Les présidents des régions Normandie, Hauts-de-France et Bretagne ont écrit au ministre de l'agriculture pour l'enjoindre d'être inflexible lors des négociations avec la Grande-Bretagne sur la pêche.
C'est un sujet qui préoccupe les plus proches voisins de la Grande-Bretagne. Et cette dernière n'avait pas encore officiellement quitté l'Union européenne, que les craintes des pêcheurs se trouvaient confirmées. Guernesey annonçait la fermeture de ses eaux aux Français. La tension est toutefois rapidement retombée, l'île anglo-normande délivrant quelques jours plus tard des autorisations aux professionnels de la mer de l'hexagone. Des autorisations provisoires, le temps des négociations.
Bien conscient de l'importance du sujet, le gouvernement a dépêché deux de ses membres à Port-en-Bessin quelques jours à peine après le Brexit pour assurer des pêcheurs de son soutien et tenter de rassurer la profession. La veille, le Premier ministre britannique Boris Johnson déclarait : "Nous sommes prêts à envisager un accord sur la pêche, mais il devra être fidèle au fait que le Royaume-Uni sera un état maritime indépendant à la fin de l'année 2020, un Etat qui a le contrôle de ses eaux. "
Alors que les négociations s'ouvrent, chacun montre les muscles. Et c'est dans ce contexte que les présidents de région de Normandie, des Hauts-de-France et de Bretagne ont pris leur plume pour écrire au ministre de l'agriculture, Didier Guillaume, et enjoindre le gouvernement d'engager "un dialogue constructif mais ferme avec nos partenaires britanniques sur cette question".
La question de l'accès des pêcheurs français aux eaux territoriales britanniques constitue bien évidemment le premier sujet d'inquiétude, au regard des récentes déclarations des représentats du Royaume-Uni. "On est quand même très inquiet pour les hauturiers qui travaillent plus de la moitié de l'année dans les eaux britanniques", nous confiait récemment à Cherbourg Daniel Lefèvre, ancien président du comité régional de pêches et à la tête de la coopérative d’armement (Capam). "Leur interdire cet accès reviendrait à signer leur quasi arrêt de mort", déclarent quant à eux Hervé Morin, Xavier Bertrand et Loïg Chesnais-Girard.
Dans leur courrier, les présidents de région rappellent que les pêcheurs britanniques écoulent une partie de leur marchandise sur le territoire européen. Et voient là un levier de négociation : "Il n'y aura pas d'accès au marché de l'UE et la transformation du poisson pour les pêcheurs britanniques s'il n'y a pas d'accès des pêcheurs européens et français aux eaux britanniques."
D'autres motifs d'inquiétude existent, selon les Régions Normandie, Bretagne et Hauts-de-France. Hervé Morin, Xavier Bertrand et Loïg Chesnais-Girard estiment également que "les Britanniques pourraient décider de modifier des régelementations européennes relatives au maillage des filest de pêche et pénaliser ainsi les pêcheurs français". Les trois présidents réclament la mise en place par l'Europe et la France d'un "fonds d'urgence pour venir en aide aux pêcheurs et à tous les travailleurs dans l'industrie de la pêche" si aucun accord ne pouvait être conclu.