des parties civiles ont principalement appuyé mercredi soir et jeudi matin leurs plaidoiries sur la culpabilité de Daniel Legrand dans des viols et agressions d'enfants commis dans la petite ville d'Outreau (Pas-de-Calais) à la fin des années 90.L'avocat général a en outre estimé que les accusations, récentes, des victimes présumées de Daniel Legrand, les enfants Delay, étaient le fruit de "souvenirs reconstruits", résultant de leur enfance de traumatismes et de viols mais aussi des violences psychologiques vécues lors de l'instruction et des procès.
"Leur dire qu'ils se trompent"
"C'est les respecter aujourd'hui que de leur dire qu'ils se trompent", a-t-il expliqué. Après les avocats de Chérif et Dimitri Delay mercredi soir, ce sont les avocats de Jonathan Delay, troisième des quatre enfants victimes de l'affaire de pédophilie, qui ont tenté de retourner contre lui les "aveux" qu'il avait faits au cours de l'instruction du juge Burgaud fin 2001. Daniel Legrand s'était rétracté début 2002, expliquant avoir voulu démontrer par l'absurde que ses accusateurs mentaient."C'est la première fois que je défends une partie civile où on m'attaque comme si j'étais en défense en train de défendre le pire salaud", a de son côté dénoncé Me Patrice Reviron, autre avocat de Jonathan Delay. "Tout est inversé dans ce dossier !" Pour lui néanmoins, dès lors que Daniel Legrand était mineur à l'époque des faits reprochés, "il n'y a pas de vraie pédophilie". "On vous a dit qu'il était aussi une victime, et je le pense", a-t-il ajouté, tout en soulignant la nécessité de pénaliser les faits.
"Daniel Legrand, c'est un risque, peut être qu'il soit acquitté (...). Je souhaiterais quand même qu'il soit condamné. Le principal, c'est que j'ai été entendu, j'ai été écouté et j'ai pu dire tout ce que j'avais a dire", a réagi Jonathan Delay, 21 ans. Tout au long des débats, les faiblesses de l'instruction d'origine ont été pointées à de nombreuses reprises.
"Dany" Legrand
La question de la parole des enfants, désormais de jeunes hommes d'une vingtaine d'années à qui toutes les parties reconnaissent le statut de victimes de viols répétés dans leur petite enfance, en particulier par leurs parents, a également été au coeur des débats. Chérif, Dimitri et Jonathan ont pour la première fois affirmé, à ce procès de Rennes, que Daniel Legrand faisait bien partie de leurs agresseurs, accusant également plusieurs des autres acquittés.Mais leur mère, Myriam Badaoui, principale accusatrice de cette affaire, a témoigné à Rennes, tout comme les trois autres condamnés, que Daniel Legrand n'avait pas participé aux viols et qu'elle ne le connaissait pas avant l'instruction. Le réquisitoire devait être suivi par les plaidoiries de la défense, une demi-douzaine de ténors, notamment du barreau de Lille, qui défendaient plusieurs des acquittés de cette affaire, mais ces derniers pouvaient aussi y renoncer suite au réquisitoire d'acquittement de l'avocat général.