La crise de succession de Bernard Thibault s'est dénouée mardi : Thierry Lepaon a été adoubé par la direction, sur proposition du secrétaire général Bernard Thibault.
Thierry Lepaon succédera en mars avec pour lourde tâche de rassembler un syndicat meurtri par des mois de querelles.
Devant la Commission exécutive (direction), M. Thibault a proposé la candidature de Thierry Lepaon, 52 ans, chef de file de la CGT au Conseil économique, social et environnemental (Cese) et ex-salarié de Moulinex.
Ce choix a été acquis "par 42 voix en faveur de Thierry Lepaon, sept abstentions et aucune voix contre", a précisé M. Thibault à l'AFP.
Certes l'avis de la commission exécutive n'est qu'"une étape dans le processus", reconnaît-il, puisque c'est le Comité confédéral national (CCN, parlement du syndicat) qui aura le dernier mot les 6 et 7 novembre. Cette instance avait infligé un camouflet en mai au secrétaire général en rejetant sa candidate Nadine Prigent.
Mais cette fois M. Thibault est confiant: "Il est probable" que le CCN "reprenne à son compte" le choix de M. Lepaon. "Il me semble qu'avec un avis aussi massif, favorable de la commission exécutive, le cap est fixé", a-t-il fait valoir.
Un candidat par défaut
M. Lepaon apparaît comme une bouée de sauvetage alors que cadres et dirigeants souhaitent mettre un terme à la crise qui affaiblit le premier syndicat français au moment où le gouvernement socialiste a lancé le dialogue social.
C'est au Congrès de Toulouse, du 18 au 22 mars, que M. Lepaon, qui a commencé à travailler à 17 ans comme soudeur et s'est fait un nom comme défenseur des salariés de Moulinex en 2001, sera intronisé à la tête de la CGT.
Pour ce mandat, il apparaît comme le candidat par défaut et devra faire preuve de talent pour rassembler.
Pour M. Thibault, il a les qualités requises : "c'est quelqu'un qui sait faire travailler un collectif". "Il fait partie de ceux qui ont cette capacité de réunir l'organisation même lorsqu'elle est traversée de débats".
L'ex-chaudronnier est attendu en particulier sur une réforme de l'organisation bde la direction, sujet au menu de Commission exécutive mardi après-midi.
Ce débat permettra à Thierry Lepaon de "réfléchir à des évolutions, qu'il s'agisse de la composition du bureau confédéral ou de l'organisation du travail interne de la confédération", a souligné M. Thibault auprès de l'AFP.
"Pas de rupture"
Pour ce qui est de la stratégie, M. Lepaon a déjà indiqué qu'il n'y aurait pas de rupture avec celle de M. Thibault, artisan de la modernisation de la CGT et
de sa prise de distance vis-à-vis du PCF. "Il n'y aura pas de rupture entre ce qu'il a fait et ce que je ferai", a-t-il dit à l'AFP.
Depuis l'annonce par l'ex-cheminot en janvier qu'il ne briguerait pas à Toulouse un cinquième mandat, qu'il dirige depuis 1999, la course à sa succession s'est transformée en crise ouverte.
Désireux de voir une femme lui succéder, M. Thibault avait mis en avant l'ex-infirmière Nadine Prigent. Mais une grande partie des Fédérations soutenaient Eric Aubin, chargé du dossier des retraites, qui faisait ouvertement campagne, au grand dam du numéro un, opposé à cette méthode. De son côté, Agnès Naton, directrice de NVO, magazine de la CGT, s'était mise sur les rangs sans succès.
M. Thibault a conclu qu'aucun des trois n'était en mesure de rassembler le syndicat. Faisant son deuil de voir une femme lui succéder, il a mis en avant M. Lepaon.
C'est la première fois que la CGT est confrontée à une telle crise: pendant longtemps ce n'était pas elle qui choisissait son secrétaire général, mais le Parti communiste.
Pour la première fois, en 1999, le choix s'est fait de manière autonome et c'est l'ex-cheminot, auréolé de son rôle dans la grève de 1995, qui a pris les rênes
du syndicat. Il sera réélu trois fois.