Moins connue et peuplée que les camps de Calais et Grande-Synthe, la "mini-Jungle" de Steenvoorde, dans les Flandres, abrite actuellement près d'une centaine de migrants. Depuis 2008, des bénévoles ont mis en place un accueil de jour dans la maison paroissiale de la commune.

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Le camp se trouve dans un petit bosquet, sur un terrain privé situé à quelques centaines de mètres à peine de l'aire d'autoroute de Saint-Laurent, le long de l'A25. Steenvoorde se trouve à 70km de Calais. Si des migrants se sont installés depuis plusieurs années dans cette petite "Jungle", comme ils l'appellent, c'est dans l'espoir de pouvoir embarquer, à la nuit tombée, dans un camion qui leur permettra de traverser la Manche et de rejoindre l'Angleterre. "Les migrants sont arrivés ici parce qu'il y a l'aire d'autoroute de Saint-Laurent, où il y a des camions qui s'arrêtent", rappelle l'abbé Bertrand Lener, ancien curé de la commune et vice-président de l'association Terre d'Errance qui a ouvert en 2008 un accueil de jour dans la maison paroissiale. "Si vous fermez l'aire d'autoroute, les migrants partiront. La preuve en est, c'est que lorsqu'il y a eu la réfection de l'A25 en mai/juin 2009, l'aire d'autoroute a été fermée et les migrants sont partis. Et ils sont revenus tout de suite après, dès la réouverture". "Nous, on est là pour une action humanitaire", ajoute-t-il. "On voit des migrants qui vivent dehors, dans des conditions indignes, alors on leur vient en aide".

"Entre 80 et 90 migrants"

Les migrants ne sont qu'en transit à Steenvoorde dans leur route vers l'Angleterre. Il y a encore deux ans, il n'était qu'une vingtaine sur la commune et les bénévoles de Terre d'Errance voyaient régulièrement de nouveaux visages. Depuis les travaux entrepris sur le port de Calais et le site d'Eurotunnel et le renforcement des contrôles policiers, le passage vers l'Angleterre est de plus en plus difficile. Conséquence : le nombre de migrants à Steenvoorde est passé à près d'une centaine de personnes, "entre 80 et 90" estime Damien Defrance, le président de l'association.  Et les visages commencent à devenir familiers... ceux de migrants africains, des Eythréens et des Soudanais pour la plupart.


Taha, un enseignant de 40 ans, a fui le Soudan pour retrouver des membres de sa famille qui vivent en Grande-Bretagne. Il a embarqué en Libye pour rejoindre l'Europe. Son bateau, nous a-t-il expliqué, a fait naufrage en Crète. Depuis six mois, il est bloqué en France, où il ne veut pas rester. Il aimerait trouver un moyen "légal" et "digne" de se rendre de l'autre côté de la Manche, mais rien n'avance. A son arrivée, il a passé 10 jours à Calais dans le camp surpeuplé de la "Jungle" et a préféré rebrousser chemin jusqu'à Steenvoorde, où la vie est un peu plus tranquille pour les migrants. "Ici, les bénévoles et les gens de l'Eglise ne nous font pas ressentir que nous sommes différents", nous confie-t-il. "Beaucoup d'entre nous ne sont pas chrétiens. Il y a des différences entre chrétiens et musulmans. Et pourtant, ici, on vit en coopération et de manière paisible".

Depuis 2008, seuls 30 migrants passés par Steenvoorde ont demandé l'asile

A l'accueil de jour mis en place entre 8h et 18h, à la maison paroissiale, au pied de l'église de Steenvoorde, les migrants vivent de façon autonome. Ils peuvent jouer aux cartes, recharger leurs téléphones, faire la cuisine, prendre une douche et laver leur linge. Les bénévoles de Terre d'Errance leur fournissent de la nourriture et des vêtements propres et secs. Régulièrement, des médecins passent leur dispenser des soins. Et des agents de la préfecture viennent aussi leur proposer de faire leur demande d'asile en France. Ce que la plupart refuse. "On n'a pas beaucoup de candidats", confirme Damien Defrance, le président de l'association. "Leur objectif, c'est l'Angleterre. ​Depuis que le début de notre association fin 2008, on a environ 30 personnes qui ont demandé l'asile et qui ont obtenu un statut de réfugié. C'est minime par rapport au nombre de gens qui sont passés ici."     
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