La Nordiste Sandrine Rousseau sort du silence pour dénoncer les agressions sexuelles dont elle a été victime de la part de Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée nationale et député ex-EELV. Trois autres femmes ont accepté de témoigner comme elle à visage découvert.
"Il m’a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine et a tenté de m’embrasser dans le couloir, durant une pause alors que j’animais une réunion. J’en ai parlé à deux membres de la direction du parti. L’un m’a dit : "Ah il a recommencé". L’autre : "ce sont des choses qui arrivent très souvent".
Les faits racontés par Sandrine Rousseau se sont déroulés à Montreuil, en octobre 2011. L'ex-candidate EELV aux régionales et actuelle porte-parole du parti écologiste a choisi de briser le silence, et de témoigner de faits d'agression sexuelle de la part de Denis Baupin. Elle n'est pas la seule à mettre en cause le vice-président de l'Assemblée nationale et député ex-EELV.
Plusieurs témoignages anonymes par peur des représailles
Elles sont quatre à témoigner à visage découvert dans une enquête de plusieurs mois menée conjointement par Médiapart et France Inter. D’autres femmes, souvent collaboratrices ou salariées, ont préféré conserver l’anonymat par peur de représailles, mais racontent les mêmes faits d'agressions ou de harcèlement sexuel.Ce lundi matin, Sandrine Rousseau a accepté de nous recevoir. Voici son interview.
La photo qui a fait déborder le vase
C'est une photo qui a fait sortir du silence ces élues, collaboratrices et salariées du parti écologiste. Le 8 mars dernier, à l'occasion de la journée de la femme, Denis Baupin pose aux cotés d'autres personnalités politiques, du rouge sur les lèvres, pour la campagne "Mettez du rouge" destinée à s'engager contre les violences faites aux femmes. Une photo qu'il s'empresse de publier sur son compte twitter (il est le deuxième en partant de la gauche).#mettezdurouge contre les violences faites aux femmes. Des députés s'engagent #8mars https://t.co/nN6PtOl22P pic.twitter.com/XGoVOKnzaY
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 8 mars 2016
"Ce qu'on a toutes vu dans ce cliché ce n'est pas du tout quelqu'un qui défendaient les femmes, mais quelqu'un qui venait d'en agresser une", témoigne Sandrine Rousseau. La porte-parole EELV a choisi de briser le silence non pas pour elle, les faits sont prescrits, mais pour faire avancer les choses en matière de sexisme et de harcèlement sexuel, dans le monde politique en particulier.
On se passe des consignes entre femmes : "si tu prends l'ascenseur avec lui, fait attention"
"J'en ai vraiment marre qu'on se passe des consignes entre femmes, parce que c'est ce qui se passe en réalité. On se disait :"si tu prends l'ascenseur avec lui, fait attention, ou "protège-toi si tu restes au bureau seul le soir, enferme toi". Ce n'est pas à la dizaine de femmes qu'il croise tous les jours de changer d'attitude, c'est vraiment à lui", s'indigne-t-elle.
Aucun parti politique n'a jamais pris la moindre initiative pour savoir qui sont ces personnes, comment les sanctionner, quoi faire.
"L'autre chose qui m'a convaincue de témoigner c'est qu'il y'a un an maintenant des journalistes politiques femmes avaient écrit une tribune en dénonçant des faits de sexisme, de violence ou de harcèlement, " poursuit Sandrine Rousseau. "Elles dénonçaient le fait que tous les partis politiques sans aucune exception étaient concernés par le les anecdotes qu'elle relataient. Or aucun parti politique n'a jamais pris la moindre initiative pour savoir qui sont ces personnes, comment les sanctionner, quoi faire. Finalement, nous sommes les seuls à avoir un tout petit peu fait quelque chose, en mettant notamment en place une adresse mail. Nous sommes dans une impunité totale. Il faut que ça cesse."