Le gouvernement anglais a présenté mercredi 29 janvier sa proposition de loi sur la pêche. Dans le texte, plus question pour les pêcheurs européens d'aller et venir dans les eaux entourant le Royaume-Uni. Les pêcheurs normands, ceux des Hauts-de-France et de Bretagne y perdraient beaucoup.
Les Anglais devront attendre encore un an avant de "bouter"les pêcheurs européens de leurs mers froides poissonneuses. En attendant, un bras de fer corsé va durer des mois pour trouver un accord avec les Européens sur ce point sensible.
Un accord espéré en juillet, l'application au 1er janvier 2021
Jusqu'au 31 décembre 2020, les pêcheurs anglais devront encore supporter ces quotas et réglements qu'ils détestent. 92% d'entre eux ont voté pour le Brexit. Pour les Normands, il faudra une fois encore compter avec les "incartades" des bateaux d'Outre-Manche qui n'ont cure de la date d'ouverture de pêche à la coquille Saint-Jacques.Le climat risque d'être à la défiance sur les eaux de la Manche. Le collectif "Fishing for leave" qui a milité pour le Brexit pavoisait ce 31 janvier, citant un couplet du chant patriotique "Rule Britannia" : La Grande-Bretagne règne en maitre sur les flots ! "
Thee haughty tyrants ne'er shall tame;
— Fishing for Leave (@fishingforleave) January 31, 2020
All their attempts to bend thee down
Will but arouse, arouse thy generous flame,
But work their woe and thy renown.
Rule, Britannia! Britannia, rule the waves!
Britons NEVER, NEVER, NEVER shall be slaves pic.twitter.com/P28tp9hMGt
Une nouvelle frontière maritime
Jusqu'à présent, les navires de pêche de l'Union Européenne pouvaient aller chercher du poisson près des côtes du Royaume-Uni, il fallait seulement respecter la limite des eaux territoriales, 12 milles nautiques soit 20 kilomètres de distance du rivage.Si les Anglais appliquent le projet de loi, "fisheries bill", les navires de pêche des autres pays ne pourront aller au-delà de la limite de la Zone exclusive économique sans l'accord des Anglais. Une ligne imaginaire sera tracée au milieu de la Manche et de la Mer du Nord. (en bleu sur la carte)
A l'inverse, les pêcheurs anglais ne pourront plus faire de captures près des côtes françaises ou des côtes des pays de l'union européenne.
Fisheries bill (loi sur les pêches) : "La loi met fin aux droits automatiques pour les bateaux de l'UE de pêcher dans les eaux britanniques. A l'avenir, cet accès fera l'objet d'une négociation. Nous déciderons des règles que les bateaux étrangers devront respecter. "
Les Normands, les Nordistes et les Bretons dans une zone de pêche plus maigre
Si le Brexit "dur"est appliqué pour la pêche, plusieurs pays seront pénalisés. Les Européens pêchent 6 fois plus dans les eaux anglaises, que les Anglais ne vont pêcher en dehors de leurs eaux.On estime que 30% des poissons, coquillages et crustacés pêchés par les Français, le sont dans les zones qui entourent le Royaume-Uni. Si un compromis n'est pas trouvé avec Boris Johnson, les pêcheurs européens auront un rayon d'action plus petit, les quotas (volume de pêche autorisé par pays et par espèce) devront être recalculés.
La situation des Iles anglo-normandes (Jersey-Guernesey) sera peut-être revue. L'accord de la baie de Granville en 2000 avait permis de faire cohabiter les pêcheurs européens et anglais.
"Les relations sont très tendues depuis qu’il y a eu l’annonce du Brexit avec Jersey mais aussi avec Guernesey. Avec mon homologue de la Normandie, on fait tout pour qu'il y ait une continuité, même si aujourd'hui les pêcheurs de Jersey ne souhaitent plus venir autour de la table pour discuter. L'État de Jersey est lui toujours présent avec l'État Français."
(Olivier Le Nezet. Le président du comité régional des pêches de Bretagne)
La préservation des espèces et le réchauffement de la Manche
Dans la Manche comme en Mer Celtique (près de l'Irlande), les eaux sont moins froides. Des variétés de poissons, comme le cabillaud, la sole, le flétan, le merlan sont moins nombreuses.Des restrictions de pêches sont prises, pour préserver cette ressource. Les pêcheurs européens doivent s'adapter à ces mesures. Si leur zone de pêche exclut les mers qui entourent le Royaume-uni, il y aura une crise.