Alors que la 27e édition du prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre ouvre tout juste ses portes, nous avons interviewé le président du jury 2020, l'anglais Ed Vulliamy, journaliste et écrivain au service de "la vérité", comme il l'a rappelé sur l'antenne de France 3 Normandie.
Ed Vulliamy est un célèbre journaliste et écrivain britannique. Et reporter de guerre reconnu dans le monde entier. Le fameux flegme qu'on prête aux citoyens d'outre-Manche, il a eu maintes fois l'occasion de le mettre à rude épreuve, tout au long de sa carrière, dans les nombreuses zones de conflit qu'il a été amené à investir. En Slovénie, en Croatie, en Bosnie, en Irak...Il était l'invité du JT de France 3 Normandie - édition de Caen, ce dimanche 4 octobre 2020, à la veille de l'ouverture de l'édition 2020 du Prix Bayeux des correspondants de guerre. L'occasion de revenir sur l'essence même du métier de correspondant de guerre mais aussi de l'importance d'échanger avec les jeunes sur cette profession. Interview...
Pourquoi est-il important qu'il reste des grands reporters dans le monde aujourd'hui ?
Notre métier, c'est la vérité. C'est pour ça que le Prix Bayeux est encore plus important cette année : parce que nous sommes dans une époque post-vérité pour tous les journalismes mais surtout pour le reportage de guerre. Et la vérité est une espèce en voie de disparition malheureusement.On ne peut pas être journaliste derrière un ordinateur à Chicago ou New York, il faut aller au front !
Le Prix Bayeux est devenu le centre de gravité de notre profession, on est là pour honorer ceux qui exercent le mieux notre métier. Ce sont les "Oscars" du reportage de guerre. Mais plus important que ça, dans une époque très dangereuse pour la vérité, c'est l'occasion de partager notre profession, de rencontrer le public normand, d'expliquer ce qu'on fait.
Vous aller rencontrer des lycéens, c'est important de partager avec les jeunes ?
Bien sûr ! Nous allons pouvoir échanger avec 2.300 élèves via les réseaux sur notre métier.On leur explique l'importance des témoignages recueillis sur le terrain, "qu'on sait parce qu'on a vu".
C'est une période terrible pour les correspondants de guerre, souvent ciblés quand on ne veut pas de témoins. Nous avons perdu plus de 80 collègues au Mexique, aux Philippines, c'est toujours un cauchemar en Syrie, en Irak ou en Afghanistan...
Il faut partager avec les jeunes pour leur dire la valeur si importante des témoignages et pour engager le débat. Parce qu'eux aussi ont des choses à dire.
Pour eux, le visage de la guerre va changer, avec les catastrophes climatiques notamment.
Le regard des jeunes
Les collégiens de 3e de toute la France mais aussi des élèves d'établissements du monde entier votent chaque année pour la photo qui symbolise pour eux le monde d’aujourd’hui. L'opération se fait à partir d’une sélection de photographies sur l’actualité internationale de ces 12 derniers mois réalisée par l'AFP. Un véritable regard croisé.L'image lauréate est dévoilée pendant le festival (le mardi 6 octobre lors de la journée rencontre de l’AFP avec les collégiens du Calvados, NDLR). Ce temps d'échange permet aux élèves d’appréhender la lecture de l’image au côté d’un reporter-photographe.
► Pour en savoir plus sur la parcours et la carrière d'Ed Vulliamy, rendez-vous sur le site officiel du Prix Bayeux.