Gilles-Eric Séralini, le professeur caennais, lance une alerte sur les dangers du glyphosate. Cet herbicide très contreversé pourra être encore utilisé, pendant 18 mois, suite à l'autorisation donnée ce mercredi par la commission européenne. Et ce, malgré la résistance de certains Etats membres.
Lobby quand tu nous tiens ? Si l'Europe voulait se racheter, c'est raté. Sa décision suscite beaucoup d'interrogations, au sein même de l'Union.
De quoi s'agit-il ?
Ce mercredi, la Commission européenne s'est résolue mercredi à prolonger pendant 18 mois la licence dans l'UE du glyphosate, la molécule active du Roundup, le célèbre désherbant de Monsanto. Et ce, à quelques heures seulement de son expiration, les Etats membres n'étant pas parvenus à s'accorder sur le sujet.
Dans un communiqué, Bruxelles a justifié cette décision par le refus des Etats membres de « prendre leur responsabilité » sur le sujet.
Des effets sur la santé : Lobby 1 - Indépendance 0 ?
A défaut de consensus, on autorise donc ? Alors que ses effets sur la santé font l’objet d’une controverse.D'un côté, Bruxelles s'appuie sur l'Efsa (l'Agence européenne de sécurité des aliments), qui juge le risque cancérogène "improbable" lorsque l'exposition au produit actif est prise en compte. Il faut savoir que cette étude s'appuie sur des données fournies par les producteurs de glyphosate, comme Monsanto. En termes d'indépendance : Peux mieux faire ?
Eclairage de Gilles-Eric Séralini, qui étudie les effets des pesticides sur la santé, à l'université de Caen.
"Avec des doses qui sont dans l'eau du robinet en Normandie ou en Bretagne, on a trouvé que cela donnait des tumeurs aux rats mais aussi des maladies rénales et hépatiques mortelles"
Qui a voté quoi ?
Lors du dernier vote, le 24 juin :- la France et Malte ont voté CONTRE
- Une majorité de pays (19) a voté POUR (52% de la population), mais le scrutin est pondéré (55% des Etats, 65% de la population).
- L'abstention de sept pays (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie) a bloqué toute décision.
Les réactions politiques et scientifiques
Ségolène Royale, ministre de l'Environnement, rappelle : ""regrette cette décision, à laquelle la France s'était opposée à plusieurs reprises. Le glyphosate a été classé "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (branche de l'OMS) en 2015" et "cette position a été contestée par l'Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA)"."Je suis sûr que beaucoup décriront (la décision de la Commission) comme une victoire pour notre industrie", a commenté Graeme Taylor, porte-parole des producteurs européens de produits phytosanitaires (ECPA, qui regroupe Monsanto, Bayer, Dow, BASF, Syngenta...). Pourtant, l'industrie se dit "déçue", car la Commission prévoyait à l'origine de renouveler l'autorisation pour 15 ans.
"Cette décision imprudente est prise par une Commission qui a perdu contact avec les citoyens européens, soutenue en silence par plusieurs gouvernements nationaux", a déploré Franziska Achterberg, en charge des questions alimentaires chez Greenpeace UE.