Contrairement aux idées reçues, la période estivale est souvent plus meurtrière pour les personnes sans domicile fixe.
"Spontanément, je préfère l'été à l'hiver, parce qu'on peut plus facilement improviser un couchage et quand on pas trop bien mangé, on tient plus facilement le coup", explique un homme d'une cinquantaine d'années, sans domicile depuis deux mois. Et pourtant l'été est plus meurtrier pour les personnes sans domicile fixe. "L'été, les personnes ayant un problème d'alcool sont plus impactées par la chaleur et peuvent mourir plus vite", explique Valérie Morange,
responsable du centre d’accueil de jour "La Boussole", à Caen, "L'été, les personnes les plus marginalisées nous sollicitent moins. Quand on voit quelqu'un dehors l'hiver par grand froid, on fait le 115. Il faut avoir le même réflexe en été".
Les fortes températures sont un danger pour des populations à la santé dégradée, des populations qui bénéficient de moins de soutien en période estivale. Le centre "La boussole" accueille en été environs 120 personnes chaque jour. "Les gens viennent se mettre au frais, se ravitailler en eau et prendre des douches". L'activité du centre est à peu près constante par rapport à la période hivernale. en revanche, les centres d'hébergement de nuit (on en dénombre trois à Caen) voient leur nombre de places diminuer. "Il y a entre 20 et 30 places de moins", déclare Valérie Morange, " L'hiver, des subventions sont accordées pour ouvrir des places supplémentaires. Cette baisse des subventions impacte le recrutement. Sur les lieux d'hébergement, il faut des personnes présentes toute la nuit pour assurer la sécurité des personnes et de l'établissement. Moins de subvention, c'est moins de personnel et donc moins de place."
Reportage de Claire Pain et Patrick Mertz