Opposant de la première heure au mariage homosexuel, orateur opiniâtre mais courtois à l'Assemblée, le député UMP de la Manche Philippe Gosselin est un personnage jovial, "papiste", adepte de twitter. Portrait.
L'un des deux principaux porte-voix de l'UMP contre le mariage homosexuel dans l'hémicycle a été l'un des fondateurs, en 2005, du collectif des maires pour l'enfance.
Ils étaient alors cinq maires à réagir au mariage à Bègles de deux hommes par Noël Mamère un an plus tôt - annulé ensuite par la justice -, en proposant une pétition "des maires qui disent non au mariage homosexuel". Philippe Gosselin est le seul à être entre temps devenu député, en 2007.
Durant les 10 jours de débat marathon sur le mariage homosexuel achevé samedi, ce catholique de 46 ans a multiplié nuit et jour prises de parole et tweets pour défendre sa vision de la société. Il s'agissait au contraire de "faire de la flibuste" et de "ralentir le débat", estime le député PS de Caen, Philippe Duron, sur son compte twitter.
"Aujourd'hui, c'est le mariage, l'adoption; demain, ce sera la PMA (procréation médicalement assistée) et la question des mères porteuses qui est toujours posée", a argumenté inlassablement ce père de cinq enfants né à Carentan (Manche).
Diplômé de Sciences Po, titulaire d'un DEA de droit public, il craint une "marchandisation du corps" de la femme, même si le président de la République est "fermement opposé" à la gestation pour autrui.
"Votre projet, a-t-il lancé le 30 janvier, c'est une offensive ultra libérale, voire libertaire, comme on n'en a pas connu depuis mai 68!", a lancé ce fils d'agriculteur et d'une secrétaire médicale, "fondamentalement de droite", une droite plus républicaine que libérale.
Imitateur de Jacques Chirac et de François Mitterrand
Le ton est néanmoins demeuré courtois, voire humoristique. Le député de la Manche a déclenché mardi un fou rire de la ministre de la Justice Christine Taubira qui a fait le buzz sur internet, dans un contexte d'épuisement des députés et des membres du gouvernement mobilisés jours et nuits par le projet de loi. Les deux ne s'en tiennent pas rigueur d'ailleurs.
Le maire de Rémilly-sur-Lozon, capable de se présenter au micro de l'hémicycle comme un "orateur éconduit à défaut d'être amoureux transi", est par ailleurs réputé aussi bien dans les couloirs de l'Assemblée que dans la Manche pour ses imitations de Jacques Chirac ou de François Mitterrand.
"Il est respecteux de ses interlocuteurs, plus policé qu'Hervé Mariton", l'autre orateur de l'UMP à l'assemblée sur le mariage homosexuel, reconnaît le député PS de la Manche, Stéphane Travert.
Mais pour l'élu de la majorité, Philippe Gosselin, proche de Jean-François Copé, n'en demeure pas moins un "conservateur", "traditionaliste" qui "incarne une forme d'ancienne France".
#MariageGay . Merci a tous ceux qui nous ont suivis et soutenus ! Quelle force vous nous avez donné! Inoubliable ! Unique ! #OnLacheRien
— Philippe GOSSELIN (@phgosselin) 9 février 2013
Des qualificatifs que récuse l'intéressé. "Je ne suis pas dans le regret d'un temps passé. Je reconnais qu'on est aujourd'hui avec des couples qui ont des besoins égitimes de protection du conjoint et je propose une Alliance civile", se défend l'élu.
Un Papiste convaincu
"Je tweete... Et ça ne m'empêche pas" de demander au président de l'Assemblée "une réflexion de fond", poursuit l'élu, jusqu'à 20 tweets en moins de 24 heures à son actif.
"Je suis catho et, circonstance aggravante aux yeux de certains, je suis papiste affirmé mais ça ne veut pas dire que je défends les yeux fermés l'enseignement de l'Eglise", dont, dit-il, "je ne suis pas le porte-voix dans l'hémicycle".
L'élu souligne qu'il "ne travaille pas" avec l'organisation Civitas: "C'est une vision étriquée et intégriste qui ne correspond nullement ni à la forme que je veux y mettre ni encore moins au fond".
Le député, toujours très disponible au téléphone pour les journalistes, revendique aussi une "certaine autonomie" vis à vis de sa famille politique. En 2009, ce "gaulliste social" avait notamment dénoncé la mutation d'office du préfet de la Manche par Nicolas Sarkozy, après s'être battu contre la première mouture d'un projet de loi sur le travail du dimanche, trop libéral à son goût.