Concours de plaidoiries du Mémorial de Caen : la gagnante a-t-elle raconté une histoire inventée ?

La jeune avocate tunisienne a beaucoup ému le public et le jury du concours de plaidoiries du Mémorial de Caen, dimanche 2 février. Sauf que l'histoire sur laquelle elle a basé sa plaidoirie ne serait pas véridique...

Malaise et embarras au Mémorial de Caen. Yasmine Attia, la jeune avocate tunisienne, qui a reçu le premier prix du concours de plaidoiries des avocats de la main de la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, aurait racontée, volontairement ou pas, une histoire qui n'est sans doute qu'une rumeur infondée. 

Une histoire tragique, émouvante et révoltante : celle d'Inès, 15 ans, partie faire le Djihad en Syrie, et qui s'est retrouvée, pendant six mois, offerte à des dizaines d'hommes, des combattants islamistes, pour assouvir leurs besoins sexuels.
De l'histoire d'Inès, Yasmine Attia a tiré une vibrante plaidoirie, pour défendre la cause des femmes victimes de cette forme de prostitution.

Une rumeur qui circule beaucoup sur internet

Le problème, c'est que cette histoire ne serait qu'une rumeur, qui circule sur internet et les réseaux sociaux, comme l'a démontré la journaliste Sara Daniel du Nouvel Observateur, spécialiste du Moyen-Orient. Une rumeur qui, selon la contre-enquête menée par Sara Daniel, aurait été alimentée par le ministère de l'Intérieur tunisien. La jeune fille, Inès, n'existerait donc pas ...

Yasmine Attia a sans doute elle-même été victime de cette rumeur, car dans son pays, la Tunisie, cette histoire de "Djihad sexuel" a fini par s'imposer comme une vérité. Interrogée, la jeune avocate a reconnu ne jamais avoir rencontré cette Inès, mais qu'on lui avait raconté son histoire. 
Elle s'est inspiré du récit que lui a fait directement une journaliste tunisienne "qui avait des sources sécuritaires qui souhaitaient rester anonymes", explique Maître Attia. 

Et c'est bien ce qui pose problème au Mémorial de Caen, car le règlement des concours de plaidoiries stipule que "le candidat doit rédiger une plaidoirie relative à un cas avéré et individuel de violation des droits de l'homme tiré de l'actualité récente et dont il doit justifier". 

Le premier prix de Yasmine Attia pourrait lui être retiré

Le Mémorial de Caen, par la voix de son responsable de la communication, Franck Moulin, invité du JT de France 3 Basse-Normandie, a expliqué que le Mémorial avait demandé à Yasmine Attia de prouver que le cas évoqué dans sa plaidoirie (la jeune Inès) existait réellement.
"Le processus général de vérification des thèmes des plaidoiries repose d'abord sur la confiance accordée aux avocats, qui sont des professionnels confirmés et inscrits au barreau", poursuit-il. "Le Mémorial vérifie, tant que faire se peut, sur les réseaux sociaux et sur internet les plaidoiries, mais c'est la limite de ce qu'on peut trouver sur internet"

Pour le moment, le Mémorial attend une réponse de Yasmine Attia. Dans "le pire des cas", le Mémorial pourrait lui retirerait le premier prix, et ne pas le réattribuer.
Ce qui serait un vrai couac après la venue très réussie de la ministre de la Justice, et un incident qui pourrait porter préjudice à la réputation de ce concours international. 

Le reportage de Gwenaelle Louis et Carole Lefrançois (Intervenants : Franck Moulin, responsable de la communication au Mémorial de Caen, Maitre Yasmine Attia, avocate tunisienne. Lauréate du concours de plaidoiries et Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'intérieur tunisien)


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