Il y a deux ans, le 24 mars 2018, l'officier de gendarmerie Arnaud Beltrame décédait, victime d'un attentat terroriste à Trèbes, dans l'Aude. L’une de ses plus proches amies, Stéphanie Vinot, qui l’a connu à Avranches dans la Manche, se souvient de "la joie de vivre" du héros national.
Il s'était volontairement substitué à un otage au cours de l’attaque terroriste du 23 mars 2018 à Trèbes, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame avait succombé à ses blessures.
#ArnaudBeltrame est parti il y a deux ans, dans la nuit du 23 au 24 Mars 2018, tué par un monstre de terroriste islamiste. Après avoir échangé sa place avec une otage lors de l’attaque terroriste de Trèbes, il succombera à ses blessures. pic.twitter.com/q1WkUyUZYx
— Cedric Beltrame (@CedricBeltrame) March 22, 2020
Stéphanie Vinot a compté parmi les très proches amis du héros national. Journaliste à France 3 Normandie en poste à Avranches, elle a côtoyé le gendarme d’août 2010 à juillet 2014. "Sa meilleure expérience professionnelle", assure la reporter. "C'est à Avranches qu'il a été le plus heureux, il voulait même y rester un an de plus."
"On fonctionnait pareil"
« J’ai très vite vu qu’il n’était pas comme les autres, explique-t-elle. Il était d’un enthousiasme peu habituel. » Après deux années de contacts professionnels, les liens deviennent amicaux. « C’était comme moi, une boule d’énergie. Il débarquait souvent en fin de journée dans mon bureau, et me parlait de son amour pour la randonnée, un centre d’intérêt qu’on partageait », se souvient la journaliste.Et puis, on a eu des conversations sur sa quête du sacré, une quête qui faisait écho à mes propres questionnements. Je me suis rendue compte qu’on fonctionnait pareil.
"Mon meilleur pote, mon confident, mon jumeau"
Stéphanie connaît alors sa plus belle histoire d’amitié. « Arnaud est devenu mon meilleur pote, mon confident, c’est celui à qui je pouvais tout dire et qui allait me comprendre. On n'avait que deux mois de différence, c’était comme mon jumeau », confie-t-elle. Quand Arnaud Beltrame a été muté à Paris en juillet 2014, « j’ai ressenti un grand vide », se souvient Stéphanie.
Un deuil impossible
Stéphanie avoue avoir beaucoup de mal à faire son deuil. « Cette andouille prenait tellement de place », sourit-elle très émue. « Il n’y a que lui qui me comprenait. A moins qu’on ait un triplé sur la planète… »Quand Arnaud Beltrame est décédé, Stéphanie a vacillé. "Pour moi, c'était trop grand, trop fort. J'ai dû m'accrocher pour ne pas sombrer, d'autant que sa mort était partout dans les journaux et n'en finissait pas..."
Confinée à Moulins, dans l'Allier, Stéphanie ira dès qu’elle le pourra se recueillir sur sa tombe à Ferrals-les-Corbières, près de Carcassonne, à 4 heures en voiture de son domicile.
J'ai besoin d'y aller plusieurs fois par an. J'ai besoin de lui dire "je suis encore là, mec, comme on se l'était promis". Cela me fait du bien.
"On est tous marqués à vie"
Avec l'épouse d'Arnaud Beltrame et trois autres très bons amis « tous sculptés différemment mais tous du même bois », Stéphanie fait partie du cercle très proche de la famille Beltrame. « On est tous marqués à vie », explique-t-elle. « Aujourd’hui, jour de l’attaque terroriste, j’ai envoyé des textos car j’ai encore besoin d’être en lien avec ceux qui l’ont connus. Ses deux frères et sa maman m’impressionnent par leur force et leur sagesse. »"Il a été fidèle à lui-même"
Aujourd'hui, deux ans après sa disparition, Stéphanie aimerait qu'on retienne de lui "sa joie de vivre". Et se dit "fière de l'avoir connu" car "il n'a jamais eu peur d'être lui-même, il a été fidèle à lui-même, il a osé être lui, jusqu'au bout."Encore très marquée par la perte de son ami, Stéphanie Vinot souhaite aujourd'hui rejoindre le Grand-Ouest. "J'ai aimé cette terre d'Auvergne mais cela n'a plus de sens de rester, ce n'est pas là où j'ai mes souvenirs."