Cinq ans de prison ont été requis à l'encontre de la femme de 56 ans soupçonnée d'avoir été le gourou d'une secte à Lisieux (Calvados). La décision a été mise en délibéré.
Le Procureur de la République de Lisieux, Bruno Dieudonné, a requis la peine maximale : cinq ans de prison à l'encontre de Françoise Dercle, cette ancienne enseignante qui comparaissait en correctionnelle pour "abus frauduleux de l'ignorance ou de la faiblesse d'un tiers", dans le cadre de la loi About-Picard de 2001 contre les dérives sectaires.
Françoise Dercle est accusée d’avoir placé sous son emprise, dans une maison de Lisieux, une vingtaine de membres de la secte baptisée "Le Parc d’accueil", de 2002 à 2007. (Lire des témoignages sur le site de l'Unadfi).
"Vous avez instauré un système totalitaire", a lancé le Procureur à la prévenue, "Cette affaire, c'est le triomphe de la loi sur l'oscurantisme".
Fait inhabituel, le Procureur s'était d'abord tourné vers les parties civiles, des anciens membres de cette communauté de Lisieux, des gens considérés comme des victimes mais qui furent, au début de l'affaire, mis en examen pour complicité.
Il leur a dit " Vous êtes victimes et rien d’autre. La justice s’est trompée, elle vous doit des excuses sincères ».
Le procureur a également demandé au tribunal l’interdiction pour Françoise Dercle d’exercer une fonction publique pendant 5 ans, l’interdiction d’exercer ses droits civils, civiques et de famille pendant 5 ans, et la confiscation des deux immeubles.
La décision du tribunal a été mise en délibéré au 22 janvier 2013.
Le tribunal n'a pas demandé de mandat de dépôt, la prévenue, qui comparaissait libre, est donc ressortie libre du tribunal.
Résumé de cette troisième journée d'audience, par Laurent Marvyle et Guillaume Legouic
(intervenants Me Ingrid Jullienne, avocate d'une partie civile, Me Eric Schneider avocat de la prévenue)
"On était dans une vibration"
Françoise Dercle, qui s'est dite sans profession est une ancienne enseignante d'anglais qui travaillait pour une association s'occupant de jeunes désocialisés.
Cette mère de trois enfants est accusée d'avoir volé près de 400.000 euros à ses adeptes.
Selon Me Pascal Rouiller, avocat d'une des victimes présumées et de sa famille, parties civiles, "les anciens adeptes rapportent avoir connu l'enfer d'une prison mentale sur fond de violences morales, physiques et sexuelles, fruit d'une emprise totale de la part du gourou".
Selon l'avocat la prévenue a notamment déclaré mardi au tribunal "Oui, j'ai demandé à des mères d'avoir des rapports sexuels avec leurs fils, mais on était dans une vibration, on était dans une autre dimension, la cinquième..."
Une vingtaine de personnes se sont portées partie civile. Douze avocats se sont succédé mardi à la barre pour les représenter.
Les faits reprochés se sont déroulés entre 2002 et 2007, mais des videos montrées à l'audience mardi laissent penser que la prévenue qui se présentait tantôt comme l'incarnation de Dieu tantôt comme son épouse a continué ensuite à exercer les activités qui lui sont reprochées, selon le parquet.