La pêche constitue l'un des points de crispation dans les négociations entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne. Le gouvernement de Sa Majesté a demandé à la Royal Navy de se tenir prête dans la perspective d'un "no-deal".
C'est une véritable course contre la montre qui a débuté. Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente
de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont fixé l'échéance des négociations à dimanche. Et tous deux semblent perssimistes quant à une issue positive pour les deux parties. La perspective d'un "no-deal" semble plus que jamais inéluctable. Et parmi les points d'achoppement à un éventuel accord commercial entre les deux rives de la Manche, figure en bonne place la pêche. Le sujet est crucial pour plusieurs Etats membres (France, Espagne, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Irlande) dont les pêcheurs veulent garder un accès aux eaux britanniques, très poissonneuses. Le gouvernement britannique a d'ores et déjà pris les devants en mobilisant la Royal Navy.
Quatre navires de 80 mètres de long ont été mis en stand-by pour empêcher des chalutiers de l'UE de pénétrer dans les eaux britanniques s'il n'y a pas de nouvel accord sur les droits de pêche. Pour l'instant, le Royaume-Uni, qui a quirré l'UE le 31 janvier 2020, continue de respecter les règles européennes pendant une période de transition qui s'achève le 31 décembre. Au 1er janvier, il reprendra le contrôle total de ses eaux le 1er janvier prochain.
Un mauvais souvenir
Le ministère de la Défense britannique a confirmé que des navires sont en attente, expliquant avoir "mené une planification intensive et des préparatifs pour s'assurer que la défense soit prête à divers scénarios à la fin de la période de transition", selon un porte-parole du ministère. Ce déploiement évoque le mauvais souvenir des "guerres de la morue" avec l'Islande sur les droits de pêche dans l'Atlantique Nord, qui ont duré près de 20 ans, avant de finalement trouver un règlement dans les années 70.
L'inflexibilité des deux côtés de la Manche n'a pas permis de concilier des positions de départ aux antipodes: le statu quo dans l'accès à ces eaux côté européen, un contrôle total pour Londres avec des quotas négociés chaque année. L'amiral à la retraite Alan West, ancien chef d'état-major naval, a jugé judicieux de se préparer à d'éventuelles tensions dans les eaux britanniques. "Il est tout à fait approprié que la Royal Navy protège nos eaux si la position est que nous sommes un État souverain et que le gouvernement ne veut pas voir là bas des bateaux de pêche d'un autre pays", a-t-il déclaré à la BBC.
Le gouevernement britannique critiqué outre-Manche
Interrogé par le même média, l'ancien commissaire européen et ancien ministre Chris Patten, a accusé Boris Johnson de se comporter en "nationaliste anglais". Le député conservateur Tobias Ellwood, ancien capitaine de l'armée britannique et président du comité parlementaire sur la défense, a, lui, redouté que l'image du Royaume-Uni soit écornée. "Nous nous retrouvons face à la perspective de voir notre Royal Navy déjà débordée se confronter à un proche allié de l'OTAN sur les droits de pêche", a-t-il déploré sur la BBC. "Nous devons construire des alliances et non les briser.", a-t-il plaidé.
Le ministère de la Défense a indiqué disposer de 14.000 militaires prêts à être déployés pour aider à la transition post-Brexit. Selon des médias britanniques, des hélicoptères de l'armée pourraient aussi être employés pour surveiller les côtes.