Que ce soit pour une histoire d'un soir ou pour l'amour avec un grand A, difficile de rencontrer quelqu'un en pleine crise sanitaire de la Covid-19. Trois célibataires normands nous ont confié leur solitude mais aussi leurs espoirs. 

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Depuis février 2020, entre la peur de la maladie, la fermeture des restaurants et des bars et les gestes barrières, les temps sont durs pour les célibataires. Peu importe l'âge, le sexe, ils sont des millions à souffrir du manque de rencontres et de l'absence d'affection.

Alors pour comber ce vide, Françoise et sa fille Mélodie ont pris les choses en main. Elles ont créé une page Facebook, réservée aux célibataires de l'Eure et de Seine-Maritime. "Quelques couples se sont créés après le 1er confinement", explique Françoise. Les groupes comme celui-ci connaissent un succès ces derniers mois en Normandie tout comme les agences matrimoniales

"On a fait des pique-niques, du bowling, une fois on était 24", raconte Françoise. "On rencontre des gens, on fait des sorties, on peut peut-être rencontrer l'amour aussi", glisse Mélodie. 

La mère et la fille vivent aux Baux-de-Breteuil dans l'Eure. Si elles sont toutes les deux célibataires pendant cette crise sanitaire, elles ne le vivent pas de la même manière. Mélodie âgée de 28 ans est opératrice en pharmaceutique et seule depuis 6 mois. "Je ne suis pas très optimiste. J’ai toujours été comme ça, très négative". "Il ne faut pas", proteste tout de suite sa mère. 

"Je me suis habituée au célibat", avoue Françoise. Cette aide-soignante de 56 ans est divorcée depuis plusieurs années. "Rester enfermée et ne voir personne peut être pesant. Mais même s’il y a des coups de blues, il faut rester positif".

Peur d'attraper la Covid-19 

Mais Françoise ne cache pas une crainte partagée par beaucoup d'autres célibataires. Tant que le virus est présent, rencontrer quelqu'un reste risqué. 

Je me méfie, je n'ai pas envie d'attraper la Covid. C'est quand même dangereux.

Françoise, aide-soignante

Distanciation, gestes barrières : l'heure n'est plus à la promiscuité. Cette absence soudaine de contact a compliqué la vie de millions de célibataires. Certains arrivent à gérer la solitude, d'autres, comme certains patients de Catherine Grué, souffrent, voire sombrent dans la dépression.

La souffrance du célibat, c'est la solitude, la difficulté à rencontrer des gens en ce moment. (...) L'être humain a besoin de communication, de relations affectives, c'est important. Il ne peut se satisfaire de relations virtuelles"

Catherine Grué, psychologue à Evreux

Moins de romantisme

Philippe, âgé de 48 ans vit à la campagne à Coudres, dans l'Eure. Il est divorcé depuis 3 ans. Depuis mars, il va souvent sur des sites de rencontres mais il a encore du mal à s'habituer au virtuel. "Au bout d'une semaine à s'envoyer des textos ou à s'appeler alors qu'on ne se connaît pas, j'abandonne", confie cet ancien pompier, aujourd'hui formateur en sécurité incendie. 

Et lorsqu'une rencontre se concrétise, encore faut-il jongler avec le confinement, le couvre-feu, la fermeture des bars et des cinémas.

Dans 99% des cas, on rencontre quelqu'un dans un lieu public, un restaurant, un bar. Mais là, on ne va pas dire à une personne qu’on ne connaît pas « Viens boire un café à la maison ». Auparavant, on se donnait rendez-vous dans des bars, maintenant c'est au rayon légumes. C'est différent.

Philippe, formateur en sécurité incendie

Et malheureusement, les gestes barrières ne laissent pas beaucoup de place au romantisme. "On sent que cela se passe bien avec une personne, on aimerait avoir plus, mais il n’y aura pas de contact avec la main, c’est complétement différent de ce qu'on avait auparavant", regrette Philippe qui a rencontré quelques femmes depuis mai. 

Nul doute que le déconfinement prévu le 15 décembre est attendu avec impatience par de nombreux célibataires. Mais pour patienter, ils peuvent en profiter pour davantage se connaître. Ne dit-on pas en effet que pour mieux aimer les autres, il faut d'abord s'aimer soi-même ? 
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