C'est une victoire pour les militants anti-GDE qui bloquent l'entrée du centre de déchets de Nonant-le-Pin (Orne) depuis 3 mois. Ils n'ont pas été expulsés hier. Les élus locaux ont obtenu du ministère de l'Environnement la nomination d'un médiateur.
C'est mardi soir, après une journée tendue où les opposants ont redouté l'intervention des forces de l'ordre, que le ministère de l'Ecologie a annoncé la nomination prochaine d'un médiateur.
Le député apparenté PS, Yves Goasdoué, et le président PS de Basse-Normandie, Laurent Beauvais, étaient intervenus mardi pour convaincre l'Etat de renoncer à expulser les manifestants qui interdisent depuis trois mois l'accès à ce centre de déchets de la société Guy Dauphin Environnement (GDE).
Selon une source proche des forces de l'ordre, environ 140 CRS et gardes mobiles ont été mobilisés mardi à Alençon en vue d'une intervention sur le site, à Nonant-le-Pin, par 150 manifestants dans la matinée avec 140 voitures et 10 tracteurs. L'opération a toutefois été "annulée dans l'immédiat", selon cette source. Les opposants s'y étaient préparés en maintenant une "alerte rouge" toute la journée.
Le reportage de Catherine Berra et Mathieu Bellinghen (ITW : Eric Puerari, président de l'association Sauvegarde des terres d'élevage, Jean-François Repichet, agriculteur; François Dufour, Vice-président du coneil régional; Isabelle Boscher, Suppléante de Yves Goasdoué, député de l'Orne et Yannick Soubien, Vice-président du conseil égional)
Pression des élus locaux
Le député Goasdoué "est en train d'intervenir" auprès de différents ministres "pour essayer de faire entendre raison à notre préfet de l'Orne", qui "veut absolument faire évacuer", avait lancé un peu plus tôt devant les manifestants Isabelle Boscher, suppléante du député.
Laurent Beauvais, qui était présent sur le site jusqu'à une heure du matin, est aussi intervenu auprès du préfet, selon Yanic Soubien, vice président EELV de la région.
Face à ces demandes, le ministre de l'Ecologie Philippe Martin a promis en soirée la nomination d'un "médiateur dans les tout prochains jours".
"La situation de blocage actuelle montre des inquiétudes sur les éventuels impacts environnementaux de cette exploitation", a reconnu le ministère dans un communiqué.
Les opposants s'en sont félicités mais disent "rester en alerte".
1 an que nous réclamons une médiation ! Que de temps perdus ! Acceptons le principe mais sous réserve de maintien du blocus citoyen #fro
— FrontRésistance Orne (@frorne) 22 Janvier 2014
L'eurodéputé écologiste José Bové a de son côté "dénoncé la volonté du préfet de passer en force". "Alors que la directive européenne sur les décharges doit subir une profonde révision en 2014 (...), il paraît aberrant de poursuivre la construction de nouvelles installations qui sitôt ouvertes seraient désuètes", a-t-il argumenté.
Trois mois de blocus
Ouvert le 22 octobre avec l'autorisation administrative requise, le centre de déchets de Nonant-le-Pin est bloqué depuis le 24 par des opposants. Ils sont une vingtaine à se relayer sur place habituellement.
Les opposants redoutent une pollution des terres environnantes de réputation mondiale dans l'élevage de champions équins. Ils disent refuser l'ouverture du site avant que des expertises ordonnées par la justice ne soient menées à leur terme.
Une pétition affiche plus de 41.600 signatures sur internet.
La cour d'appel de Caen doit à nouveau examiner l'affaire dans deux semaines et le tribunal d'Argentan jeudi prochain.