L'accès des bateaux de pêche français aux eaux de Guernesey est "temporairement suspendu" à compter du samedi 1 er février, jour où entre en vigueur le Brexit, a annoncé cette nuit le ministère français de l'Agriculture et de la Pêche.
Pour le cas particulier des eaux de Guernesey, les accès des pêcheurs français aux 6-12 milles sont fondés sur la Convention de Londres, qui expire aussi le 31 janvier à minuit, à la suite de la dénonciation du Royaume-Uni
rappelle le ministère français de l'Agriculture et de la Pêche dans un communiqué.
Les autorités de Guernesey ont décidé de l'instauration d'un régime d'autorisation individuelle. La procédure pour solliciter ces autorisations doit être mise en place la semaine prochaine", selon le ministère qui indique que "pendant cette période, l'accès des navires français aux eaux de Guernesey est temporairement suspendu.
"L'annonce d'hier soir ça a été un uppercut si on veut. On s'est dit si le Brexit c'est çà ..." explique Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches de Normandie "là c'est un peu digéré, les propos sont rassurants. Ca va mieux mais on attend de voir ce qui va se passer".
Le Comité Régional des Pêches (CRP) de Normandie propose son aide si nécessaire. "Le CRP gère plus de 3000 licences de pêche, il peut instruire 44 permis" a posté Dimitri Rogoff sur Facebook.
Les autorités de Guernesey instaurent un régime d'autorisation individuelle
En parallèle du Brexit, le Royaume-Uni avait dénoncé la convention de Londres qui depuis 1965 garantissait les accès des pêcheurs bénéficiant de droits historiques dans les eaux littorales des différents pays européens dont le Royaume-Uni.Si à la suite d'échanges avec Guernesey, "l'accès aux eaux sera maintenu jusqu'à la fin de l'année", comme pour les eaux britanniques, le temps de trouver un compromis entre l'UE et le Royaume-Uni sur la pêche, "sur un plan administratif, en raison de l'expiration de la Convention de Londres, les modalités de cet accès doivent être renouvelées", indique le ministère.
Seule la convention de Londres dénoncée depuis plus de deux ans s’appliquait et elle expire au 31 Janvier 2020 à minuit. Une solution juridique de « pays-tiers » est envisagée entre Guernesey et la France. Il a été demandé au soir du 30 Janvier, aux pêcheurs français dont 44 armements normands, de ne plus venir pêcher dans les 6/12 mille de Guernesey tant qu’une solution n’a pas été mise en place, rappelle le Comité régional des pêches maritimes Normandie (CRPMEM).Le baillage de Guernesey (un archipel anglo-normand au Nord-Ouest du Cotentin) a la particularité de ne pas être intégré dans les eaux communautaires depuis l’entrée du Royaume-Uni au sein de la communauté européenne : en conséquence, les eaux de Guernesey ne bénéficient pas de la période complémentaire de négociation « post-Brexit » pouvant aller jusqu’au 31 décembre 2020
explique le Comité régional des pêches maritimes Normandie, dans un communiqué.
Celui-ci souligne par ailleurs : "inversement, nous notons que le protocole 3 du Brexit permettrait aux Guernesiais de continuer à débarquer et à vendre en France qui est le seul vrai lieu de valorisation des pêches Guernesiaises".
Le délai de délivrance de ces autorisations devrait être "le plus court possible"
Les autorités de Guernesey se sont engagées à rendre "le plus court possible le délai de délivrance de ces autorisations", affirme le ministère, qui indique que le gouvernement "reste en contact avec la Commission européenne, les autorités britanniques et le baillage de Guernesey"."L'accord de sortie qui vient d'être conclu avec le Royaume-Uni instaure une période de transition jusqu'au 31 décembre 2020, pendant laquelle l'accès aux eaux du Royaume-Uni est préservé", rappelle le ministère.
Les pêcheurs de huit Etats membres de l'UE sont fortement dépendants des eaux britanniques. Ces dernières représentent 30% du chiffre d'affaires des pêcheurs français.