Malgré la liquidation de l'entreprise, les salariés de Jeannette refusent de baisser les bras. Ils ont relancé les fourneaux ce jeudi, peut être pour la dernière fois. L'administrateur a affirmé son intention de couper le gaz dans l'entreprise. Les agents de GRDF sont arrivés à 11 h 45.
Accompagné d'un huissier, les agents de GRDF sont arrivés un peu avant 11h45 ce matin pour procéder à la coupure de gaz de la biscuiterie Jeannette à Caen. Ils ont été accueillis par les ex-salariés qui ont fait valoir l'illégalité de la procédure. Tous les salaries n'ayant pas été licenciés, le propriétaire des lieux a, selon eux, obligation de chauffer les lieux. Une coupure de gaz serait, à leurs yeux, illégale.
"Si aujourd'hui on nous enlève le gaz, un potentiel repreneur ne pourrait pas voir les machines en état de fonctionner; c'est la raison pour laquelle ce matin de nombreuses personnes se sont mobilisées pour empêcher de procéder à ces coupures de gaz", expliquait un peu plus tôt dans la matinée Franck Merouze de l'union locale CGT.
Selon les syndicats, en contact avec la DIRECCT, une dizaine de repreneurs se sont manifestés dont trois seraient sérieux.
Pour lui une coupure de gaz serait totalement illégale. Il explique qu'un certain nombre de salariés n'ont pas encore été licenciés.
"Notre préoccupation est tout à fait légale mais par contre un huissier ou GRDF qui procéderait à cette coupure serait effectivement dans l'illégalité et on exclut pas d'éventuelles poursuites en délit d'entrave devant le tribunal correctionnel si cette coupure etait faite."
Depuis le début de la mobilisation, les salariés font tout pour préserver leur outil industriel sur le site. Ils ont relancé la fabrication des madeleines à deux reprises pour démontrer à un éventuel repreneur que l'outil était en parfait état de fonctionner.
Ce matin, une nouvelle vente de madeleines produites la veille était organisée au marché St. Sauveur de Caen. Près d'une tonne et demi ont été fabriquées. 80% sont partis dès hier. Le reste a été vendu en moins de deux heures ce matin.
Christian Leroy, salarié de l'entreprise Jannette pendant 29 ans, licencié depuis la mise en liquidation judiciaire, explique que la mobilisation des Caennais lui fait chaud au coeur.
"On voit que d'un côté il y a le consommateur qui veut toujours consommer des madeleines et nous on veut toujours en fabriquer; il y a même des repreneurs potentiels et je me dis que tout n'a pas été fait, que tout n'a pas été mis en oeuvre pour sauver Jannette."
Des représentants locaux du Parti communiste français étaient présents ce matin. Pour Lilian Bellet, secrétaire de la section PCF de Caen, "on voit que cette période de crise que traverse le pays réveille des solidarités nouvelles qui peuvent ouvrir de nouvelles perspectives."