Waze : le ras-le-bol des riverains, submergés par les automobilistes qui veulent gagner quelques minutes

C'est une des nuisances dues à l'irruption de l'application GPS Waze dans nos vies. Depuis plusieurs années, elle fait passer les automobilistes qui cherchent à joindre les plateaux nord de Rouen par une petite rue de la commune d'Eslettes (Seine-Maritime). Un raccourci dont se seraient bien passés les riverains.

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Les riverains de la rue des Jonquilles à Eslettes, commune d'environ 1 700 habitants près de Barentin (Seine-Maritime), sont exaspérés par le passage fréquent d'automobilistes dans leur rue.

Le trafic multiplié par 9

Sur le papier, c’est une petite route de campagne paisible. De belles maisons résidentielles, de la verdure... mais dans les faits, l'axe communal, étroit, est trop traversé. Selon les habitants, en quelques années, le trafic a été multiplié par 9.

C'est une rue communale, avec un flux qui devrait normalement être assez modéré, mais on est passé d'une centaine de véhicules par jour à plus de 900.

Pascal Fermi, riverain

"Souvent ce sont aux heures de pointe le matin et le soir pour les trajets entre le bureau et le domicile", déplore Pascal Fermi, riverain. 

Une zone à 30 km/h pas respectée

La rue des Jonquilles est pourtant classée en zone 30, une vitesse limite rarement respectée. Le raccourci qu’elle permet entre le plateau de Barentin et celui de Mont-Saint-Aignan/Bois-Guillaume est devenu le nec plus ultra pour éviter les bouchons aux heures de pointe.

"Depuis la sortie du Covid, on a observé une quantité de véhicules en nette progression. On pense que depuis le confinement, les gens passaient par le village pour éviter les contrôles, probablement avec l'application Waze, et depuis ils ont pris le pli", explique Pascal Fermi.

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Waze : le ras-le-bol des riverains, submergés par les automobilistes qui veulent gagner quelques minutes ©France Télévisions

Autre problème, la rue des Jonquilles n'a pas de trottoir, et les habitants du village font parfois face à des incivilités : "Il m'arrive régulièrement de me faire insulter quand je promène mon chien", déplore Béatrice Fermi.

Patricia Renault vit ici depuis plus de 35 ans. Exaspérée par la situation, la riveraine a déjà pensé à déménager. "On a visité des maisons ailleurs, car on ne retrouvait plus la quiétude de notre village. Mais on aime notre maison. La rue est à tous, on est d'accord pour la partager, mais avec le respect de chacun".

Un collectif créé pour trouver des solutions

En quête de solutions, les habitants sont inquiets pour leur sécurité et ont créé un collectif. En septembre 2021, une pétition est remise à la mairie. Ils attendent du maire de nouvelles initiatives, les premiers aménagements effectués n'étant pas suffisamment dissuasifs.

"Le maire a mis en place des stops et a limité la zone à 30, mais malheureusement, ça n'est pas suffisant pour accéder à une sécurité conséquente", ajoute Pascal Fermi. "900 véhicules par jour, ça augmente les risques d'accidents. Il faut continuer à faire des actions afin de trouver des solutions qui permettraient de réduire ce flux."

Le collectif a soumis plusieurs solutions, comme un sens interdit sauf riverains. "Des communes le font déjà et ça fonctionne, ou pourquoi pas des feux tricolores qui dissuaderaient les automobilistes qui transitent dans le village."

Le maire répond

Face à l’exaspération des riverains, le maire estime avoir essayé des choses. Rétrécissement de la chaussée, ralentisseurs, études sur la fermeture d’axes... En revanche, pas question d'installer des feux, ni d'instaurer une circulation à sens unique ou apposer un sens interdit sauf riverains. "Si on met la rue des Jonquilles en sens unique, le problème va se déporter sur une autre rue et nous aurons la même problématique", explique Roland Guéville, maire (DVD) d'Eslettes.

"La piste la plus probable semble de faire des restrictions au niveau de la commune, en mettant par exemple un ralentisseur à l'entrée de la commune et faire de la voirie partagée avec des pictogrammes vélo et piéton pour faire ralentir les véhicules."

Budgétisé pour 2025, cet aménagement sera-t-il celui du compromis ? Dans d’autres communes françaises, des solutions plus radicales ont été prises. Dans la Drôme, Valence a décidé de fermer une route tous les week-ends. En Seine-et-Marne, Lieusaint est même parvenu à faire changer l’algorithme de la célèbre application de navigation. 

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