Les Jeux olympiques 2016 arrivent à grand pas. À cette occasion, la rédaction web de France 3 Nord Pas-de-Calais vous présente les sportifs qui défendront les couleurs nordistes à Rio. Aujourd’hui Mathieu Bauderlique, boxeur d’Hénin-Beaumont, élégant et puissant.
L’olympisme nous raconte de croquantes histoires. Ses athlètes, simples et accessibles, demeurent souvent très loin des paillettes. Le boxeur Mathieu Bauderlique illustre parfaitement l’amabilité de ces sportifs qui donnent beaucoup dans leur vie quotidienne. Champion du monde des -81 kilos en septembre dernier, Mathieu débarque à Rio avec beaucoup d’ambition : "je ne vous cache pas que je rêve de l’or nuit et jour. J’ai fait une bonne préparation physique, je suis sûr de mes forces. Il ne me reste plus que quelques détailles techniques à peaufiner avant de me lancer. C’est une chance exceptionnelle de représenter la France aux jeux. Je suis impatient de vivre ce moment pour en découdre."
Sportif né
Mathieu Bauderlique n’a pas pris la boxe comme une évidence. Touche à tout, il a attendu ses 14 ans avant que son père le mette devant le fait accompli en lui proposant de reprendre sérieusement le sport. "J’avais de mauvais résultats scolaires. J’avais besoin d’avancer pour apprendre à me connaître. J’avais déjà testé le football, l’athlétisme, le handball… Mon père, ancien boxeur amateur, m’a fait choisir entre le judo et la boxe, deux sports de contact et de combat permettant de canaliser mon agressivité." Les exploits d’Éric qui l’ont bercé ont finalement pesé : Mathieu a opté pour les gants.La boxe pour se construire
Lucide et très à l’aise, Mathieu a conscience que son sport l’a beaucoup aidé. "Je suis patient, parfois trop généreux et impulsif. La boxe m’a apporté une maîtrise de moi-même et elle a forgé mon caractère. Sur le ring, je me considère comme un boxeur offensif. Je joue de mon physique et j’essaie de mettre de l’intensité. Je frappe plus vite et je me déplace beaucoup." D’une voix tranquille, il en parle des étoiles dans les yeux. "J'accroche aux valeurs de respect véhiculées par ce sport. On se met des coups, mais on se prend dans les bras à la fin du combat pour se féliciter. C’est beau."De professionnel à amateur, d’incessants aller-retour
Rongé par la désillusion, Mathieu pense à arrêter sa carrière. Revigoré par son entourage, il devient professionnel quelques mois plus tard. Si la fédération internationale de boxe amateur permet depuis peu aux professionnels de participer aux JO. Elle leur impose de revenir à des combats de 3 rounds à la place des douze réglementaires chez les pros. "C'est comme si vous passiez subitement du marathon au sprint", commente Mathieu. "C’est très court, vous n’avez pas le temps d’observer votre adversaire et de poser votre boxe. Il faut immédiatement mettre du rythme et être décisif pour que les juges vous regardent et vous apprécient." Mathieu reste un combattant qui n’hésite pas à aller au charbon : "la douleur fait parti de la vie de tous les jours. Les entraînements nous aident à passer ce cap."Très entouré
Proche de son club et de sa famille, Mathieu ressent la nécessité de revenir à Billy-Montigny dès qu’il peut. "Je reste à l’écoute des précieux conseils de mes parents. Le cocon familial me permet de me ressourcer et garder la tête sur les épaules." Il va même jusqu’à aider l’entreprise de literie de prestige de ses parents en s’occupant des achats. "Avec le boulot je garde un équilibre et je dispose d’un pécule supplémentaire. On ne peut pas vivre en France avec la seule licence de boxe professionnelle." Par-dessus tout, le boxeur ne tarit pas d’éloge sur son entraîneur au club d’Hénin-Beaumont. "J’ai beaucoup d’affinité avec Mohamed. Il m’a construit en tant qu’homme et m’a permis de gagner en maturité. J’ai grandi avec lui, c’est mon deuxième père. C’est quelqu’un de simple et humain qui fait beaucoup pour la jeunesse. Il a le cœur sur la main.""On est fait pour vivre ensemble"
Mathieu accorde une grande importance à sa vie sociale et s’implique dans ses relations. "Je prends les gens comme ils sont. Chacun à son caractère et ses spécificités, mais il ne faut pas s’arrêter à nos différences. On va tous aux toilettes, non ? Nous devons apprendre à nous connaître et cesser de juger au premier abord." À Rio, dans la catégorie mi-lourd, il oubliera les caprices de sa "peau de bébé qui s’éclate facilement", selon les dires de son entraîneur. Et il tapera sur le rythme qui lui plaira. Avec l’objectif de consoler ses adversaires.Les dates clés
3 juillet 1989 : naissance à Billy-Montigny2007 : champion de France junior
2009 : champion de France sénior
2013 : devient professionnel
19 septembre 2015 : champion du monde APB mi-lourd (-81 kilos)