Les syndicats et direction se réunissent ce mardi matin à Roscoff (Finistère) pour tenter de débloquer le conflit entamé le 13 septembre et qui a eu pour conséquence le blocage des navires de la compagnie.
La direction de la compagnie, contactée hier soir par l'AFP, s'est refusée à tout commentaire sur cette réunion "tant qu'une décision n'aura pas été prise".
"Nous allons tenter de nous mettre d'accord sur un accord cadre qui traitera du temps de travail, de l'emploi et des salaires", a expliqué à l'AFP Jean-Paul Corbel, délégué CFDT. "Il s'agit de trouver la façon dont on va se sortir de cette impasse qui, je le rappelle, est à l'initiative de l'entreprise".
Si les négociations sont rouvertes ce matin, la direction pourrait lever l'immobilisation des bateaux.
Les marins témoignent de leur "malaise"
"Quand la Brittany Ferries nous a dit: "vous restez à quai", c'était énorme, tout le monde s'est retrouvé démoralisé", témoignait lundi un des marins de la compagnie. On s'est sentis coupables", a raconté à l'AFP Jérôme Villemin, 43 ans, maître mécanicien à bord du Pont Aven immobilisé à Brest. "Mais il fallait en passer par là et personne ne regrette ce qui a été fait", a-t-il poursuivi.
La compagnie, qui dessert la Grande-Bretagne, l'Irlande et l'Espagne, a décidé vendredi dernier d'immobiliser ses bateaux jusqu'à nouvel ordre en raison des grèves à répétition de son personnel navigant opposé à des réductions de salaires.
Elle a intimé l'ordre aux marins de quitter les navires, ce que ces derniers ont refusé de faire.
"Un marin ne peut pas quitter son bateau comme ça, c'est impossible !", a expliqué Jérôme Villemin.
Confrontée à des difficultés financières depuis plusieurs années, la Brittany Ferries avait annoncé début juin la suppression de traversées avant et après saison et la réduction des coûts salariaux.
Mais le personnel naviguant ne veut pas renoncer à certaines primes et surtout exige que leur montant soit proportionnel aux salaires. Il souhaite aussi que la direction adopte une clause de "retour à meilleure fortune", à savoir que les efforts consentis en termes de salaires soient limités dans le temps jusqu'à ce que les finances de la compagnie aillent mieux.
Voir le reportage de France 3 Bretagne tourné lundi 24 septembre sur les raisons du conflit
"Travailler plus pour gagner moins"
"On est prêts à donner, c'est ça qu'il faut bien comprendre, on est tous prêts à donner quelque chose, mais pas n'importe comment et pas à n'importe quel prix", a assuré M. Villemin. Brittany Ferries, "c'est viscéral chez nous", a-t-il indiqué, visiblement ému.
"On devrait travailler plus pour gagner moins!" s'insurge de son côté Marlène Diez, 32 ans, hôtesse à bord du même navire, expliquant qu'on veut lui retirer 126 euros sur un salaire de 1.250 euros nets par mois, tout en augmentant sa charge de travail qui pourrait à terme avoisiner les 14 heures par jour.
La jeune femme explique travailler, comme tous les marins de la compagnie, une semaine sur deux, mais assure que "la semaine de repos est bien méritée".
La direction de la compagnie, contactée par l'AFP, s'est refusée à tout commentaire sur la réunion prévue mardi "tant qu'une décision n'aura pas été prise".
"Nous allons tenter de nous mettre d'accord sur un accord cadre qui traitera du temps de travail, de l'emploi et des salaires", a expliqué à l'AFP Jean-Paul Corbel, délégué CFDT. "Il s'agit de trouver la façon dont on va se sortir de cette impasse qui, je le rappelle, est à l'initiative de l'entreprise".
Depuis vendredi et l'arrêt des ferries, les passagers de la Brittany Ferries ont été réorientés vers les compagnies de ferry opérant sur Calais (Pas-de-Calais), un manque à gagner qui va se chiffrer en millions d'euros, selon la compagnie bretonne.
La Brittany Ferries, créée en 1973, revendique 2,6 millions de passagers transportés par an, dont 85% de Britanniques.