Une vague de froid arrive lundi sur notre région et la quasi-totalité de la France, la première de cette ampleur depuis 2012. En conséquence, des mesures exceptionnelles ont été prises par l'Etat et EDF.
La vague de froid arrive. Les températures seront inférieures de "quatre à huit degrés" aux normales saisonnières, selon Météo-France.
Mercredi, le froid s'intensifie avec des minimales de l'ordre de -5 à -7 degrés dans les terres et -2 à -4 sur le littoral.
Des mesures pour les SDF
Le ministre de l'Intérieur a appelé les citoyens, "dès qu'ils verront dans les prochains jours des personnes en situation de détresse" à composer le 115, numéro d'urgence destiné aux sans-abri. Celui-ci, régulièrement saturé, "va être dimensionné pour recevoir ces appels",s'est engagé le ministre. En décembre, plus de 23.000 personnes dans 45 départements avaient appelé le 115, et "moins d'une personne sur deux avait été prise en charge" selon la Fnars, fédération d'associations luttant contre la pauvreté.
"S'il y avait la moindre difficulté" à joindre le 115, "il faut appeler le 15", numéro du Samu, a conseillé le ministre de l'Intérieur. Face à cette vague de froid, un "bilan quotidien des besoins" est établi avec les préfets. Ce pilotage prévoit également la mobilisation de "places exceptionnelles nécessaires et les renforcements d'effectifs correspondants" ainsi que "la pleine mobilisation des collectivités territoriales et des grands opérateurs associatifs (mobilisation de gymnases, salles communales, accueils de jour etc.)". Les maraudes vont être intensifiées.
Personne ne devra rester dans la rue, ni sans domicile fixe, ni migrant
Bruno Le Roux a insisté sur le fait que "personne ne devra rester dans la rue...". Des salles ont été réquisitionnées. A Halluin, c'est le gymnase municipal qui a été mis à disposition par le maire de la commune. 56 familles ont été envoyées ici par le 115 dans le cadre du plan grand froid, dès samedi soir. Ce gymnase initialement réquisitionné jusqu'à mardi pourrait rester ouvert un peu plus longtemps en fonction des températures.
Un reportage de Didier Pithon et Frédérik Giltay
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©F3 Nord
Des précautions à prendre notamment pour les plus fragiles
"Ces situations climatiques nécessitent une vigilance accrue, notamment pour prévenir les intoxications au monoxyde de carbone" a rappelé Marisol Touraine. Pour éviter les intoxications au monoxyde de carbone, la ministre de la Santé a demandé qu'un spot de prévention soit diffusé à partir de ce week-end par les stations de radio. Plus de 3.600 personnes ont été intoxiquées l'hiver dernier par le monoxyde de carbone, un gaz incolore et inodore, la plupart du temps produit par un chauffage ou une ventilation défectueuse.Le symptômes sont des maux de tête, de la fatigue et des nausées et dans les cas graves, l'intoxication peu conduire au coma et à la mort en quelques minutes. Pour réduire ce risque, le ministère recommande de ne pas se chauffer avec des appareils non destinés à cet usage (réchaud de camping, four, brasero), d'aérer quotidiennement l'habitation et de ne jamais utiliser un chauffage d'appoint à
combustion de façon prolongée.
Pour ce qui est du froid et de la neige, le ministère demande aux personnes âgées ou à risques de limiter les activités extérieures et aux parents d'être particulièrement vigilants avec les nourrissons et les enfants lorsqu'ils doivent sortir. Le ministère met également en garde contre les risques de chutes liés à la neige, rappelant que les conséquences peuvent être graves (fractures, traumatismes), notamment chez les personnes âgées.
La vague de froid survient alors que le pays est au plus fort d'une épidémie de grippe saisonnière qui a déjà touché plus de 700.000 personnes et provoqué des engorgements dans les hôpitaux.
Des mesures exceptionnelles concernant la consommation électrique
Les Français pourraient être appelés à la rescousse et incités à économiser l'électricité dès mardi prochain pour éviter une rupture d'approvisionnement. "Les marges disponibles pour répondre aux besoins en électricité - à partir de mardi et jusqu'à vendredi (prochains) - seront réduites", a alerté vendredi le gestionnaire du réseau de transport de courant RTE. Cette tension s'explique par une consommation de courant attendue en hausse pour alimenter les chauffages à cause du froid et un parc de production diminué avec plusieurs réacteurs à l'arrêt pour des contrôles de sûreté ou d'autres motifs.RTE avait anticipé dès le mois de novembre dernier que la France courait ce risque. "Concernant la journée de mardi, en fonction de l'évolution des températures (...), il est possible que RTE utilise une partie des solutions graduelles exceptionelles que nous avions anticipées", a-t-il précisé. "A ce stade (...) il n'y a pas de coupures (d'électricité) programmées", a toutefois voulu rassurer un porte-parole de RTE lors d'une conférence téléphonique. Le gestionnaire du réseau va dans un premier temps en appeler à une mobilisation
des Français.
Une alerte devrait être diffusée, via les médias et les réseaux sociaux, la veille pour le lendemain, encourageant les Français à réduire leur consommation pendant les heures de pointe, entre 8H00 et 13H00, puis entre 18H00 et 20H00. Eteindre la lumière dans les pièces vides, baisser la température d'un ou deux degrés dans le logement: ces "gestes simples" permettraient d'"avoir au minimum 2.000 à 3.000 MW de consommation d'électricité réduite", a assuré le porte-parole de RTE, soit l'équivalent de deux à trois réacteurs nucléaires.
"Plus la mobilisation est importante (...) et moins nous aurons à utiliser les solutions suivantes", a-t-il ajouté. En novembre, en alertant pour la première fois sur les risques pour l'approvisionnement en électricité cet hiver en cas de grand froid, RTE a hiérarchisé les "mesures exceptionnelles" à sa disposition.
Une prochaine étape consisterait à demander à 21 sites industriels volontaires d'arrêter leur activité, le temps de passer une pointe. Ils représentent une capacité d'environ 1.500 MW d'économie. Si cela ne suffit pas, le gestionnaire pourrait réduire la tension sur le réseau
de 5%, sans interrompre l'alimentation en électricité. Cela se traduirait par exemple par une moindre intensité de la lumière.
En dernier recours, il n'excluerait pas des coupures momentanées, une piste écartée pour l'instant."L'usage d'une partie seulement de ces solutions exceptionnelles devrait suffire", assure son porte-parole.
Il reste aussi prudent sur la probabilité d'avoir à mettre en place ces mesures, car les prévisions météorologiques "sont encore évolutives". "Les prévisions de consommation seront affinées quotidiennement" et le gestionnaire du réseau restera "très attentif à l'évolution de la situation". La sécurité de l'approvisionnement électrique, qui repose sur un équilibre permanent entre consommation et production, est en effet un calcul de précision. Météo-France prévoit des températures entre 6 et 8 degrés inférieures aux normales saisonnières la semaine prochaine, et RTE anticipe une hausse de la consommation de courant pour le chauffage, avec une pointe estimée à 93.400 mégawatts (MW) mardi et qui pourrait atteindre 100.000 MW mercredi et jeudi, soit pas très loin du record historique de février 2012 (102.000 MW).
En face, il table sur une capacité de production moyenne de 85.000 MW, sur un parc de production total de plus de 129.000 MW, à laquelle s'ajoutera une capacité d'importation de courant, venu de nos voisins, de 5.000 MW. Cinq réacteurs seront en effet à l'arrêt la semaine prochaine, représentant une perte de capacité d'environ 5.500 MW. Il y aurait pu en avoir plus mais l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé jeudi soir EDF à reporter de deux semaines l'arrêt d'un réacteur de la centrale de Civaux sur lequel elle doit faire des contrôles.