La ministre de la culture a annoncé ce jeudi que les festivals pourraient avoir lieu cet été à condition d'accueillir au maximum 5000 personnes en places assises. Plusieurs gros festivals français ont annoncé renoncer à leur édition 2021. En Normandie, les grands rendez-vous de l'été sont divisés.
Comme nombre de secteurs, les organisateurs de festivals réclamaient à leur ministère de tutelle de la visibilité. Une réunion organisée ce jeudi leur a permis de voir un peu plus clair sur les mois à venir. Sans pour autant les rassurer. Les grands rendez-vous culturels estivals pourraient avoir lieu à condition de se tenir en configuration assise avec une jauge maximale de 5000 spectateurs. Certains mastodontes du secteur ont annoncé jeter l'éponge comme le Hellfest ou Garorock. En Bretagne, les Vieilles Charrues ont décidé de "jouer le jeu" de ces nouvelles règles en proposant "10 soirées de concerts, du 8 au 18 juillet 2021". D'autres, comme les Eurocks ou We Love Green sont toujours en phase de réflexion.
Un rendez-vous hybride pour Papillons de nuit ?
A Saint-Laurent-de-Cuves, dans la Manche, on a également reçu l'annonce du ministère de la culture comme un coup de massue. Comment imaginer placer 5 000 personnes assises là, où, au temps d'avant, 25 000 festivaliers se pressaient allegrement contre la scène ? Pour autant, après l'annulation de l'an dernier, les organisateurs ne veulent pas, pour le moment, baisser les bras et planchent sur une solution altrenative. "Pour cette année, ce sera plus une parenthèse musicale", explique ainsi, Pierre-Olivier Madelaine, administrateur du festival Papillons de Nuit, "On verra comment on peut l'organiser. Le plus important ce sera de se retrouver, que le public soit présent et qu'on ait plaisir à retrouver nos bénévoles, nos partenaires." La véritable 20e édition devra donc attendre une année supplémentaire.
Beauregard dans l'incertitude
À Hérouville Saint-Clair, près de Caen, l'équipe du festival Beauregard s'interroge. Près de 30 000 personnes étaient espérées chaque soir du 1er au 4 juillet 2021. Avec ces nouvelles règles, il faut totalement revoir les plans. "Pour l'instant, Beauregard est là. On souhaite travailler sur un festival qui va s'adapter et qui permette aux gens qui ont acheté leur place de venir", indique Paul Langeois, le fondateur et directeur du festival.
Mais il est encore impossible d'affirmer qu'il aura bien lieu. "On attend le protocole sanitaire. On va regarder si c'est compatible avec ce qu'on souhaite faire. Beaucoup de questions se posent aussi du côté des artistes. Certains hésitent à partir en tournée pour jouer devant un public assis."
Chauffer dans la noirceur va "inventer quelque chose"
A Montmartin-sur-Mer, on semble être sur la même ligne que les "voisins" de Papillons de nuit. "On a une mission. C'est de l'ordre de l'intérêt général. La crise sanitaire est aussi une crise psychologique. Il y a un besoin de culture. la culture doit exister", affirme Isiah Morice, coordinateur de Chauffer dans la Noirceur. Malgré de nombreuses questions encore en suspens, c'est la détermination qui prévaut : "je vous demande de nous faire confiance. Nous n'allons pas proposer qu'un spectacle assis. On va inventer quelque chose pour retrouver l'esprit de Chauffer."
Jazz sous les pommiers en été
Après une annulation contrainte et forcée en 2020, Jazz sous les pommiers a longtemps espéré pouvoir se tenir comme prévu au mois de mai. La crise sanitaire qui n'en finit pas incite aujourd'hui à la prudence. Le festival coutançais "se déplace en août". L'édition 2021 aura lieu du 25 au 29 août sur "un format inédit mais toujours aussi dense et chaleureux". La programmation sera dévoilée au début du mois d'avril. Le festival proposera en guise de hors d'oeuvre d'exception deux concerts de prestige au mois de mai : Ibrahim Maalouf et Brad Meldhau.
A Evreux, les artistes attendus du 25 au 27 juin
Les organisateurs du festival et la préfecture de Normandie se sont réunis ce vendredi 19 février. Rock in Evreux est pour l'heure maintenu les 25, 26 et 27 juin prochain. Mais respecter les 5000 places assises sera complexe d'après les organisateurs. L'annulation reste donc une option, même s'ils se laissent jusqu'à la mi-mars pour trouver des solutions.
"Notre public est plutôt jeune et aime être debout pendant les concerts. Notre équilibre financier est atteint lorsqu'on rassemble 12 000 personnes par soir. Il va donc nous falloir travailler sur un festival différent car il y a une forte attente du public, de nos partenaires et de nos bénévoles.
Maintenir le festival c'est aussi faire preuve de solidarité vis-à-vis des intermittents du spectacle et du monde de la musique. Mais il va falloir sélectionner des artistes qui acceptent de jouer devant des gens assis.
En temps normal, dans un festival comme le nôtre, le bar et la restauration représentent 25% de nos recettes. C'est aussi une question supplémentaire pour nous puisque cela sera vraisemblablement interdit.
Nous avons fait un sondage récent auprès de 2 000 personnes sur les réseaux sociaux. Ils sont 70% à ne pas souhaiter d'un festival assis. Ca interroge mais on ne s'avoue pas vaincu. " explique Vincent Ficot, le directeur du festival.
Viva Cité sous une autre forme
A Sotteville-lès-Rouen, le festival des arts de la rue, est maintenu mais prend une autre forme. L'événement se fera en escale un peu partout dans la ville et tout au long du mois de juin.
Chaque année, en tempts normal, Viva Cité, ce sont près de 70 compagnies qui se produisent partout en ville lors de 300 représentations. Tout au long du festival, 100 000 spectateurs répondent présents.
A Blainville-Crevon, Archéo Jazz pas concerné par la jauge des 5000
Pour Jérôme Benet, le patron du festival, les annonces de Roselyne sont encourageantes car "on sent qu’on a une ministre qui a vraiment envie de sauver les festivals et les concerts pour l’été qui vient."
Mais il reste beaucoup de flou encore. Résultat, l'organisateur se donne encore une dizaine de jours pour décider du maintien d'Archéo Jazz.
"Nous n'avons pas envie d'être encore dans une année d’hibernation. La jauge des 5000 ne nous impacte pas. Mais si dans les mois à venir, elle est réduite à 1000 personnes, la situation va se compliquer. Idem si l'on doit passer à deux mètres de distance entre les spectateurs. Il ne nous sera pas possible de monter un grand chapiteau comme le nôtre pour 500 personnes par soir" poursuit Jérôme Benet.
"Ce qui est en tout cas positif, c'est qu'il y aura un système de compensation pour les pertes sur la billeterie" conclut-il.